Thème 7: Sagesse

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Un battement d'ailes. Des pieds nus sur l'herbe nouvellement créée, qui slaloment entre les insectes en prenant bien garde de n'en écraser aucun. L'ange sourit. Tout était calme. Tout était presque prêt pour l'arrivée des humains. Ils avaient fait du bon travail. Iel pouvait être fièr.e. Iel pouvait être satisfait.e. Iel pouvait être heureux.se.

Et puis d'un coup: Boum ! Beelzebub s'assit violemment sur le sol, sans plus se soucier d'écraser le fruit de tant de travail. De toute façon, tout le monde s'en fichait ! Alors, oui, oui, iel savait bien qu'iel devait être fièr.e, satisfait.e et heureux.se et certainement pas plein.e de rancoeur mais iel en était actuellement incapable.

L'ange soupira en passant une main lasse sur son visage. Iel, faiseur.se de millions de minuscules animaux, était chargée de superviser la création du Jardin. Iel avait donc sous ses ordres les Dessinateurs, ainsi que l'on appelait dans le milieu ceux qui faisaient apparaître la vie. Cela avait été l'occasion pour Beelzebub de se découvrir des capacités de meneux.se dont iel avait été la premièr.e surpris.e.

Et ce qui devait arriver arriva. Beelzebub avait eu une citation. Iel avait dû comparaître devant les archanges. Oh, au départ, tout s'était bien passé ! Michaël était trop occupée à former les principautés au combat pour lui accorder quelques minutes de son précieux temps, Uriel, comme toujours, la secondait en toutes choses, et Raphaël - pauvre de lui ! - s'était gentiment dévoué pour éloigner Sandalphon. Tant mieux, donc, car à l'exception de Raphaël, qu'elle connaissait finalement assez peu, elle avait bien souvent envie de les gifler. Et tant pis si ce n'était absolument pas angélique ! Ils n'avaient qu'à être un peu moins insupportables.

C'était ainsi que l'ange affilié au Jardin s'était retrouvé seul avec Gabriel. Oh, à lui aussi, iel avait parfois envie de lui en mettre une ! Néanmoins...il avait beau être tout aussi agaçant que les autres...tout au fond d'iel, Beelzebub l'appréciait. Et c'était réciproque ! Mais vraiment vraiment tout au fond d'eux alors.

Et comme souvent, ils s'étaient disputés. Cela arrivait fréquemment entre eux, à croire qu'une des clauses du Plan Ineffable proclamait " Beelzebub et Gabriel ne pourront aligner plus de trois mots sans que cela dégénère. Après tout, j'ai besoin d'un peu d'animation ". Mais comme le Plan Ineffable est...eh bien... ineffable, ils ne pouvaient en être certains.

La discussion avait commencé ainsi. Beelzebub, persuadé.e qu'il allait critiquer sa toute nouvelle création, un charmant insecte noir et orange, baptisé du joli nom de Nicrophorus humator, qui jouait un rôle fort utile, puisqu'il se nourrissait de cadavres, avait attaqué lae premièr.e:

- Bon, tu m'excuseras mais j'ai pas trop le temps, là, j'dois retourner bosser. J'ai pas envie que toi et les autres têtes à claques me reprochiez de pas bien faire mon travail.

Gabriel, un peu surpris par cette salutation pas des plus chaleureuse, avait levé les mains en signe d'apaisement.

- Du calme, papillon, nous ne sommes que tous les deux.

Beelzebub s'était détendu.e légèrement.

- Tant mieux. J'aurai juste à en supporter une.

- Une quoi ?

- Une tête à claque. T'es idiot en plus d'être pénible ?

Gabriel avait soupiré mais s'était fort heureusement abstenu de relever. À la place, il avait repris la parole comme s'il ne venait pas de se faire interrompre et insulter en quelques phrases.

- De plus, je n'avais aucune intention de critiquer ta nouvelle...chose. (Mais le dégoût dans sa voix indiquait qu'il n'en pensait pas moins. Beelzebub avait dû se mordre la langue pour retenir une nouvelle remarque acerbe). En fait, tu es ici pour recevoir nos félicitations. Le Jardin est un succès total. Tout est presque prêt et tu as géré les anges sous tes ordres sans aucune difficulté. Bravo.

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