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Chapitre 22

    Nous quittons le bar après une dizaine de minutes à discuter avec Namjoon et Seokjin. Enfin, c'est Sehun qui animait plus la discussion, étant donné que le rose m'a fixé tout le long, me provoquant régulièrement des frissons et des rougeurs. Le plus vieux n'a pas vraiment ouvert la bouche non plus, se contentant d'observer mon meilleur ami avec une tendresse à peine cachée.

    Mon bras enroulé autour de celui du noiraud, personne ne discute. Nous sommes dans une bulle, tous les deux plongés dans nos pensées. Namjoon m'a invité au restaurant. Wow. Par la suite, après que je lui ai confié mon adresse, il m'a donné l'heure à laquelle il va venir me chercher. J'ai fini par mettre le sac rose dans mon sac de cours, beaucoup trop gêné à l'idée que quelqu'un se rende compte que le sac provient d'un magasin de sous-vêtements féminins.

    — Sehun ?

    Ma voix interpelle son attention. Il me jette un regard, les sourcils froncés.

    — Qu'est-ce qu'il y a, Yoon' ? Tu me fais peur.

    — Namjoon m'a invité au restaurant.

    Bon sang, il m'a invité au restaurant, et je ne sais pas comment m'habiller, ni comment réagir. Une partie de moi est euphorique et a envie d'exploser de joie devant tous ces regards interrogateurs, et une autre est morte de peur. L'ombre de Yuta et Sunoo reste imprimée dans mon esprit, bien que je sache que le serveur est différent d'eux. Mais c'est plus fort que moi, ils sont toujours là, dans mes pensées, et ce qu'ils m'ont fait restera à jamais gravé sur ma peau.

    — Mais c'est génial ! crie-t-il en me secouant comme un prunier.

    — Doucement, doucement ! protesté-je en gonflant les joues.

    Un large sourire étire ses lèvres alors qu'il continue de me secouer. Cela me réchauffe le cœur qu'il soit aussi heureux pour moi.

    — Tu mérites tellement d'être heureux, murmure-t-il en me regardant droit dans les yeux.

    Je sais à quoi il fait référence, et il sait très bien que je l'ai compris. Il m'attire dans une longue étreinte, posant son menton sur mon crâne. Il respire fort, trop fort. Lui aussi, a été profondément blessé quand j'ai été... enfin. C'est lui qui m'a ramassé à la cuillère, c'est lui qui m'a empêché de sauter de ce maudit pont quand mes pensées étaient trop noires pour que je puisse le supporter. Je lui dois tout, absolument tout. Si je suis encore en vie, c'est grâce à lui.

    Je mérite d'être heureux, c'est vrai. J'ai trop souffert, maintenant la roue doit tourner dans mon sens. Je veux pouvoir être heureux avec une personne, avoir une vraie relation. Être choyé, aimé, et tomber amoureux en retour d'une personne qui m'aime. Pas comme avec Taehyung. Pas comme avec Yuta et Sunoo. Comme avec Namjoon.

    Sehun pose un baiser sur mon front, avant de se décoller de moi, les yeux brillants :

   — Bon, je suppose que tu ne sais pas comment t'habiller ? Je viens chez toi, c'est non négociable.

    Je lâche un gloussement, et hoche le menton alors que son sourire s'agrandit encore plus. Il m'entraîne à sa suite en-dehors du centre-ville, et nous rejoignons l'arrêt de bus qui nous ramènera chez moi. Il n'y a personne à cette heure, tout le monde est déjà rentré chez soi. Son bras ne quitte pas le mien, et même si je ne l'écoute pas vraiment, je sais qu'il est déjà en train de réfléchir tout haut à ce qu'il me fera porter pour faire craquer le serveur.

    Et hors de question pour moi de porter ce foutu tanga. De toute manière, on ne va faire que manger au restaurant, alors porter ce tanga est inutile. Malheureusement, quand je croise le regard perverti de mon meilleur ami, je constate qu'il pense à la même chose que moi.

    — Pas question, dis-je d'une voix ferme.

    — Roh, t'es pas drôle, boude-t-il. Tu penses que je pourrais te l'emprunter ? Pour Jin.

    Ses joues sont roses, et j'ai du mal à le regarder avec sérieux. Je n'ai même pas envie d'imaginer ce qu'ils font tous les deux dans leur intimité. Je pouffe légèrement en hochant la tête.

    — Si tu veux. Petit pervers.

    Il me frappe l'épaule en chouinant. Le bus arrive et nous y montons, payant nos places avec nos téléphones. Le véhicule est à moitié plein, et il n'y a plus que quelques places disponibles. Nous nous installons au fond, sur des sièges doubles.

    — Est-ce que je devrais rajouter des porte-jarretelles ? fait soudainement Sehun.

    Des personnes se retournent discrètement vers lui, les yeux grands ouverts que deux jeunes hommes discutent de porte-jarretelles en plein milieu d'un bus avec des personnes qu'ils ne connaissent pas.

    — Pardon ?

    — Avec le tanga, je rajoute des porte-jarretelles ou pas ? répète-t-il en mordant sa lèvre.

    — Mais j'en sais rien, moi ! Arrête de parler de ça, tu veux ? grogné-je en lui donnant un coup de coude dans les côtes.

    Je suis extrêmement gêné de discuter de ça. Mes joues sont écarlates, et je serre mon sac contre ma poitrine, essayant de passer outre les regards surpris des autres passagers. Il ne pouvait pas trouver un autre moment pour parler de tanga et de porte-jarretelles ?!

    Le reste du trajet, il se contente de ricaner dans son coin, dans l'unique but de m'embêter, et de me pincer les côtes. Nous descendons du bus. L'arrêt se trouve à plusieurs mètres de mon quartier.

    — Tes parents ne sont pas là, je suppose ? grogne Sehun.

    Il n'a jamais porté mes parents dans son cœur. Ils ne sont jamais là et ne s'occupent jamais de moi. Ils payent les factures et m'envoient régulièrement de l'argent sur mon compte pour que je fasse les courses, mais c'est tout. Il n'y a que l'argent qui compte, et c'est bien pour cela qu'ils veulent tous les deux que je fasse des études de médecine, même si je déteste ça. Ils se fichent entièrement de mon avis, et de moi en général de toute façon.

    Ils ne savent rien sur moi. Parfois, je pense que je suis indésiré, comme enfant. Après tout, je suis arrivé comme ça, et j'ai manqué de gâcher leurs carrières. Peut-être qu'ils m'en veulent pour ça ? Peut-être que c'est pour cela qu'ils ne se sont jamais occupés de moi ?

    Ma mère est une mannequin connue à l'international, et mon père est son manager. Ils parcourent le monde en quête des plus grands défilés. Je crois bien que je les déteste. Je ne les connais pas. Je sais ce que tout le monde sait d'eux : leurs noms, leur physique... et c'est tout. Ils ne sont pas mes parents, juste mes géniteurs. Ils m'ont simplement mis au monde, rien d'autre.

    Je sais que c'est aussi pour cela que le noiraud me protège beaucoup. Me surprotège, même. Mais bon, je ne peux pas lui en vouloir. Il fait ça pour mon bien.

    — Non. La maison est vide, réponds-je en haussant les épaules.

    Je déverrouille la porte et nous entrons. Le silence lourd nous accueille. C'est tout le temps comme ça, quand je rentre chez moi. Et c'est pour ça que je reste le plus longtemps possible à l'extérieur plutôt qu'ici. La maison m'angoisse. J'ai hâte de partir d'ici.