Mon suivit dans cet établissement, me laissa quand même perplexe.
J'avais le sentiment de n'être qu'un chiffre parmi tant d'autres.Je faisais partie des malades et les professionnelles faisaient partie intégrante de l'autre monde.
Je ressentais souvent un malaise et un faussé considérable.Moi qui étais aide soignante depuis plus d'un an, je me retrouvais soudain de l'autre côté.
Je n'avais qu'une envie, enfiler ma blouse et redevenir celle qui soigne.Au lieu de ça, j'avais l'impression d'être entourée de malades mais d'être si seule en même temps. Les visages tristes, fatigués et les regards vides, me laissaient penser que beaucoup ressentaient certainement la même chose que moi.
Heurtés par ce raz-de-marée, à en perdre haleine. Nous étions des "cancéreux". Ce mot que je trouvais tellement péjoratif dans le vocabulaire médical.
La maladie était honteuse, ou étais ce moi ?
Ça reste un sentiment personnel, mais je ne trouvais que très peu d'empathie.
Quant à mon oncologue, je le considérais comme un dieu vivant.
Et au fil des rendez vous, je trouvais qu'il n'était plus tout à fait à mon écoute.
Son attention se portait sur autre chose, sa secrétaire l'interrompant à plusieurs reprises pour d'autres patients, il s'égarait sans arrêt.Il me faisait répéter sans cesse ma profession, l'historique de mon traitement. Un jour il m'avait même demandait de quel côté j'avais eu un cancer, et si j'avais oui ou non eu un curage axillaire.
Il ne prenait vraisemblablement jamais le temps de lire le dossier en amont pour prendre un peu d'avance.
Au final, j'attendais des heures en salle d'attente, pour être reçue comme une inconnue de plus au bataillon.J'avais parfois envie de lui dire que si ça l'embêtait de me suivre, il ne fallait pas hésiter à me le dire. Je serais repassée plus tard et de préférence jamais.
Mais honnêtement, cela me blessait profondément de ne pas être reconnue comme une personne à part entière, tout comme lui.Quand il venait à me poser une question, il prenait à peine le temps d'en écouter la réponse.
J'avais parfois le sentiment de parler dans le vent.J'étais aussi pressée que lui d'en avoir fini avec nos rendez vous annuels.
Je ne doute pas qu'il devait être débordé, mais j'estime que les patients ne doivent pas en être des victimes collatérales.
J'en arrivais parfois à me demander, s'il se préoccupait véritablement de la patiente que j'étais.
En tout cas, il n'en donnait que très peu l'impression.Ceux que je trouvais cependant les plus humains et à l'écoute, étaient en l'occurrence les ambulanciers, taxi-vsl.
Ils faisaient toujours preuve de patience et de gentillesse envers les malades que j'ai pu croiser.
J'avais moi aussi trouvé une équipe qui me transportait, en prenant soin de moi autant que c'était possible.Des personnes qui n'étaient pas imbues d'elles-mêmes, et surtout disponibles et humaines.
Pour ma rechute, nous avions pris la décision avec mon homme, que je serai suivie dans un autre établissement et par un autre oncologue. Qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir enfin, une prise en charge attentionnée que j'espérais tant et où je ne croisais pas sans cesse des soignants inaccessibles et froids.
Quant à mon oncologue, c'était la gentillesse et la bonne humeur incarnées.
Mais ça, ce n'était pas pour tout de suite.
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Entre Deux Rives
RandomPlonger dans une histoire, où les rires se mêlent aux larmes. Où la force de vie prend toujours le dessus. Entre deux racines, deux rives. La construction d'un petit bout de femme, avec ses blessures mais surtout sa force... Née le 06 Février 1990...