Chapitre 8

915 96 19
                                    




    Je vais dans la salle de bain. Le parquet est froid sous mes pieds nus. Je ne me suis même pas aperçu que je ne portais que mon sweat de la veille, et que Namjoon avait dû me déshabiller. Mes joues prennent une teinte rose. Je me force à arrêter d'avoir des pensées aussi déplacées, les sourcils froncés.

    Malgré moi, l'épisode d'hier m'a rendu plus craintif que je ne l'aurais voulu ; l'arrivée de Sunoo et de Yuta dans le bar a rouvert des cicatrices que je pensais à jamais refermées, ou du moins assez cicatrisées pour que j'aille mieux. Et les voilà de nouveau béantes et aussi saignantes qu'au début. Finalement, elles n'étaient pas aussi refermées que je le pensais.

    Je m'empresse d'ôter mes vêtements et me jette pratiquement sous l'eau bouillante de la douche. La chaleur m'arrache un gémissement de douleur, la fumée monte et s'agglutine rapidement au plafond avant de disparaître aussi vite qu'elle est apparue. Mes jambes tremblent, et je dois me retenir au mur pour ne pas tomber. Je me sens si faible, si vulnérable.

    Et puis sans pouvoir m'en empêcher, j'éclate en pleurs, me recroquevillant sur moi-même, comme un enfant. Je ne veux pas qu'ils rentrent à nouveau dans ma vie, je ne pourrais pas le supporter cette fois-ci. Je n'ai plus les épaules pour, désormais. Ils m'ont complètement détruit. Je ne sais pas si je pourrais me relever un jour.

    Parfois, je sens encore ses mains sur mon corps. Dans ma tête, j'entends leurs rires, leurs moqueries. Mon nom prononcé avec dégoût, mes cris étouffés par ses lèvres que personne n'a entendu.

    — Yoongi ? J'ai entendu du bruit, je peux entrer ?

    La personne derrière la porte n'attend pas mon autorisation et ouvre cette dernière, inquiète. Je reste accroupi dans la douche, n'ayant pas le cran de supporter son regard qui doit être empreint de pitié. Qu'est-ce qu'il doit penser de moi maintenant ? Après m'avoir vu ivre mort la veille, et aujourd'hui, pleurant comme un pauvre type sous la douche ? Je suis pathétique.

    Peut-être que j'aurais dû faire un coma éthylique, finalement. Ça aurait été mieux pour tout le monde. Sehun doit être terriblement déçu de moi, aussi. Lui qui pensait que j'allais mieux... je n'ai pas le courage de l'affronter. Il a tellement fait pour moi que je me sens misérable d'avoir cédé si vite à la tentation. Il est celui qui m'a sorti de la pente sur laquelle je glissais, qui m'a redonné goût à la vie après... enfin, bref.

    — Yoongi...

    Sa voix se fait tendre, douce. Je l'entends déposer les affaires sur le bord du lavabo avant qu'il ne s'approche de moi, à pas de loup, comme si j'étais un animal sauvage et apeuré.

    — Qu'est-ce que tu as ? murmure-t-il.

    — J'en peux plus, lâché-je d'une voix sourde et tremblante. J'ai plus la force de continuer comme ça, tu comprends ? J'ai envie de tout lâcher.

    J'entends un faible poids qui s'écrase au sol, avant qu'un corps ne se colle au mien, m'enlaçant par derrière. Namjoon pose son menton sur mon épaule tout en s'asseyant sur le sol de la douche. Je ne sais pas s'il est nu ou s'il a gardé un vêtement pour couvrir sa partie intime et, sur le coup, j'en n'ai strictement rien à foutre. Rien ne compte plus que ses bras musclés autour de mon torse et son souffle dans mon cou.

    — Ne lâche rien, me souffle-t-il d'une voix douce. C'est ça la vie, Yoongi. Des coups durs. Et encore des coups durs. Mais il y a aussi les moments heureux, que tu ne dois pas oublier, parce que c'est ça qui te maintiens en vie.

    Je me tourne vers lui, le regard larmoyant, avant de me nicher dans ses bras, comme un enfant. Nous restons un moment dans cette position, peut-être cinq minutes, avant qu'il ne se lève, me soulevant du sol en même temps, pour arrêter l'arrivée d'eau. J'entoure ses hanches de mes jambes et pose mon front sur sa clavicule. Son bras droit me soutient contre lui, tandis que sa main gauche caresse avec douceur mon flan.

    Je me sens tellement en sécurité dans ses bras...

    — J'espère que je fais parti de tes moments heureux, fait-il au creux de mon oreille, Yoongi.

    Mon nom roule sous sa langue avec sensualité, avec un accent qui ne peut venir que de la bouche du rose. Ses mains striées de veines se posent sur l'arrière de mes cuisses, à la frontière de mes fesses sans pour autant aller plus loin. J'apprécie énormément le fait qu'il me respecte de cette façon. Qu'il ne tente rien, et qu'il ne fasse que me rassurer, que de prendre soin de moi.

    — Tu en fais parti, réponds-je sur le même ton tout me mordillant la lèvre sans m'en rendre compte.

    Les joues rouges, je me décolle de lui un instant, posant doucement mes mains sur ses épaules diablement musclées, pour profiter de son grand sourire et de ses yeux qui s'effacent à cause de ce dernier. Il est magnifique, heureux comme ça. Tout le contraire de mon visage, qui doit être rouge et boursouflé à cause de ma crise de larmes. Comment aurait-il pu avoir le coup de foudre pour moi ?

    Namjoon sort de la douche et avec une délicatesse non soupçonnée pour son gabarit, il me dépose sur le sol. Sans se préoccuper de l'eau qui glisse de sa peau, il m'enroule dans une énorme serviette, et frictionne mes bras et mon dos. Il s'enroule dans une deuxième serviette, et s'adosse sur le rebord du lavabo, croisant les bras sur son torse. Je dois me faire rage pour ne pas le mater ouvertement.

    Ses cheveux colorés sont trempés et retombent sur son front comme une frange. Son torse musclé est encore humide de la douche. Sous la lumière des néons de la salle de bain, sa peau a la couleur du miel. Il est terriblement sexy, et je m'en veux sur le coup de penser ça de lui alors qu'il m'a rejoint sous l'eau dans le seul but de me consoler. Mais je ne suis qu'un homme, après tout.

    — La prochaine fois que tu vas mal, souffle-t-il, s'il-te-plaît, parle moi, d'accord ? Je ne veux plus te retrouver dans un état comme celui d'hier.

    Ses pupilles semblent tristes et blessées. Sans pouvoir m'en empêcher, je viens doucement me coller à son torse, en dépit de notre humidité. Il enroule ses bras autour de mes reins, et pose son menton sur mon crâne, alors que j'enfouis mon visage dans ses pectoraux. Mon visage est en feu et je sens mon cœur battre violemment dans ma cage thoracique.

    Je ne sais pas ce qui m'a pris. Quelque chose de puissant m'a poussé à me coller à lui. Un soupir franchit la barrière de mes lèvres lorsqu'un doux sentiment de sécurité m'envahit. C'est à chaque fois le cas quand sa peau est en contact avec la mienne.

    — Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? murmuré-je d'une voix faible, le regard baissé. On ne se connaît pas.

    — Et alors ? C'est une raison suffisante pour toi pour que je n'intervienne pas ? J'ai bien vu l'influence qu'ont eu ces petits cons, la semaine dernière. T'as l'air d'avoir vécu un tas de trucs, Yoongi. Tu as besoin qu'on s'occupe de toi. Et crois-moi, je ne t'abandonnerais pas de si tôt.

effet papillon | namgiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant