Il se jeta au sol et chercha frénétiquement l'objet dans le noir, avant de le trouver presque aussitôt. Soulagé, il le rangea en lieu sûr. Olivia et Tobias ne tardèrent pas à nous rejoindre, résignés. Au vu de la mine de la jeune fille, je la soupçonnais d'être du côté de l'ancien petit ami de Jenny. Il était vrai que ces deux-là étaient souvent du même avis, et ne perdaient pas une occasion de se soutenir mutuellement. Autant dire que Jenny ne portait pas Olivia dans son cœur, même si elle ne la haïssait pas pour autant. Après tout, elle n'avait jamais détesté personne, cette fille. Quelque part je l'admirais. C'était une force de pouvoir pardonner les gens et passer sans regret à autre chose.
Nous traversâmes le tunnel et arrivâmes devant une grille ouverte, qui débouchait dans ce qui semblait bien être notre futur lieu de vie. Le couloir était du même style que la salle ronde : rouge, illuminé par un magnifique lustre doré, et surtout sans fenêtre. Il était impossible de le confirmer pour le moment, mais étant donné que ces appartements se situaient sous la pièce du début, il était légitime de penser que nous nous trouvâmes sous terre. L'idée de s'échapper se transforma peu à peu en un rêve inatteignable...
Courageuse, ou peut-être inconsciente, Jenny se dirigea vers la première porte à droite.
-Tiens ? Nous avons un salon ici.
Et quel salon ! Avec des canapés en cuir et des fauteuils extrêmement confortables entourant une table basse de verre sur laquelle était posée une magnifique horloge anniversaire, et des coussins si moelleux qu'ils pourraient m'endormir en un instant. Des plantes égayaient un peu le décor et un énorme miroir ornait l'un des murs, encadré par deux chandeliers. Le salon communiquait avec une salle à manger, dont les murs bleus aux arabesques argentées supprimaient l'oppression ressentie à cause du rouge de la pièce précédente. Une longue table de bois vernis occupait la salle, entourée de neuf chaises de style victorien. Les couverts argentés brillaient de mille feux et les assiettes de porcelaine contenaient chacune une énorme cuisse de poulet rôti accompagné d'une généreuse portion de pommes de terre qui, à en juger par l'odeur savoureuse qui emplissait nos narines, sortaient tout juste du four. Une horloge sur le mur du fond indiquait dix-neuf heures.
-Vous croyez que c'est pour nous ? demanda Mark, tout en haussant le sourcil.
-Non, c'est sûrement pour les esprits maléfiques qui rodent dans les parages... A ton avis ? lui répondit Alan, exaspéré.
Un gargouillement résonna dans toute la pièce. Rachel plaça immédiatement les mains sur son ventre, gênée. Mais elle n'était visiblement pas la seule à avoir faim. Nous nous léchions tous les babines à la vue du met délicieux qui nous avait été concocté. Ethan s'installa alors sur la chaise la plus proche et prit la cuisse entre ses doigts. Au moment où il la porta à sa bouche, Olivia poussa un hurlement strident.
-Ne mange rien ! Et si c'était empoisonné ?
-J'en doute, la coupa Jenny. Rappelez-vous, le kidnappeur tient absolument à ce que nous participions à son jeu. S'il voulait nous tuer, il l'aurait déjà fait : il avait assez d'occasions pour cela. Il est de son intérêt de nous garder en vie.
J'approuvais, et les autres en furent également convaincus. C'est donc le cœur léger que nous nous mîmes à table et entamions notre repas. Tout était parfait dans ce plat. Les pommes de terre étaient croustillantes à l'extérieur et fondantes à l'intérieur. La viande ne pouvait être mieux assaisonnée, et sa cuisson relevait d'une précision de maître. Chaque bouchée était un pur régal. Nous mangeâmes donc avec beaucoup d'appétit, et même Jenny, qui d'habitude peinait à finir son assiette, n'en laissa pas une miette. Le poulet avait par ailleurs été remplacé par un filet de cabillaud dans l'assiette destinée à Rachel, cette dernière étant pesco-végétarienne. Ce changement signifiait que le Maître du jeu était au clair avec nos habitudes alimentaires, ce qui n'était pas pour nous rassurer...
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Queen of Cards (Version française)
Mystery / ThrillerNous étions tout un groupe d'amis. Et pourtant, je me sentais si seule. Difficile de faire confiance aux autres lorsque l'on savait que l'un des joueurs de cette partie de cartes fatale serait prêt à tout pour nous tuer... Entre les nombreuses révél...