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« Petit ange,

Je suis allée au supermarché où nous avions l'habitude d'aller. J'ai marché dans les rayons où nous avons cherché les produits dont nous avions besoin au quotidien. Je dois t'avouer que nos petits moments me manquent. Lorsque je suis passée devant les glaces, mon cœur s'est resserré sans que je sache pourquoi. A ce moment-là, je pouvais revoir ton sourire s'inscrire sur ton visage à l'idée d'en déguster une.

Je me souviens de tes goûts, tu adorais la vanille. Dans mon placard, j'ai toujours tes céréales préférées. Je ne sais pas pour quelle raison j'ai commencé à en manger tous les matins. Qu'est-ce qui m'a poussée à prendre dans notre boulangerie des éclairs au thé matcha alors que je n'aimais pas cela ? Tes goûts sont devenus les miens sans que je m'en rende compte.

Tu as marqué ma vie bien plus que ce que je pouvais laisser croire. Je me surprends en train de repenser à nos moments de partage alors que mes pensées s'évadent. Ma playlist n'as pas changé, mes habitudes sont restées les mêmes, il n'y a que toi qui n'est plus dans ma vie.

Parfois, je me demande si je n'aurais pas mieux fait de quitter la ville. En même temps, je me disais que ce n'était pas à moi d'effacer notre vie commune. C'est moi qui suis partie, c'est moi qui t'ai brisé le cœur et non l'inverse. Alors pourquoi mon cœur se sert lorsque je pense à toi ? Peut-être parce que je me rappelle que je t'ai fait du mal. Tu ne méritais pas de souffrir et j'ai fait de mon mieux pour que tu puisses m'oublier. Seulement c'est moi qui n'arrive pas à passer à autre chose.

Penses-tu à moi, de temps en temps ? M'aimes-tu encore, petit ange ? Je n'arrive pas à m'empêcher de l'espérer. Mon comportement est un peu paradoxal, n'est-ce pas ? Finalement, n'est-ce pas moi qui souffre le plus dans toute cette histoire ?

Je mérite peut-être d'être blessé après ce que je t'ai fait endurer. C'est une punition du ciel. Pourtant, je n'ai pas pu répondre à tes messages. J'ai bien essayé mais les mots me manquent. Comment dois-je te parler ? Froidement ? Amicalement ? Formellement ? Je me suis même demandé si je n'allais pas te vouvoyer. C'est idiot, pas vrai ? Que je peux être bête, parfois, malgré mon « haut potentiel ». Je n'arrive pas à expliquer ce qui m'arrive, petit ange.

A force de vivre ensemble, on peut commencer à détester cette personne. Ses habitudes nous dérangent, ses comportements face à une situation donnée nous déplaisent. J'avais du mal à supporter tes mimiques, ton enthousiasme me fatiguait. Je suis un peu dépressive, je crois.

Je n'ai jamais voulu aller mieux comme si je me plaisais dans ma mélancolie. Mon « haut potentiel » me rendait triste, toujours un peu plus. Il se passe trop de choses dans ma tête, je réfléchis trop vite et je n'arrive même plus à suivre mon esprit. Tu étais ma thérapie, je ne me perdais plus dans mes pensées lorsque tu étais à mes côtés. Grâce à toi, je pouvais m'ancrer dans le moment présent et profiter de « l'ici et maintenant ».

Je suis contente d'avoir profité de chaque instant avec toi.

Tu te souviens lorsque nous avions été au parc d'attractions. Tu hurlais dans les manèges en riant, je me demandais si tu aimais cela ou pas. Tu mangeais de la barbe à papa en t'en mettant partout. Tu me disais : « allons ici encore une fois ! ».

Nous aimions veiller devant des émissions sur des crimes. Je ne sais pas pourquoi nous aimions tant cela. Je trouvais ces meurtriers terriblement intéressants pour réussir à fuir ainsi et je sais que toi aussi. Tu étais allongée contre moi et nous ne disions rien, le silence était paisible et nous passions un bon moment sans dire un mot.

Nos soirées au karaoké avec ta voix de cristal, j'avais presque honte de mes performances vocales. Petit ange, tu étais douée dans tellement de domaines.

Les histoires que tu écrivais étaient très bien construites. J'écrivais également mais avec le temps je n'y trouvais plus d'intérêt. Je préférais de loin lire tes récits. Tu avais toujours de très bonnes idées et une certaine élégance dans ta façon de poser les mots sur le papier.

Vers la fin de notre relation, tout avait basculé, nous ne sortions plus. Enfermées dans notre appartement tel une prison, je jouais à des jeux vidéo durant tous nos week-ends. Cependant, toi, tu n'aimais pas cela. Je faisais toujours des choses qui ne te plaisaient pas pour m'isoler, m'éloigner de toi.

Nous nous essoufflions à courir après nos désirs mutuelles. Pourtant, j'avais toujours envie de te faire l'amour, mais c'était différent. Il n'y avait plus cette petite étincelle qui se promenait de notre poitrine jusqu'à notre bas-ventre. L'électricité faisait un court circuit et la lumière se coupait. Nous n'avions que nos lampes torches pour nous éclairer. Je ne te voyais plus clairement, il n'y avait que l'ombre de ta silhouette. J'ai essayé, tu sais, de remettre en route le compteur mais même un électricien ne pouvait rien y faire.

Je suis désolée, petite ange, de ne plus t'aimer.

Pourquoi nos sentiments, aussi puissants soient-ils au début, se fanent ainsi ? Mon amour pour toi était une fleur magnifique mais qui a fini par faner à l'approche de l'hiver. J'étais gelée par un froid sec qui a détruit notre idylle. Pourtant, nous nous étions dites « pour toujours » mais cela s'est terminé à « plus jamais ». Je voulais conserver ces sentiments, mais, petit ange, je n'ai pas réussi.

Pardonne-moi, et ne pleure plus pour moi. » 

𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘, weƞɾeƞeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant