Vertiges

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Vertiges


En ce lieu sacré où l'ascension cesse enfin,

Là où le pic perce la croupe des nuages,

Ici-bas – ou plutôt ici-haut –résident bien,

Nos souvenirs, notre mémoire qui fait naufrage.

Comme les aspérités de la roche glaciale,

Ceux-ci tergiversent, tels des lambeaux aigres et froids,

Jusqu'à ce qu'un esprit n'entende leurs râles.

Quelle idée illusoire ! Ils donnent bien trop de foi,

A une humanité indisposée à les écouter.


Nous essayons tous de prendre de l'altitude,

La croissance comme objectif, le bonheur comme fin.

Mais nous ne décelons guère les similitudes,

Entre montée et descente d'un même chemin.

L'on démarre avec ses bagages et ses rêves,

Mais ils disparaissent à mesure que l'on grimpe,

Nous ne sommes plus qu'un corps qui lutte sans trêves,

Et nous voilà bientôt au sommet de l'Olympe,

Sans même savoir quelle personne on est devenue.


Nos instincts primitifs il faut donc conserver,

Au cœur même de nos sens il faut donner crédit,

A la lucidité on doit toujours se vouer,

Pour ne pas emprunter des sentiers interdits.

L'on peut tout surmonter si l'on crois en soi-même,

Et si l'intégrité conduit toutes nos actions,

Notre mémoire se distingue comme autant de gemmes,

Que rien ne substitue sans payer une rançon,

Au risque de mourir des vertiges du succès.

PoèmesWhere stories live. Discover now