Chapitre 3 : Par-delà le désert

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La chaleur est douce. Elle est agréable et canalise un doux frisson d'une tendre passion, celle du foyer chatoyant. Le père sourit. La mère le caresse, l'embrasse et le soutient de tout son amour. Tout le monde est présent. Ils entonnent tous le cantique de prière. Le temple s'élève très haut, si imposant qu'on pourrait le décrire comme une montagne vivante. Les prophètes lèvent les bras. Les flammes l'aveuglent, les cris retentissent, au loin. Ceux de la foule.

Un frémissement fit remuer la tête d'Éloxim, alors profondément endormit contre Kéwal. Et il continua de rêver. Ses ronflements se perdirent avec ceux des autres, seuls Radame et quelques hommes montaient la garde ce soir. Au loin, le croissant des lunes tranchait la nuit de leur clarté.

Ses yeux se perdent dans un nouveau monde où les aurores boréales s'enroulent dans le ciel piqué d'étoiles orange vif. Le sentier le mène sur une plaine de lumière verdoyante où trône une terrasse de cristal. Pourquoi la lune est si sombre ? Pas un bruit ne l'alerte, rien ne devrait normalement l'inquiéter alors qu'elle est cette frayeur qui lui noue le coeur ?

-Où es-tu ?

L'absence de réponse le déstabilise. Il devait retrouver quelqu'un mais cette personne n'est visiblement pas ici non plus. Par manque de temps, il doit vite repartir. C'est par surprise qu'un petit corps se jette contre ses jambes en brayant. Le bambin le couvrit d'un sourire cachotier, le regard espiègle et fier de lui avoir causé tant d'inquiétude. Cet enfant ne doit pas comprendre ce qu'il se passe à l'extérieur du jardin. « Tant mieux ». L'effrayer compliquera davantage la situation, c'est pourquoi il joue le jeu, s'incline pour l'inviter à le suivre.

-Allons-y, Méliériss.

Méliériss ?

Réveillé par de douces caresses, Éloxim ouvrit les yeux. Assise sur son ventre, sa sœur jumelle était penchée sur lui et le fixait intensément. Tranquillement, elle s'amusa à dessiner le contour de ses lèvres avec ses doigts fins qu'il embrassa tendrement. Ils ne se quittèrent pas des yeux. Ils s'analysaient mutuellement, se parlaient, souriaient, se chuchotaient des mots, riaient silencieusement. Ils se complétaient, tout naturellement. Parfois, leur complicité est telle qu'on les croirait amant. Si étrange soit-il, le frère et la soeur partageaient un lien puissant, un lien indestructible, incompréhensible. Mais - et il y a toujours un "mais" - jamais deux instant ne sont identiques, comme jamais ils ne seront identique tels deux miroir entreposés. Si Éloxim est enjoué et impulsif, Kéwal est réfléchi et zélée. Le frère est avide de pouvoir, la soeur canalise son tempérament.

Kéwal fit caresser le bout de son nez contre le sien. Elle connait son rêve, celui que son frère fait si souvent. Aucun d'eux n'a trouvé bizarre qu'il fasse le même rêve depuis toujours. Ce n'était qu'un rêve, rien de plus.

Deux nuits sont passés depuis que le village Inna-Miyadi a été détruit par la tempête. Heureusement, les souterrains n'ont subit aucun dégât. Ils ont ainsi pu récupérer un maximum d'affaires pour pouvoir survivre dans le désert, soit de la nourriture, de l'eau en grande quantité, des draps et des armes, beaucoup d'armes. Radame a insisté pour que son neveu et sa nièce prennent du repos. Il ne désirait pas s'appuyer sur leurs pouvoir surtout après tous les efforts qu'ils ont donnés la première fois.

Aucun monstre ne vint les tourmenter. La traversée se révéla plus facile, sans compter la chaleur étouffante du désert et les rayons cruels du soleil rouge. La difficulté du voyage n'a pourtant pas gêner le rétablissement des demi-Alshnis. Les étoiles brillaient encore lorsque Kéwal a ouvert les yeux. Elle ne se sentait pas bien mais parvenait à garder la conscience éveillée. À son côté dormait profondément Éloxim. Et c'est ainsi qu'ils se retrouvèrent, tandis que le jour pointait à l'horizon.

De la Terre comme au CielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant