TW: violence psychologique (et un peu physique)Gabriel se saisit d'un nouveau rapport et frotta ses yeux las en soupirant. Depuis la Nonapocalypse, il était débordé. Et encore, il avait la chance d'être soutenu par ses collègues. Uriel s'occupait de la paperasse, Michaël s'épuisait en discussions pour calmer les récalcitrants qui suppliaient de déclencher tout de même la guerre, et Sandalphon...eh bien, Sandalphon boudait dans son coin depuis que Gabriel lui avait interdit de faire annuler une manifestation. Pas très angélique, mais bon.
Le téléphone dernier cri de l'archange vibra et il s'en saisit.
Où tu sais.
Maintenant.Ses lèvres s'étirèrent en un sourire stupide tandis qu'il se levait.
La nuit promettait d'être plus...animée que prévue.
***
Si le mal est toujours en action, ce n'est pas parce que dormir s'oppose aux principes des démons. Bien au contraire. Après tout, la paresse est un des sept pêchés capitaux. Ne rien faire...nuire aux autres démons en ne terminant pas son travail dans les temps...étaient entièrement encouragés. Attention toutefois à bien choisir ceux avec qui on pouvait se le permettre, c'était en effet une assez mauvaise idée de le faire avec ses supérieurs, sauf si on voulait passer une décennie ou deux dans une des nombreuses salles de torture des Enfers.
Non, si les démons étaient si peu nombreux à dormir, c'était pour une toute autre raison : ils avaient peur. Oh, bien-sûr, si vous leur en aviez fait la remarque, ils auraient au mieux haussé les épaules en marmonnant une insulte, et au pire... Vous ne voulez vraiment pas savoir le pire.
Et pourtant, ils avaient peur. Car tous leurs songes étaient peuplés de cauchemars.
Le Prince des Enfers ne faisait pas exception à la règle.
Iel se retourna dans son sommeil, faisant tomber une pile de papiers.
- Hazzztur ? Ligur ? Où êtes-vous, les gars ?
Il faisait sombre, si sombre, si noir. La douleur lui coupait le souffle, comme si des millions d'aiguillons chauffés à blanc lui perforaient la peau, des points dansaient devant ses yeux, ses sens étaient démultipliés, iel voyait tout non pas en double, mais cinq fois, dix fois, cent fois peut-être comme si iel avait échangé ses pupilles contre des yeux d'insecte, aux trop nombreuses facettes, le feu dévorait sa peau, ses ailes de libellule pendaient, déchiquetées, inutiles, et les voix, oh les voix, qui criaient dans son esprit, ravageant tout sur leur passage, les insultes, les injures, le mépris, un.e petit.e faiseur.se d'êtres nuisibles, c'était tout ce qu'iel était, inutile, "des insectes ? C'est répugnant. Laids. Grotesques.", que ça s'arrête, pitié que ça s'arrête, mais non il ne fallait pas, si iel cédait aux voix, c'était la colère, le dégoût, la haine, l'ennui qui allaient gagner, iel ne voulait pas, non, iel devait résister, pas le choix, iel devait persévérer, iel devait...
Et puis tout d'un coup, cela reflua. La souffrance, physique et morale, alla se terrer dans un coin de son esprit, de son corps. Elle ne l'avait pas quitté toutefois. Elle était toujours présente. Elle attendait.
Lae nouvel ange déchu se releva prudemment et faillit retomber aussitôt, le souffle coupé par la douleur.
Les autres. Où étaient les autres ? Pourquoi était-iel seul.e ? Non, c'était faux, iel sentait une présence à ses côtés.
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OS Good Omens
FanfictionUn ange bibliophile et libraire à mi-temps, un démon qui n'est pas vraiment tombé mais qui a plutôt vaguement trébuché, des supérieurs condescendants, un faux Antéchrist, un chien des Enfers nommé Toutou, tout un tas d'humains, une foule de phénomèn...