𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟬𝟮

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𝐀𝐥𝐨𝐢̈𝐬

Ça fait presque trois semaines qu'il est parti.
Ce jour-là lorsqu'il m'a laissé son appartement, j'étais tellement perdu. Je ne savais plus quoi faire. J'ai tout verrouillé une fois qu'il est parti et j'ai fermé tous les rideaux et tous les volets. Je suis resté longtemps dans un coin, toujours aussi perdu, et la peur au ventre.
Et puis tout doucement j'ai repris mes esprits. J'ai commencé à me détendre. Et au bout de trois jours j'ai commencé à sortir. Bon certes, j'avais une grosse capuche sur la tête et le moindre bruit me faisait réagir. Mais maintenant tout va bien. J'ai trouvé un petit job juste en bas de chez moi et c'est vraiment bien. Le patron est sympa et le boulot n'est pas difficile. En même temps, vous allez me dire, faire des bouquets de fleurs ça n'a rien de dramatique. Mais au moins, leurs parfums permettent de couvrir mon odeur. Et je n'aurais pas pu trouver mieux comme boulot. Sauf peut-être travailler dans une parfumerie mais bon... je pense que ça m'aurait plus fait éternuer qu'autre chose.

      —  Et voilà votre bouquet de roses, monsieur, je dis en lui tendant le bouquet.
      —  Merci beaucoup, ma femme va l'adorer.

Je lui souris grandement.

      —  Votre femme a de la chance de vous avoir !

Il me rend mon sourire, paie et s'en va.

      —  Ah ! Gamin !
      —  JR, oui ?
      —  Tu fais du bon travail mon petit ! Je me demande... ?
      —  Oui ?
      —  N'as-tu vraiment jamais travaillé avant ?

Je ris nerveusement.
C'est vrai que lorsque je suis entré ici pour aider ce vieil homme, je ne lui ai pas caché n'avoir jamais travaillé avant. Au départ, il me regardait d'un mauvais œil. Mais je crois qu'il m'apprécie maintenant.

      —  Combien de fois vais-je devoir le répéter, je souffle en souriant.
      —  Aah, désolé. Viens, viens voir.

Je m'approche de l'homme et le laisse m'apprendre comment ranger les fleurs, préparer les tiges, quelles sont leurs significations etcetera.
Je sursaute en entendant des bruits de fracas en dehors de la boutique. Je constate que deux jeunes s'amusent à faire tomber les quelques vases en expositions.

      —  Oh ! Ces imbéciles, ils vont bien voir ! s'emporte JR en levant sa canne.
      —  Laisse GP. J'y vais, je dis en posant ma main sur la sienne.
      —  Es-tu sûr mon petit ?
      —  Ça ira, je l'assure.

Je sors de la boutique et interpelle les deux garçons.

      —  Qu'est-ce tu veux le moustique ? se moque l'un d'eux.
      —  Ne vous a-t-on jamais inculqué les bonnes manières ?

Il rit et se rapproche en fronçant les sourcils. Il fait bien une tête de plus de moi. Mais il n'est qu'humain et je sais donc que j'ai l'avantage.

      —  Répète un peu, il dit entre ses dents, en attrapant le col de mon tee-shirt.

Je lui attrape le poignet et serre.

      —  Lâche-moi, je grogne.

Il me lâche en sentant la douleur se propager sur sa main.

      —  Qu'est-ce que... ? il commence.

Tandis qu'il essaie de se défaire de ma poigne, j'attrape l'autre. Je les fais entrer dans la boutique et les place devant le vieil homme.

      —  Maintenant on s'excuse, je lâche.

Les deux garçons ne perdent pas de temps et se confondent en excuses devant le maître des lieux.

IncompatiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant