Thème 3: conte de fées

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"WE WILL ROCK YOU!"

Le jeune homme se déhanchait, un grand sourire ravi accroché à son visage, en s'époumonant sur la musique. Il sursauta lorsqu'un homme se matérialisa à ses côtés avant de sourire à nouveau en le reconnaissant. Il semblait être incapable de s'arrêter de sourire. Après tout, un de ses plus beaux rêves était en train de se réaliser. Cela ressemblait à un conte de fées.

- Vous vous amusez bien, Monsieur Crowley ? demanda-t-il.

Celui-ci esquissa un rictus de serpent en regardant deux amis se disputer pour une histoire de téléphone ayant malencontreusement rencontré une bouteille d'eau.

- Évidemment...Et toi ?

Son...protég- future recrue pour la grande armée de Satan parut réprimer son premier mouvement, qui était de lui sauter au cou, pour se contenter de...sourire, encore.

- C'est génial, Monsieur Crowley ! répondit - il avec ferveur, criant pour couvrir le vacarme de la musique. Je ne saurais jamais assez vous remercier.

Crowley grimaça.

- Ne me remercie pas. Contente toi d'être démoniaque.

Le jeune homme s'assombrit.

- Je risque de ne pas l'être longtemps.

Crowley lui adressa un regard menaçant derrière ses épaisses lunettes noires. Et bien que sa future recrue ne put le voir, il se recroquevilla sur place.

- Pourquoi ça ? fit - il d'un ton sévère.

- On ne guérit pas de ce que j'ai, Monsieur Crowley.

À cela, le serpent ne répondit rien. Le jeune Emmanuel n'avait - il pas raison ? On n'en guérissait pas, en effet. Mais quelqu'un pouvait nous faire miraculeusement guérir.

***

Aziraphale soupira. La musique, si on pouvait qualifier ceci ainsi (certains anges lui auraient donnée un qualificatif beaucoup moins gentil, Gabriel en tête, mais il s'était habitué aux horreurs de l'humanité) résonnait sourdement sous son crâne. Si on lui avait demandé son avis, il aurait répondu qu'il préférerait écouter un opéra. D'Edgar peut-être, ou de Mozart, même si celui-ci avait atterri aux Enfers. Et pourtant...Il était ici. À regarder, un peu en retrait, des fans déchaînés aduler Freddie Mercury. Lui finirait sans aucun doute en bas. Au moins, Crowley serait content. Crowley... Il ne l'avait pas vu depuis des années, plus précisément après lui avoir donné un thermos d'eau bénite. Le thermos d'eau bénite. Pas un jour ne passait sans qu'il se demande s'il avait bien fait.

"Oh tu es un ange, je ne sais pas si tu pourrais mal faire", lui avait-il dit alors qu'ils étaient tous les deux au sommet d'une muraille, entourant le premier jardin. Aziraphale aurait dû le tuer ce jour - ci. Il ne s'expliquait toujours pas ce qui l'avait retenu. Son ironie sans véritable malveillance ? L'intérêt qu'il lui portait, un intérêt que Gabriel et les autres ne lui avaient jamais témoigné ? Ses yeux jaunes, brillant de questions contenues ? Ou rien de tout cela, peut-être.

Il exhala un autre profond soupir, espérant soulager le poids immense sur sa poitrine. Et si son...ami avait utilisé le thermos ? Il savait pourtant que c'était une mauvaise idée, il le savait mais qu'aurait - il pu faire ? Le laisser risquer sa vie dans les églises, quitte à ce qu'il se "dissolve" accidentellement ? Était-ce ainsi qu'on disait ? Aziraphale l'ignorait et n'en avait cure.

- Bonjour, Aziraphale.

- Oh mon Di- Seigneur, Crowley, tu m'as fait peur !

OS Good OmensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant