Chapitre I

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Angleterre : 1939

La résidence de la famille Lilis, connue pour ses nombreux dîners sous la chaleur de l'été, se situait dans une petite campagne isolée du nord de l'Angleterre. C'était une vieille maison, où la végétation avait élu domicile sur les murs et où jardinière de fleurs et vases remplis régnaient sur les bords de fenêtre.

La famille Lilis se composait des deux parents ainsi que d'une fratrie de cinq enfants :

Jack Lilis, le père, était un charismatique médecin de renom, quant à son épouse, Isabelle, ayant longtemps été infirmière, elle prit sa "retraite" il y a un an pour cause de migraine incessante et douloureuse.

Le premier enfant de la fratrie se prénommait Archie. Beau garçon, la vingtaine, cheveux blonds, la barbe rousse et yeux bleus acier, ce que les filles de la ville aimaient. Il savait que son charme fonctionnait et il en jouait beaucoup, sans toutefois blesser ou détruire car, et c'était ce que sa mère lui avait inculqué, il était respectueux envers les femmes.

La cadette, Madeline, quinze ans, blonde, cheveux bouclés et yeux verts, était ce qu'on appelait vulgairement "une tête". Cette dernière était très studieuse et aimait jouir du fait d'instruire une personne sur un quelconque sujet ou tout simplement, de la ridiculiser lors de débat ou d'une simple faute commise, ce qui avait le don de faire rire son frère.

Les années passèrent et, à la plus grande surprise de la famille, des triplées arrivèrent. C'étaient trois magnifiques petites filles blondes répondant au nom de Rose, Violette et Iris. Bien que correctement éduquées depuis leur premiers mots, et ayant aujourd'hui atteint l'âge de sept ans, ces dernières étaient très virulentes par moment, si bien que les gouvernantes en étaient effrayées.

C'était un beau jour ensoleillé et fort chaud du mois d'août de l'année 1939. La chaleur, ayant envahi la maison, obligeait toutes les personnes présentes à se délecter dans le lac, se trouvant à quelques mètres des bois.

Sur le trajet de leur petit coin de paradis du jour, Archie vit Robbie, fils de paysans et jardinier de la maison. C'était un jeune homme fort beau, brun aux yeux azur et au sourire charmeur. Du même âge que l'aîné de la famille, quoiqu'un peu plus jeune de quelques mois, ils avaient grandi ensemble et avaient fait les quatre cent coups. Ils avaient aussi partagé la même école depuis leur premiers pas jusqu'au départ d'Archie à l'université. Depuis ce jour, leur amitié s'était quelque peu estompée. Robbie, n'ayant malheureusement que très peu de revenu, n'avait pas eu cette chance. Son rêve était de devenir médecin, comme Jack Lilis. Pour l'instant, il devait s'occuper des gauras plantés il y a quelques semaines.

Archie, s'étant arrêté comme pour le regarder, fut sorti de son observation par Rose, qui lui rappela qu'il faisait extrêmement chaud et qu'elle, et ses sœurs, aimeraient bien se baigner. Il acquiesça avant de demander :

- Et si Robbie venait avec nous ?

- Oh oui Robbie ! s'exclama Iris

- Le pauvre a l'air de mourir de chaud, s'empressa de répliquer Violette.

- Je vais le chercher ! déclara Archie tout en se dirigeant vers le jeune homme

Arrivé à sa hauteur, ce dernier, avec un sourire, l'invita comme convenu. D'abord hésitant, Robbie lui répondit :

- Je ne sais pas Archie.

- Mais pourquoi ?

- Votre père me paye pour m'occuper de son jardin et si je manque à ma tâche, j'aurai bien peur d'être renvoyé.

- Et moi je lui expliquerai la situation. Il fait si chaud, vous n'allez tout de même pas rester ici ?

Robbie le regarda en réfléchissant.

- Vous êtes en train de cuire sur place, reprit le blond, une baignade vous fera le plus grand bien. Et mes sœurs vous veulent à nos côtés.

- C'est d'accord, lui répondit Robbie en lâchant ses outils et en retirant ses gants.

Archie le prit alors par l'épaule. Les triplées étaient heureuses et Madeline lui sourit timidement.

Tous étaient heureux de se baigner dans l'eau fraîche. Des cris de joie et le bruit des éclaboussures retentissaient. Voilà comment terminer une belle journée.

Après avoir passé presque deux heures dans l'eau, les filles Lilis prirent la décision de rentrer, laissant Archie et Robbie seuls, ayant refusé de quitter le lac en même temps.

Ils restèrent un moment silencieux, se jetant quelques regards furtifs mais pas assez pour savourer la beauté innocente de l'autre.

Robbie sortit le premier de l'eau, la tête basse.

Archie se mit alors à observer chaque goutte dans son dos, chaque grain de beauté ou petite tâche de rousseur le décorant, ou tout simplement chaque parcelle de sa peau blanche et nue. Elle doit être délicieuse à baiser de mille et une tendresse. Serait-ce mal de s'y abandonner ? Sûrement ... Mais au diable tous ces idiots qui ne savent pas reconnaître un coup de foudre quand ils en voient un ! Alors, est-ce cela le mot juste pour décrire les si brusques sentiments de l'étudiant pour le jardinier ? Alors il s'était bel et bien épris de Robbie ? Quelle étrange chose.

- Je devrais rentrer maintenant.

Cette phrase le fit, une seconde fois, sortir de sa contemplation. Il se précipita soudainement sur Robbie.

- Non restez !

Il avait dit cela en lui attrapant le poignet, comme pour lui montrer sa presque supplication. Robbie regarda alors Archie et hocha positivement la tête.

- Merci.

- Puis-je vous poser une question ?

- Bien sûr.

- Que me ferez vous si je fais ça ?

Il s'approcha d'Archie et l'embrassa lentement puis avec plus de passion lorsque ce dernier lui agrippa la taille pour rapprocher leur corps. Le blond avait raison, ce baiser, sa peau, ses lèvres étaient si délicieuses, s'en enticher était la plus belle des choses.

C'est le souffle court, qu'ils durent se séparer, sans doute à contre cœur.

- J'y répondrais avec plaisir.

𝑫𝒆 𝒕𝒐𝒖𝒕 𝒎𝒐𝒏 𝒆̂𝒕𝒓𝒆 𝒋𝒆 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒊𝒎𝒆 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant