q u a t o r z e

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« Petit ange,

Ceci sera la dernière lettre. Je n'ai pas la force d'aller plus loin, c'est trop difficile pour moi. C'est idiot parce que tu es celle qui souffre le plus. Mais je ne comprends pas ce qui ne va pas avec moi, plus je t'écris plus mon cœur me fait mal. Mon muscle vitale se serre jusqu'à m'oppresser la poitrine et m'étouffer.

Je me suis mise à regarder de nouveau tes photos sur les réseaux sociaux. Je regarde ce que tu deviens mais je ne peux toujours me résoudre à répondre aux messages que tu m'as envoyés. Je ne tourne pas rond, qu'est-ce qui m'arrive ?

Et puis, cette nuit, j'ai eu le déclic. Un rêve qui me hante l'esprit depuis ce matin s'est imposé à moi. Comment passer outre, dis-moi ?

Tu étais seule, dans un désert en train de marcher vers l'inconnu. Soudain, tu as rencontré le petit prince accompagné par son ami le renard. Vous avez longuement discuté ; il t'a parlé d'une rose, d'un mouton, de planètes et d'autres choses encore. Tu l'écoutais avec attention.

A la fin de la discussion, tu es partie sur un bateau pour y trouver le célèbre Miyazaki. Il t'a parlé de la marée et de la lune pour embrasser l'univers. Tu as beaucoup pleuré suite à cet échange.

Tu as plongé dans la mer pour arriver dans une cuisine dans laquelle tu cuisinais. Tu étais là, je te voyais de dos en train de t'affairer. Puis, je me vis avancer vers toi, j'entendais le bruit de cœur qui battait un peu plus fort chaque fois que je faisais un pas vers toi. Tu chantais mais impossible de savoir de qui il s'agissait. Je me vois lever mes doigts pour les poser sur tes épaules. Sans que je sache pourquoi, je te pris par la taille pour te serrer dans mes bras. Je pouvais t'entendre sourire.

A peine eussé-je le temps de sentir le contact entre nos deux corps que tu me dis : « c'est trop tard, Joohyun ... » et tu disparaissais en ne me laissant que ton parfum fané en souvenir.

Lorsque je me suis réveillée, des larmes noyaient mes draps.

Je me suis levée pour me doucher et me remettre les idées en place. L'eau brûlait ma peau et je m'empressai de baisser la température. Le doux parfum fleur de cerisiers chatouillait mes narines et je m'offris des caresses en faisant glisser le gel douche sur mon épiderme.

Ensuite, je me sentis mieux jusqu'à ce que j'arrive dans ma cuisine. Là les images prirent place dans mon esprit. Ta silhouette se dessinant devant le plan de travail, la mienne qui s'approche doucement de toi.

Finalement, je n'ai pas pu manger ce matin et je pris la fuite vers le parc. Je me suis mise à marcher toute la matinée jusqu'au midi où je m'offris un sandwich que l'on peut manger sur place. Je regardais autour de moi et j'avais l'impression de voir des couples partout où mes yeux se posaient, c'était terrible.

L'après-midi, j'ai pris le métro jusqu'à l'appartement d'un ami. On a discuté de nos études, de notre quotidien mais je ne voulais surtout pas parler de toi. J'étais là pour me changer les idées. Le soir, on est allé au bowling et on a mangé ensemble dans un bar à crêpes. C'était vraiment sympa et j'ai pu penser à autre chose que ton fantôme.

Depuis que je suis rentrée, je ne fais que te voir partout où je pose mes yeux. Je vois flou, avec toi, mais surtout sans toi.

Seunghwan, je dois t'avouer quelque chose : j'ai envie de te revoir. Je suis irrécupérable et toi tu es, désormais, inatteignable. C'est l'hôpital qui se vous de la charité, je sais. C'est moi qui suis partie et c'est moi qui veux revenir. Quelle hypocrisie ! Je me dégoûte, en ce moment même.

Je te veux contre moi, ton corps enlacé au mien. Je veux laisser mes lèvres courir sur ta peau nue. Je veux t'emmener à l'autre bout du monde vers une destination incertaine. Mais, promis, elle t'amènera à la jouissance la plus intense. Ton souffle qui s'échoue sur mon épiderme et tes gémissements qui font écho dans la chambre à la lumière tamisée. T'ouvrir les portes du plaisir et de la luxure jusqu'à ce que ta respiration soit saccadée. Mon ange, crie mon nom.

Laisse-toi aller dans mes bras, laisse-moi t'offrir le meilleur et le pire, laisse-nous l'occasion de nous unir.

Je ne fuirai plus, je te promets. Une énième promesse qui se fanera dans tes oreilles mais je ne la laisserai pas devenir écume. Je veux juste poser mes lèvres sur les tiennes et te sentir en moi pour toujours.

Il faut que je t'avoue quelque chose. Ce matin, j'ai compris. Seunghwan, pardonne-moi. Mais je t'aime encore.

Finalement, c'est moi vais souffrir le plus dans toute cette histoire. Cependant, le temps a fait son choix : il est trop tard pour nous sauver.

Oublie-moi, mon amour. Je dois partir maintenant, nos destins ne font plus un, ils ne font plus trois, ils font deux. Toi et moi ; toi sans moi.

Adieu.

Bae Joohyun »

𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘, weƞɾeƞeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant