"Je faisais juste un appel à l'aide. Je voulais seulement que quelqu'un me vienne en aide parce que, oui, je me sens seule. Oui, je suis seule face au monde. Oui, je me sens à chaque instant de ma vie piétinée par les autres. Oui, je me sentais livr...
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Sam Smith- Fire on Fire (From "Watership Down")
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Je refermai la porte derrière moi, lançai mon sac dans un coin de ma chambre et passa rapidement mes mains dans mes cheveux blonds. J'avais passé une journée fatigante et tout ce que je voulais c'était me coucher, mais je ne pouvais pas. Grand-mère devait rentrer le lendemain à l'hôpital. Depuis le départ de mon père, ça allait être la première fois que Grand-mère et moi allions être séparés plus d'un jour, et je n'étais pas rassuré. Je savais qu'elle allait être entre de bonnes mains, mais je ne pouvais m'empêcher de penser au pire. Je tenais à elle de tout mon cœur, elle était comme la mère que je n'ai pas eue, et je comptais sur elle. Ne pas la savoir à mes côtés durant deux semaines m'angoissait au plus haut point.
Je descendis les escaliers et allai dans sa chambre pour préparer sa valise. J'attrapai des robes, par-ci, par-là, des chemises de nuit et pris le nécessaire afin qu'elle ne s'ennuie pas là-bas, n'oubliant pas son livre préféré, Of Mice and Men de John Steinbeck. Elle adorait ce livre, et ne se lassait pas de le lire.
« ---Je n'avais jamais compris ce qu'elle appréciait dans une histoire où un homme et ses amis cherchaient un endroit qu'il pourrait appeler le leur. Je n'aimais pas ce livre.
---Pourquoi Dan ? L'histoire est intéressante pourtant.
---Je pense que je ne l'ai jamais aimé parce qu'il me ressemblait beaucoup trop. Je cherchais ma place sur Terre et lorsque je l'ai lu, j'avais l'impression que l'auteur me parlait et savait ce que je voulais. J'ai lu les premières pages du livre, et je l'ai redonné à ma grand-mère. Je me souviens que je lui ai menti. Je lui ai dit que je l'adorais, je lui ai dit que j'aimais cette histoire et les personnages, Cleo. J'ai menti. Je le haïssais. »
Je pris ses affaires et les mis dans son sac. Avant de fermer la porte, je jetai un dernier coup d'œil derrière moi. Chaque objet était toujours rangé à sa place, ses livres toujours ordonnés dans sa bibliothèque, ses draps toujours bien faits, les cadres toujours posés à chaque recoin de la pièce. Sa chambre avait toujours son odeur et sa douce présence, pourtant elle n'était plus là. Chaque chose, chaque objet, chaque être avait son empreinte marquée dans leur existence. Grand-mère avait habité et animé chaque parcelle de ce monde. Elle pouvait disparaître, et sa présence serait encore partout où elle a vécu, sur chaque objet qu'elle a touché, dans tous les cœurs qui l'ont connu. La maison était remplie et pourtant vide. Seulement, j'avais beau me raisonner en me disant qu'elle vivrait dans mon cœur, je ne la voulais pas dans mon cœur. Je la voulais en face de moi, en pleine forme, prête à rigoler comme à son habitude. Aller la voir à l'hôpital me tuait parce qu'il me rappelait que les temps étaient comptés, qu'elle ne vivrait pas éternellement, et me voilà, parlant comme si elle n'était déjà plus de notre monde.
