Lorsque l'on naît, nous sommes à l'échelle de l'instant. Nous n'étions pas dans le monde, mais le monde était en nous. Maintenant nous sommes dans le monde, et aussitôt que l'on a pris sa première respiration, la chrysalide évanescente qui nous a porté n'est plus. Le détail que l'on omet à chaque fois de remarquer, c'est qu'à cet instant précis, nous sommes déjà dans l'échec, propulsés en grandes pompes en son sein. Bientôt viendra l'heure ou il faudra mourir. Cette histoire est l'histoire de nos vies qui fanent. Le constat de l'irrémédiable fin de notre existence. Programmée. Changeante. Et qui nous fait peur. C'est également l'acceptation de notre éphémérité. C'est enfin l'origine de nos maux et de nos angoisses les plus profondes. L'épée de damoclès qui flotte au dessus de nous, qui s'abattra un jour sur nos têtes délicieuses, dans l'ivresse de la débâcle. Nous vivons ainsi, dans une sorte de dérive sectaire généralisée qui nous pousseraient à devenir paranoïaques au sujet de nos congénères et de leurs attributs, de leur capacité éventuelle à nous faire du mal. Nos humeurs sont fanées, elles tombent en ruines, biaisées par ce qui semble incompréhensible de prime abord : pourquoi faut-il mourir ? Serait-il plus simple de laisser de côté nos émotions et nos douleurs, de s'anesthésier de nos souffrances, oublier que l'on va mourir ? Personne n'oublie. Certains, comme moi, la voit comme une chance. Nous sommes nés vivants, sous l'échec, certes, mais bel et bien vivants, avec des ressources. Le couperet de la mort peut être entendu d'une autre façon que fataliste : comme une opportunité qui se referme. Nous n'avons qu'une seule vie, alors rendons là belle et remplissons les tiroirs de notre mémoire de souvenirs radieux.Soyons heureux. Fini les fleurs qui fanent, il est désormais temps d'éclore.
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Poèmes
PoesiaQuelques poèmes plus ou moins anciens de ma plume (ou de mon clavier).