Chapitre 3 - Le palais de BeauxBatons

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Le spectacle était vraiment à couper le souffle. Dans le soleil couchant, les carrosses se rapprochaient du palais de BeauxBatons dont on distinguait les contours plus nettement à présent. C'était un magnifique palais en pierre de type renaissance, construit en forme de U sur plusieurs étages. On voyait très nettement, vu du ciel, les jardins à la française très travaillés qui entouraient la bâtisse principale. Un pont à arcades partait du côté gauche du bâtiment et traversait un petit lac pour rejoindre la ménagerie de l'école. Le plus magnifique était certainement l'immense fontaine au centre du U, même si, vu d'en haut, on ne pouvait en deviner les détails. Le Palais était entouré de montagnes, ce qui rendait la scène majestueuse.

- Aaaaahhhh !!!! crièrent les élèves à l'unisson quand les cinq chevaux ailés prirent un virage en épingle pour amorcer l'atterrissage.

Laurens et Odran se cramponnaient à leurs sièges mais n'étaient pas les seuls ! Contre toute attente, l'atterrissage fut plutôt doux et un soupir de soulagement se propagea parmi les élèves.

La petite voix suraigüe et stridente de Melle Maccari résonna dans l'habitacle du carrosse, amplifiée de manière magique :

- Nous sommes arrivés au Palais de Beauxbatons. Je vous demande de bien vouloir sortir DANS LE CALME (sa voix était partie encore plus dans les aigus, Laurens n'aurait jamais pensé que cela puisse être possible). Je demande de vous mettre en rang par deux et aux Préfets de bien vouloir accompagner les élèves dans la salle principale.

A ces mots, une préfète de dernière année se leva. Il s'agissait de la grande sœur d'Odran, une jolie sorcière âgée de 17 ans qui entrait en 6ème année. Elle avait tout comme son frère de grands yeux verts pétillants et de longs cheveux noirs très lisses qui lui tombaient jusqu'au milieu du dos. Elle avait un maintien naturel très élégant, un peu comme une danseuse classique.

- Bonjour, dit-elle dans un sourire en s'adressant aux élèves autour d'elle, je m'appelle Pauline Lecours. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis donc Préfète à BeauxBatons, je vous remercie de bien vouloir me suivre.

Elle se dirigea vers la sortie du carrosse, tapota sur la porte avec sa baguette magique afin que celle-ci s'ouvre, puis elle sauta à terre en souplesse et déplia le marche pied d'or. Les élèves sortirent dans le calme. Les élèves de Beauxbatons étaient en règle générale très disciplinés. Estelle, qui débutait sa 1ère année avait l'air très impressionné. Laurens l'observa avec un sourire, se remémorant ses propres souvenirs de l'an dernier lorsqu'il était lui-même nouveau dans l'école. Pauline adressa un sourire à Laurens au moment où il passait devant elle et lui ébouriffa les cheveux, comme aurait pu le faire une grande sœur. Laurens lui rendit son sourire. Il avait toujours apprécié la grande sœur d'Odran.

A présent qu'il était arrivé, Laurens ressentait une bouffée d'excitation l'envahir. Il avait adoré ses vacances en famille bien sûr ainsi que de revoir des copains non sorciers de son école primaire. Mais au fond de lui, Beauxbatons et le monde de la magie lui avait manqué tout l'été. Il était impatient que l'année scolaire commence. Il se sentait en ce moment précis très privilégié d'appartenir au monde des sorciers et de pouvoir faire partie d'une école aussi majestueuse que l'école de Beauxbatons. Au fond de lui, il pouvait comprendre la jalousie d'Octave. Il repoussa vite cette pensée de sa tête.

Il faisait à présent nuit noire, ce qui fait qu'on ne pouvait absolument rien distinguer de la beauté du bâtiment ni des jardins. Marion tenait la main de sa petite sœur Estelle lorsqu'elles pénétrèrent dans le hall du palais. Laurens se tenait à côté d'Odran. Il fit quelques sourires à la ronde en apercevant certaines têtes connues et amicales. A peine avaient ils pénétré dans le hall qu'une musique envoûtante emplit leurs oreilles. Un archet frottait les cordes d'un violon sans qu'aucun musicien ne l'accompagne. Un mini orchestre d'instruments leur jouaient une symphonie de manière complètement autonome. Estelle les observait, bouche bée.

Lorsqu'ils entrèrent dans la Salle principale, qui était également la Salle à Manger, Laurens ne put s'empêcher de lever les yeux au plafond comme la plupart des élèves. Le plafond à caissons devait se situer à 12 mètres au-dessus de leurs têtes, entièrement composé de panneaux carrés de bois où l'on distinguait des personnages peints dans des tons bleus nuit et de fines dorures. Un grand escalier se trouvait sur leur gauche et menait à une coursive à balcon. Celle-ci effectuait tout le tour de la pièce. De là-haut on bénéficiait d'une vue plongeante sur la Salle à Manger, où de lourdes tables rondes en bois ouvragé pouvant accueillir dix personnes étaient disposées. Pauline leur fit signe de prendre place dans le silence. Elle allât elle-même s'assoir à la table voisine avec d'autres préfets de son âge.

La musique se transforma soudain en une symphonie théâtrale et conquérante : la directrice de cette école, Mme Olympe Maxime venait de faire son entrée. A sa vue, tous les élèves de BeauxBatons se levèrent en signe de respect. Sa longue robe de velours bleue nuit, somptueuse et parsemée d'étoiles, frottait le sol à mesure qu'elle s'avançait d'un pas conquérant le long de l'allée. Elle portait d'énormes bagues d'opale à chaque doigt. Ses grands yeux noirs, au milieu de son visage au teint olivâtre, fixaient sur son passage chacun des élèves d'un air chaleureux et ses cheveux noirs, tirés dans un chignon parfait lui donnait l'allure d'une danseuse de flamenco. Enfin, un détail mais non des moindres, Mme Maxime faisait la modeste taille de 2 mètres 50 environ.

- Bonsoir, bonsoir mes chers élèves ! lança-t-elle à la cantonade, quel plaisir de vous retrouver pour une nouvelle année d'apprentissage. Je vous souhaite à tous, et surtout à nos nouveaux petits élèves, la bienvenue dans notre beau palais de Beaux-Bâtons. Pour le moment, assez parlé. Place au repas et bon appétit à tous !

A ces mots, les assiettes des élèves se remplirent de mets plus succulents les uns que les autres. Laurens, affamé, dévora son repas. Une fois les assiettes vidées et les estomacs bien remplis, la directrice reprit la parole pour informer les élèves qu'il était grand temps de rejoindre leurs dortoirs respectifs. Laurens se fit la réflexion que le voyage l'avait épuisé et qu'il serait effectivement ravi de rejoindre son lit. Il existait quatre dortoirs différents dans le Palais de Beaux-Bâtons. Etant situés dans les tourelles aux quatre coins opposés du Palais, on les avait nommés d'après les points cardinaux. Laurens et Odran appartenait au dortoir Sud, qui donnait sur le lac.

Mme Maxime fit tournoyer sa baguette magique au-dessus de sa tête dans un mouvement circulaire. Aussitôt, des insignes colorés représentant les couleurs de chaque différent dortoir se mirent à briller sur la poitrine des 1ères années. S'en suivit un joyeux brouhaha pour se mettre en quatre colonnes respectives. Melle Maccari s'efforçait de maintenir l'ordre parmi les élèves mais ce fut que lorsque Madame Maxime tapa dans ses mains que les quatre colonnes d'élèves prirent tour à tour l'immense escalier et se disséminèrent aux quatre coins du Palais.

Après un long moment à marcher dans les dédales du Palais, Pauline, qui était en tête de leur colonne, s'arrêta devant une imposante porte en bois dont les gravures représentaient la Croix du Sud.

- Nous voilà arrivés. Retenez bien le mot de passe, informa-t-elle en se tournant vers le groupe d'élèves, il s'agit de Kappa Crucis.

A présent qu'il était dans le dortoir, Laurens n'avait qu'une envie, se coucher et s'endormir. Une fois confortablement installé dans son lit, Laurens passa la tête par-dessus la rambarde du lit superposé qu'il partageait avec Odran.

- Bonne nuit mon pote !

- Toi aussi, lui répondit celui-ci d'une voix ensommeillée.

Laurens s'allongea avec l'intention de lire une page de son livre avant de dormir. Quand il l'ouvrit, un papier en tomba. « Prend soin de toi, tête de pioche » avait écrit son frère Octave. Un grand sourire barra le visage de Laurens qui, reposant le livre, plongea quasi instantanément dans un profond sommeil.

Laurens à l'école de BeauxBatonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant