t r o i s

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« Mon pauvre amour,

Dois-je t'appeler encore « mon amour » alors qu'il n'y a que moi qui t'aime encore ? Peut-être devrais-je t'appeler « mon amour perdu » ? Je trouve « mon pauvre amour » plus romantique. J'aime ce qui est romantique alors que toi tu détestais cela.

Depuis quelques jours, j'arrive à ne plus idéaliser notre relation.

Tu n'aimais pas les câlins alors que j'en avais besoin. Tu ne me donnais pas assez d'affection alors que j'en avais besoin. Tu étais lâche. Oui, très lâche, mon amour.

Devrais-je te rappeler comment tu m'as quittée ?

Un jour, tu n'es jamais revenue à la maison. Je t'ai attendu pendant trois jours mais je n'osais pas appeler la police car j'appris très vite que tu étais chez une amie. Au bout de ces trois jours, j'ai reçu un message de ta part.

« Je suis désolée, nous devons mettre un terme à notre relation. Tu peux m'appeler si tu veux. Je n'ai pas le courage de te le dire en face, excuse-moi. »

Je ne t'ai jamais pardonnée. Aujourd'hui encore. Je te hais et pourtant je t'aime. Mon amour, ô mon bel amour, reviendrais-tu vers moi de nouveau ? Je suis encore folle de toi.

Tous les jours, je mets une « story » sur mon compte instagram. Les créateurs ont eu la bêtise de permettre aux gens de savoir qui les regardait. Chaque jour, je voyais que tu les regardais. Pourtant, tu ne répondais pas à mes messages que je t'envoyais au moins tous les trois jours. C'était une véritable torture que je m'infligeais à moi-même.

Et puis, au bout de quelques semaines, tu as effacé nos photos sur ton compte. J'ai été la seule à les garder dans un dossier qui s'appelait « interdit » sur une clé USB. Malgré le danger, il m'arrivait de les regarder. Enfin, il y a trois jours, avant de t'écrire cette lettre, je les ai effacés. Depuis le temps, je réalise finalement que tu dois sortir de ma vie. Il était temps, n'est-ce pas ?

Au fur et à mesure que je t'écris, j'arrive à m'imaginer ma vie sans toi. Mon cœur est toujours blessé mais la plaie est en train de cicatriser. Je ne me réveille plus en pleurs. Je mange de nouveau, petit à petit. Le temps fait son travail et je l'accompagne pour guérir. Mon amour, je vais vivre sans toi. Mais, aujourd'hui, c'est encore trop tôt.

En écrivant cette lettre, je me souviens de tes longs cheveux châtains. Ton sourcil gauche qui se levait comme si tu savais que tu étais une reine. Lorsque tu parlais, tout le monde t'écoutait. J'étais si fière que tu sois ma petite amie.

« Hé, vous savez quoi ? Bae Joohyun est ma petite amie ! »

Je voulais le crier sur les toits de Séoul, que tout le monde sache que je sortais avec la fille la plus charismatique de la ville.

Nous habitions dans une petite banlieue à l'Est de Séoul. Nous étions à trente minutes de la capitale. Je travaillais dans un café là-bas pendant que toi, tu continuais tes études dans le commerce grâce à l'aide de tes parents. Tu as de la chance, moi, je suis obligée de travailler pour pouvoir financer mes études. Chaque mois, je me serrais la ceinture pour mettre assez d'argent de côté. Cela fait trois ans que je travaille. Enfin, que je travaillais. Par chance, mon employeur ne m'a pas mise à la porte. Une jeune femme me remplace le temps de mon absence. La pauvre, elle doit espérer que je ne revienne jamais.

Mon amour, je me souviens de ton intelligence légendaire. Tu réussissais à merveille tes études et je suppose que c'est toujours le cas. Du temps où nous étions ensemble, tes parents étaient aussi fiers de toi que je l'étais.

« Regardez notre fille, elle va devenir la femme la plus douée en commerce de Corée du Sud ! Bientôt, elle fera des affaires avec les autres pays. »

De plus, tu es douée en langues. Tu parles l'anglais, le mandarin et le japonais comme si c'était tes langues maternelles. Comment ne pas avoir des étoiles dans les yeux quand on parle de toi ?

Je t'aimais – ou je t'aime encore – pour ton charisme, ta beauté, ton intelligence. Et tout ce qui faisait de toi celle que tu étais. Tu es merveille, Bae Joohyun.

Je t'appelais souvent par ton nom complet lorsque je voulais te parler de choses sérieuses. Et tu me regardais avec ton éternel sourcil relevé. Tu écoutais ce que je disais sans jamais me répondre. Tu étais douée pour changer de sujet de par ton intelligence.

Je me souviens, tu me disais souvent que l'intelligence ce n'est pas qu'un QI élevé. Tu m'assurais que j'étais également intelligente même si je ne pouvais pas te croire. Parfois, je me sentais inférieure à toi, à cause de cela. Pourtant, tu ne me regardais jamais de haut. Nous jouions ensemble à tes jeux de réflexion comme les petites voitures qu'il fallait sortir d'un labyrinthe. Et j'y arrivais – peut-être par miracle – même si tu pouvais aller aux niveaux supérieurs. Tu me répétais : « mais tu vois que tu es douée » et je n'y croyais pas.

Qu'étais-je sans toi ? Tu m'apprenais tant de choses. T'ai-je appris quelque chose ? T'ai été utile, ne serait-ce qu'un petit peu, mon amour ?

Tu étais tout pour moi. Qu'étais-je pour toi ?

Mon amour, je ne peux pas avancer sans toi, malgré ce que j'ai pu dire plus tôt. »

𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘, weƞɾeƞeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant