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« Mon pauvre amour,

J'ai le cœur déchiré en écrivant ces quelques mots. Ma journée s'est très mal passée et j'ai, malheureusement, pensé à toi. Non, à nous. Je dois t'avouer, j'ai pleuré, cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Mais pas à cause de toi, c'était différent. J'ai fait quelque chose de mal et je m'en veux terriblement. J'ai fait du mal à plusieurs personnes sans le vouloir.

Crois-tu que c'est pécher de faire du mal sans le vouloir ? Est-ce que le karma va s'abattre sur moi une nouvelle fois ? C'est peut-être pour cette raison que mes trains ont été supprimés et que j'ai oublié mon portefeuille ainsi que mon portable. Qui sait ?

Je me souviens que tu étais très cartésienne, tu ne croyais en rien si ce n'est en la science. De mon côté, je crois à tout. Je me souviens de ce que ma mère m'avait dit quand j'étais petite :

« Seungwan, je veux que tu sois quelqu'un qui soit capable de croire. C'est facile de douter, tout le monde peut le faire. Mais si tu crois alors tu pourras aider beaucoup de personnes.

- Mais, maman, pourquoi tu pleures ? »

Je ne me rappelle plus de ce qui s'est passé ensuite mais c'était une discussion très triste. Depuis, je m'efforce de croire même si je ne crois pas en moi. Pas encore, mais j'espère bientôt en tout cas.

Comment faisais-tu, mon amour, pour avoir tant confiance en toi ? Etait-ce un masque ? Je ne te connaissais peut-être pas aussi bien que ce que je pensais.

Peu importe là où tu es et avec qui tu es, j'espère que tu vas bien. Tu me connais, je dis cela sincèrement. En fait, j'ignore où tu es et ce que tu fais. Parfois, je me pose la question : « qu'est-ce que tu es devenue ? » mais je n'aurai jamais la réponse. Même si je souhaiterais le contraire, bien entendu.

Il m'arrive de me demander à quoi ressemble ta vie, dans ton corps, dans ta tête. Est-ce idiot de ma part ?

Tu sais, j'envie la personne qui te tient la main. Celle qui te couvre de baisers et qui dévore ta peau comme je le faisais. Je ... Le ... Faisais ... Au passé, en effet. Je n'ai plus jamais touché une enveloppe corporelle comme je le faisais avec toi. Je n'ai plus jamais pressé mes lèvres avec fougue comme je le faisais avec toi.

Plus rien n'est possible si ce n'est pas avec toi. J'ai l'impression que sans toi, je ne suis rien d'autre que le néant. Il m'embrasse dans ses abysses pour mieux me détruire si bien qu'il ne me reste rien, pas même mes cendres. J'ai le sentiment de tomber dans un trou sans fond, une chute infinie mais qui fait peur, terriblement peur. J'ai peur, sans toi et je le répèterai autant de fois qu'il le faudra.

Chaque matin, je rêve de me réveiller à tes côtés.

« Non, ce n'étais qu'un cauchemar, tout va bien, mon ange. » dirais-tu.

Mais chaque matin, je me réveille seule dans mes draps froids. J'ai froid, sans toi pour me réchauffer. Le soleil me donne froid, la pluie me gèle, la neige me tue.

Est-ce que si je me retourne, je tomberais sur ta silhouette ? Vas-tu me sourire comme si de rien était. C'est ma peur qui a pris le dessus, rien de tout cela n'est réel. Mon angoisse a eu raison de moi. Peut-être que c'est cette phobie qui t'a fait fuir. Peut-être que tout est de ma faute. Je n'ai pas été à la hauteur, j'aurais pu te garder si je m'étais mieux comportée. Ai-je raison, mon amour ? Dis-moi la vérité, s'il te plaît.

J'ai toujours eu l'impression de tout faire de travers.

« De toute façon, je suis nulle ... »

Ma psychologue m'a dit une fois que je faisais toutes ces erreurs pour me confirmer qu'effectivement, j'étais nulle. Et que, bien-sûr, ce n'était pas le cas. Je ne sais pas si ce qu'elle dit est vrai, mais cette réflexion m'a beaucoup perturbée. Et si c'était vrai ?

D'un côté, je sais que je suis douée pour certaines choses. Mais devant les autres personnes je perds tous mes moyens. Et face aux noirceurs qui sont à l'intérieur de moi, je doute tellement de moi. Pour faire simple : j'ai de l'estime pour moi mais un cruel manque de confiance en moi. Cela peut paraître paradoxal mais c'est la vérité.

A mes rendez-vous, il est trop tôt pour travailler dessus. Le plus urgent est de travailler sur la question : « pourquoi ai-je tant de mal à t'oublier ? ». Nous avons fini par trouver la réponse mais entre le savoir et le digérer pour passer à autre chose il y a une grande différence.

Je suis une véritable névrosée complètement détraquée. La raison pour laquelle tu me fais si mal c'est que j'ai déjà perdu un être cher. Mais je ne veux pas souffrir éternellement. Je dois m'en sortir de toute façon je n'ai pas le choix. On dit que le temps guérit les blessures mais le temps passe mais pas la douleur.

D'un autre côté, je ne veux pas que tu disparaisses de mes pensées. Cela voudrait dire que notre rupture est réelle et que tu ne seras plus jamais là. Alors, je préfère souffrir et fantasmer que tu reviennes même si ce ne sera jamais le cas.

Reviens, mon amour. Je ne peux plus respirer sans toi, mon oxygène. »

𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘, weƞɾeƞeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant