Chapitre 11 : Assimilation

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C’était un nouveau monde, un nouveau ciel, une nouvelle terre. Il ne connaissait pas la chaleur de ce soleil, ni les odeurs ni les sons qui lui parvenaient dans le vent. Des gens marchaient autour de lui sans le voir, bavardaient sans un bruit, avançaient sans aucun but. Des visages qu’il ne connaissait pas, ils étaient des milliers, peut-être des millions. Jamais il n’a vu autant de monde dans sa vie même en songe. Dans la foule, un visage l’intrigua. C’était celui d’une femme, elle portait une étrange robe rose et ne semblait pas craindre sa présence tandis qu’elle s’arrêtait en face de lui.

-Toi ? s’étrangla Éloxim, scandalisé.

Éloxim se réveilla en se redressant du premier coup, la mine fatiguée et les yeux enflés par le sommeil. Son mal de tête le fit gronder, le nez plissé et les lèvres retroussées en une grimace de douleur. Qu’est-ce que c’était encore ça ? Un nouveau rêve ? Il en faisait plus souvent ces derniers temps, de vraies plaies ! Le demi-Alshni soupira, il allait se rendormir lorsqu’il senti des bras courir dans son dos. Kéwal embrassa son cou puis posa sa joue sur son épaule. Elle aussi a participé au rêve.

-Quelqu’un que tu connais ? interrogea-t-elle dans un murmure.

-Pas que je sache. J’ai cette impression de l’avoir déjà aperçu mais je ne sais pas où.

Quand l’avait-il vu pour la dernière fois ? Pas au village Inna-Miyadi, il en était certain. Mais où dans ce cas ? Comprenant que ces moments de réflexions allaient lui prendre toute la soirée, Kéwal insista pour qu’ils se rendorment et le garda dans ses bras jusqu’à le sentir sombrer dans les bras de Morphée. Le lit dans lequel ils dormaient n’était pas suffisamment grand pour deux personnes mais ils étaient à leur aise. La maison dans laquelle ils logeaient ne comptait qu’un étage. Ils l’avaient nettoyé la veille et s’étaient installé avant la tombée de la nuit, leurs affaires étaient à présent éparpillés un peu partout.

Kéwal se tint à l’écoute, ne parvenant pas encore à trouver le sommeil. Elle redressa la tête hors des couvertures et toisa le silence, anxieuse. A travers le calme trompeur, elle le sentait, cette impression déroutante d’être observé. Ils étaient au beau milieu de la nuit et pourtant elle savait que quelque chose louche se produisait. « Je me fais sûrement des idées », voulut-elle se rassurer. Il fallait qu’elle en ait le cœur net sinon elle ne dormira jamais. Tandis qu’elle se levait pour s’habiller, une décharge psychique la traversa soudain. Elle s’écroula sur Éloxim, profondément endormie.

A une vingtaine de mètres environ, dans une auberge abandonnée, Élawen s’autorisa à respirer.

-Ce n’est pas passé loin, maugréa-t-il, le regard ardent. C’est pour ça que je déteste les femelles, elles sont beaucoup trop sensibles.

Et dire qu’elle aurait pu le démasquer alors que son frère dormait sans se méfier de rien, les sens de cette jeune fille étaient bien plus acérés qu’il le pensait au départ. Il allait devoir se faire plus discret.

Élawen referma la porte et se concentra sur ce qu’il faisait. Prostré à même le sol dans le rez-de-chaussée se débattait un homme démembré. Ses gémissements étouffés par un tissu attaché autour de la tête, le pauvre bougre le vit revenir et cessa tout mouvement, la peur au ventre. Sauf que le regard du Maître n’était plus sur lui. Sentir les demi-Alshnis s’agiter dans la nuit l’avait distrait, il ne s’avait même plus où il en était de son interrogation.

-Toi, qui a manqué de la tuer hier soir, imagines si elle t’avait vu dans cet état, railla doucement Élawen en baissant les yeux sur lui. Quel bel amateur tu fais !

De la Terre comme au CielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant