d o u z e

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« Petit ange,

Hier, je n'avais pas le cœur de t'écrire. Beaucoup de choses m'ont bouleversé, je n'allais pas m'infliger une autre douleur.

D'ailleurs, j'ai beaucoup réfléchi et, finalement, je vais t'envoyer ces lettres. Je ne vais plus fuir, je vais prendre mes responsabilités en main. Mais il faut que tu saches que ce sera la dernière fois que tu entendras parler de moi. J'espère que ces lettres te feront du bien, ainsi, je souhaite apaiser ton cœur pour que tu puisses passer à autre chose. Je ne peux pas te voir en face mais c'est de cette façon que je vais te dire « au revoir ». Je te réponds comme je peux, je serais incapable de voir tes larmes. Déjà les entendre était difficile ....

Aujourd'hui, je me suis rendue compte que c'était moi que je voulais apaiser par ces courriers. C'est moi qui ai besoin de passer à autre chose.

Qu'est-ce que tu imagines ? Je suis curieuse. Penses-tu que je suis en couple avec une autre personne ? Penses-tu que je suis heureuse sans toi ? Non, bien-sûr que non. Je ne souffre pas autant que toi, pourtant, lorsque je lisais tes messages de désespoir, il m'arrivait de verser une larme qui me brulait le visage.

Tu te souviens de cette fille qui était jalouse de toi parce qu'elle me désirait ? Je n'ai jamais pu supporter ses sentiments pour elle parce que c'est toi que j'aimais. Toutes ces filles qui me tournaient autour parce que j'ai du charisme ... Je t'avais dit qu'il y avait même eu deux personnes qui avaient demandé de coucher avec moi alors que nous étions déjà ensemble. Evidemment, tu avais été très en colère mais je préférais être transparente avec toi.

Je n'ai jamais compris ce qu'on me trouvait, toutes ces fois où on a voulu m'aimer, coucher avec moi. On m'a dit que j'avais du charisme, est-ce que cela fait tout ?

Tu disais que c'était un privilège de sortir avec moi et que tu en étais fière. Tu me racontais que tu n'arrivais pas à y croire surtout que j'étais ton premier amour. Tu me disais que tu aimais les filles comme moi, intelligente et avec un beau visage. Moi, je ne me sentais pas non plus à ta hauteur et je remerciais le ciel de m'avoir donné ton amour. Nous étions toutes les deux reconnaissante de sortir avec l'autre. C'est drôle, n'est-ce pas ?

Je ne te méritais pas, je continue de le penser. Tu es si précieuse, petit ange. Comment pourrais-tu le comprendre ?

Je me souviens que tu avais toujours peur d'être idiote. J'avais beau te dire le contraire, tu n'y croyais pas et ce manque de confiance en toi, je dois te l'avouer, m'agaçait un peu ... Dans le dernier mois, alors que mes sentiments disparaissaient, je perdais patience mais je ne te le montrais jamais. A aucun moment je voulais te blesser, tu sais. Mais on ne contrôle pas ce qui se passe dans notre esprit, comme je te le disais. Même les « hauts potentiels » en sont incapables, je te l'ai déjà expliqué et c'est terriblement frustrant. Je voulais toujours tout contrôler au point que perdre mon amour pour toi me fait peur. Tu vois, on avait chacune nos peurs, je ne suis pas invincible alors cesse de m'idéaliser, petit ange.

En fait, lorsque mes sentiments s'éteignaient peu à peu, j'étais vraiment très effrayée. Je glissais vers une direction qui m'était inconnue, je m'éloignais de toi et de ce que je désirais. J'aurais tellement voulu t'aimer pour l'éternité mais je n'ai pas pu, et ce, malgré moi.

Dehors, il fait froid, je pense que la neige ne va pas tarder à tomber. Tu te souviens de nos batailles de boules de neige ? Tu n'aimais pas être gelée mais tu aimais jouer. Tout était si beau lorsque j'étais amoureuse de toi. La neige devenait romantique – même si je n'aimais pas ça – et c'était la même chose pour tout ce que nous vivions ensemble.

Ce qui est embêtant lorsqu'on est en couple, c'est qu'on dépense à chaque fois plus d'argent : les sorties, les cadeaux. Au moins, nous ne fêtions pas la Saint Valentin.

Dans nos premiers mois, on pouvait passer des heures l'une dans le bras de l'autre. C'était très confortable de sentir ta tête sur la poitrine ; sentir l'odeur de ton shampoing. Avec le temps, je m'en suis lassé et je crois que cela t'a fait de la peine. Je n'étais pas à la hauteur de tes espérances, encore une fois. J'étais pourtant folle de toi, mais je voulais évoluer vers quelque chose de plus mature. J'avais mon propre fonctionnement et tu avais le tien.

Là où tout avait basculé – et je pense que tu l'as senti et commencé à avoir réellement peur – c'était ce jour-là. Tu voulais prendre ta douche avec moi et j'avais catégoriquement refusé. J'avais peur de ta réaction alors j'ai fait semblent de dormir pendant au moins vingt minutes. Mon petit manège n'était absolument pas crédible mais nous avions fait semblant d'y croire. Nous nous étions mises d'accord dans le silence : ignorer l'extinction de mes sentiments.

Cependant, il y a eu un moment où j'ai compris, je ne pouvais plus jouer la comédie. J'avais atteint ma limite et je me suis dit que pour notre bien il fallait y mettre fin. Tu voulais continuer à ignorer la disparition de mon amour pour toi alors que moi, j'allais faire ma dernière révérence. Le rideau était tombé et je ne pouvais plus faire marche arrière.

C'était le 30 avril 2019 – dans l'après-midi. Dehors, le soleil brillant avec son éternel sourire, presque moqueur. J'avais quitté la maison depuis près d'une semaine, sans nouvelles. Le ciel refusait de partager tes larmes et il narguait notre triste destin.

C'est un jour qui est encore gravé dans ma mémoire et je ne peux plus le supporter.

Je dois t'avouer quelque chose : notre bonheur me manque. »

𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘, weƞɾeƞeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant