Chapitre 11

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Alex passa une très mauvaise semaine. D'abord, alors qu'il avait décidé de se jeter à corps perdu dans le travail pour ne pas penser à Claire, ce mois de juin se révélait décevant pour les affaires. D'ailleurs, après le contrat signé avec Bonamy, il y avait fort à parier que plus rien ne se ferait avant le mois de septembre. Ensuite, il était incapable de ne pas penser à la sœur de Jean. Malgré lui, des bribes de leur conversation dans le parc lui revenaient en mémoire et il se maudissait de ne pas avoir su lui parler, de ne pas avoir su lui montrer qu'il ne la jugeait pas mal. Elle avait pris la mouche lorsqu'il avait évoqué les risques de la prostitution l'accusant d'être un hypocrite. Et il devait reconnaitre que pour un homme ayant sollicité les faveurs d'une professionnelle du sexe, il était très mal placé pour critiquer le plus vieux métier du monde.

Quand la reverrait-il ? Fallait-il qu'il retourne au Select ? Cette dernière idée lui déplut mais il passa tout de même la soirée du mardi puis celle du mercredi dans le club privé, en vain. Quelques entraîneuses lui firent comprendre qu'elles étaient à sa disposition mais il n'était venu que pour Claire et après deux heures du matin, il rentra chez lui bredouille.

Le jeudi, il regretta de s'être engagé auprès de Côme pour aller à la Cage d'Osier car il aurait pu retourner au Select. Il s'habilla cependant, observant son image dans le miroir du dressing. Au collège puis à Eton où il avait fait ses études, il avait fait de l'athlétisme et gardait un corps musclé même s'il devait reconnaître qu'à part l'équitation ou le tennis qu'il pratiquait quand il était chez ses parents à Marly-le-Roi, il ne faisait pas suffisamment d'exercice. Il enfila une chemise écrue et un costume en lin car la journée avait été étouffante. Il portait peu de tee-shirts à Paris et, de toute façon, la Cage d'Osier ne laissait entrer que les personnes correctement habillées ou dûment invitées.

Quand il arriva près du club avec Côme il était presque vingt-deux heures. Les clients étaient déjà nombreux à attendre et Alex regretta que son ami ait insisté pour qu'ils n'arrivent pas trop tôt. Agacés à l'idée de patienter dans la cohue, ils durent prendre leur mal en patience et attendre vingt minutes avant de pouvoir entrer dans le hall où ils déposèrent leurs vestes.

La Cage d'Osier était un pavillon rond, à l'entrée du bois de Boulogne et le hall, entouré de colonnes et dallé de marbre poli comme un miroir desservait trois salles. A peine arrivé, Côme fit le tour des salons à la recherche de la personne qu'il voulait voir. Alex l'attendit au bar du premier salon en sirotant un jus de fruit. Depuis son aventure au Select, il redoutait un peu les cocktails exotiques proposés dans les clubs.

En observant les clients qui arrivaient derrière lui, il décida de ne pas rester davantage. Si Côme avait trouvé la personne qu'il cherchait, lui, Alex, prendrait un taxi pour aller au Select. Il brûlait de revoir Claire et s'avoua que s'il devait payer pour l'avoir une nouvelle fois, il était prêt à le faire. L'expérience, même s'il avait bu et n'était sans doute plus lui-même, lui avait laissé un souvenir incandescent. Côme revint, un grand sourire fendant son mince visage mince.

– Elle est là Alex.

– Bon. Eh bien moi, je vais partir. Je ne me sens pas très bien.

– C'est vrai ? C'est dommage. Cet endroit est charmant tu sais. On peut y faire des rencontres intéressantes.

– Non, Côme, je suis désolé. Je crois que je n'aurai pas dû venir. Ne t'inquiète pas pour moi, je vais rentrer sans me presser, j'ai envie de marcher un peu.

Alex n'avait pas envie de dire à son ami qu'il était obsédé par la sœur de Jean et qu'il comptait passer sa nuit au Select en espérant qu'elle y soit. C'était fou, ce désir qu'il avait de la revoir ! Il n'avait jamais eu autant envie d'une fille. Jamais.

La fille du SelectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant