Chapitre 12 : Nicolas : désespoir partie 2

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Nicolas avait envie de voir Elle se rétablir mais celle ci s'était renfermée dans son monde. Il avait dû reprendre son travail mais était constamment préoccupé par cette jeune fille, qui avait fini par partir dans un centre de repos. Sa mère, Elise, allait la voir régulièrement et tenait son fils informé de son état mais cela ne le rassurait pas.
Cela faisait un peu plus d'un mois et demi qu'il avait rencontré Lilou et Minette à cet endroit car sans s'en rendre compte il était retourné au routier où il n'était pas allé depuis. De retrouver des collègues d'autres boîtes lui fit du bien et Eliane bien que surprise de le revoir, se reprit et lui amena la carte et un martini blanc : elle savait qu'il aimait cela comme apéro et secrètement elle espérait qu'il lui demanderait de l'accompagner. Elle avait remarqué sa tristesse et se promit de lui rendre le sourire. Elle l'aimait et envisageait de faire le nécessaire pour qu'il la remarque à nouveau. Cela faisait cinq ans qu'ils se connaissaient et elle avait flashé sur lui. Il était dans la lune, discret, gentil, correct, discutait avec elle de tout et de rien. Il lui avait juste dit qu'il aimerait qu'ils se fassent un weekend à la mer ou la montagne il y avait plus de six mois de cela... Eliane attendait qu'il se décide à fixer une date afin qu'elle puisse prévoir de prendre des congés. Plaisante à regarder, toujours souriante, sachant remettre à sa place gentiment les mecs qui l'importunaient. Seuls les routiers avaient sa préférence, elle les connaissait tous, avait appris à les connaître et leurs demandait des nouvelles de leurs familles, savait trouver les mots pour parler avec certains qui ne rentraient que tous les quinze jours dans leurs familles.
Nicolas savait très bien ce que voulait Eliane, il n'était pas dupe et savait qu'elle espérait beaucoup de lui. S'il n'avait pas rencontré Minette il serait avec Eliane. Il s'était décidé pesant le pour et le contre à vivre avec cette jeune femme mais il attendait toujours quoi ? Il n'en savait rien. Aussi, il se sentait obligé de venir dans ce routier pour voir ses potes et surtout lui faire comprendre qu'il ne voulait pas qu'elle l'attende car il avait rencontré quelqu'un et étant réglo il ne souhaitait pas qu'elle se fasse des illusions sur lui...
Après avoir bu son café suivant son habitude il lui avait fait signe et elle était venue s'asseoir. Il voyait bien au fur et à mesure qu'il lui parlait que son visage se décomposait mais il était ferme et correct et lui avouait ne pas vouloir lui faire trop de peine, et qu'il s'était arrêté à ce resto juste pour lui parler...

Quelques jours, puis semaines et mois passèrent Nicolas commençait à se faire du souci de voir que l'état de Minette était toujours le même. Il avait acheté un nouveau portable, il avait fait tomber et casser le sien et l'appelait. Au début ce n'était pas la jeune fille qui décrochait mais maintenant oui. Il savait qu'elle écoutait ce qu'il lui disait :

"- ma puce ? Coucou, c'est Nicolas, je voulais te dire bonjour avant de continuer ma route. Comment vas tu aujourd'hui ?
- ...
Il entendait le souffle de Minette mais savait qu'elle l'entendait. Il était toujours dans l'attente qu'Elle lui réponde mais il espérait secrétement qu'elle lui parle... mais qu'elle décroche lui faisait plaisir. Même si aucun son ne sortait il l'entendait respirer.
Nicolas passait tous ces week-ends auprès de cette jeune femme dont il était éperdument amoureux.. parfois s'il arrivait qu'il soit sur la région il allait rejoindre Minette, parfois achetait une pizza ou s'il le pouvait, passait au Macdo au début elle ne le regardait pas. Enfin, un jour il la vit saliver et pour lui ce fut une victoire : il lui donnait une part et elle avait l'air de se régaler. Minette ne souriait pas mais semblait apprécier ce frugal repas. Pour lui, c'était sa façon de la faire renaître à la vie. Il lui arrivait d'avoir envie de la secouer pour l'entendre parler, rire, même pleurer, mais de la voir triste, lui faisait de la peine : son amour pour elle grandissait. Il ne savait pas trop comment lui dire, avouer les sentiments qu'elle lui inspirait. Il ne voulait pas la brusquer, mais avait envie de lui dire ce qu'il ressentait de la voir dans cet état. Nicolas voyait bien qu'elle l'écoutait malgré tout. Parfois, il lui semblait que les yeux de Minette semblaient moins tristes. Mais était ce une illusion ?
Chaque fois qu'il la regardait il se sentait comme investit d'une mission : de faire renaître à la vie Minette.
Il voulait offrir un avenir à cette jeune femme qui occupait ses pensées, qui pour le moment n'avait pas de passé.
Il avait envie de la prendre dans ses bras, mais il se contentait de s'asseoir près d'elle et de lui parler de ce qu'il faisait la semaine, il lui faisait un compte rendu précis. Tout en évitant de lui parler de l'affaire la concernant.
La famille dans laquelle Minette avait vécu avait été arrêtée et placée en détention provisoire, dans l'attente du jugement pour vol qualifié et enlèvements d'enfants. Mais pas pour mauvais traitements. Les garçons avaient retrouvés leurs familles et étaient "libres" de repartir dans leurs familles pour y vivre.
Cette situation n'était facile pour aucun d'entre eux : faire table rase du passé chez des gens qui les avaient enlevés et élevés alors qu'ils n'étaient que des bébés n'était pas facile.
Seuls les jumeaux semblaient s'en sortir à eux d'eux ils étaient plus forts. Tous étaient liés et très complices et ils avaient décidé de vivre les uns près des autres. Ils ne connaissaient personne, leurs familles de sang ne comptaient pas vraiment, leur famille était celle qu'ils formaient tous ensembles. Fantou, avait rencontré ses parents qui n'avaient jamais perdu espoir de la retrouver : elle était née à Rambouillet, benjamine d'une fraterie de trois soeurs plus âgées. Elle avait été enlevée le temps que sa mère pose le couffin dans la salle d'attente de l'hôpital pour aller à l'accueil donner sa carte vitale. Personne n'avait rien vu elle était âgée de deux mois ! Des recherches avaient été entreprises mais n'avaient rien donné au départ. Mais les parents relançaient toujours les gendarmes pour retrouver leur bébé. Et c'est grâce à la technique de reconnaissance faciale que les gendarmes avaient "vieilli" Mélanie et aux empreintes de quant elle était bébé, quand voulant faire sa carte d'identité que les gendarmes avaient pu la retrouver, de plus elle avait été reconnue par ses parents. Mais Fantou ne pouvait se libérer de ces années passées chez les vieux. Aussi, elle allait voir une fois par mois chez ses parents et eux venaient la voir régulièrement pour qu'ils s'apprivoisent et avancent tous ensembles elle avait appris être née à Rambouillet ses parents habitant Orphin
Donc les vieux avaient habité dans les Yvelines.

Pour la jeune ELLE c'était plus difficile de trouver quelque chose : elle avait été enlevée à quelques semaines.
D'après le peu de souvenirs des garçons elle serait arrivée âgée de quelques jours car Jean-Elie se souvenait que le bébé avait une bande sur le ventre. Etait elle française, étrangère ?
Difficile de retrouver la trace des parents de Minette : aucun signalement pour enlèvement d'enfants n'avait été enregistré par les services de police.

Les "parents" ne parlaient pas, ils ne pouvaient communiquer entre eux. Les chances de retrouver les parents de Elle étaient nulles. Mais Nicolas avait un petit espoir et s'était rapproché de Fantou et ses frères. Il avait également pris contact avec Rémi, l'oncle de Lilou, qui s'était proposé comme   avocat et c'est grâce à lui que les frères connaissaient leurs dates de naissance, prénoms et noms, et avaient pu rencontré chacun leur tour leur famille en compagnie de l'avocat et du détective privé qui travaillait pour lui. Nicolas avait aussi des nouvelles des grands-parents de Lilou avec qui il avait sympathisé.

Nicolas ne savait plus quoi faire, il était toujours triste, sa joie de vivre était comme éteinte il ne vivait que pour aller voir Minette. Il continuait son travail mais ne voulait plus faire de l'international. Il faisait des trajets en national. Sa famille le soutenait, surtout sa mère qui allait souvent voir Minette. Nicolas avait demandé à ce que la jeune femme soit hospitalisée près d'Albi à Valence d'Albi en maison de repos afin de pouvoir aller la voir tous les jours ou presque. Sa mère y allait tous les jours sauf le week-end.
Cela faisait cinq mois et demi qu'ELLE était dans ce centre. Les gendarmes passaient régulièrement au cas où la jeune femme sortirait de son amnésie. Le choc avait été trop dur et elle s'était réfugiée dans un monde ou rien ne pouvait l'atteindre pour ne pas souffrir son cerveau s'était mis 'en mode repos'.

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