Laurens à l'école de BeauxBatons

Chapitre 15 - Un Noël à la maison

Octave se réveilla dans le dortoir du Palais de Beaux-Bâtons. Laurens lui avait expliqué la veille, alors qu'ils se changeaient pour le bal, que certaines pièces du Palais avaient été agrandies de manière magique afin de pouvoir accueillir toutes les familles. En effet, les proportions du dortoir ne semblaient pas correspondre avec le bâtiment extérieur. La mémoire de la soirée lui revenant à l'esprit à mesure qu'il se réveillait, Octave ressentit des picotements dans le ventre. Il n'avait que Pauline à l'esprit.

Un coussin reçu en pleine figure acheva de le réveiller. Suivi de près par un deuxième coussin.

- Hé ! protesta-t-il

Les coupables n'étaient autres que Laurens et Odran qui avaient maintenant un fou rire.

- Désolé, on n'a pas pu résister. Tu avais un air tellement idiot sur le visage ! lui apprit son frère.

Octave leur renvoya à son tour les coussins à titre de vengeance, puis se leva d'un bond. Il savait qu'il repartait en fin de matinée, hors de question de gâcher une seule minute.

- Je ne t'ai pas connu si matinal Octave, se moqua Laurens.

Malgré ses blagues, Octave trouva que son frère avait un visage tendu et grave. Il se promit de lui en parler pendant le voyage de retour. Laurens rentrait avec eux pour les vacances de Noël. Octave s'habilla rapidement puis s'activa à chercher ses affaires, éparpillées un peu partout au pied du lit. Il voulait préparer sa valise avant de quitter le dortoir. Laurens prit sa baguette magique et d'un seul geste, fit s'envoler tous les vêtements pour les replier en un tas bien net au pied de son lit. Octave le fixait, sidéré.

- Je suis un sorcier, crut bon de lui rappeler Laurens

- Pourquoi tu ne fais pas ça à la maison, ça serait tellement plus pratique !

Odran et Laurens se regardèrent, puis Laurens haussa les épaules.

- Je ne devrais pas te donner cette information capitale. Mais il se trouve que nous n'avons pas le droit d'utiliser la magie à la maison avant notre majorité.

- Quoi ?! s'étouffa Octave

Il venait de repenser à cet été entier où Laurens l'avait menacé de lui jeter un sort. La surprise surpassa la colère et heureusement pour Laurens, Octave avait hâte de descendre au petit déjeuner. Mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il n'y aurait pas de vengeance !

- Tu es horrible ! lui asséna Octave

- Un vrai scrout à pétard, précisa Odran

Octave prit ses affaires d'un geste rageur et les fourra dans sa valise.

- Bon, on y va ? les pressa-t-il

- D'accord, répondit Laurens en souriant, il ne faudrait pas faire attendre Pauline

- Rien à voir, dit Octave en rougissant, j'ai juste faim !

Lorsqu'ils pénétrèrent dans la Salle à Manger, elle était pleine à craquer. Octave cherchait la jeune sorcière mais ne la vit nulle part. Il vit cependant ses propres parents dans un coin de la salle en conversation avec une jeune femme en blouse blanche. Ses parents avaient un visage fermé et il vit sa mère porter sa main à sa bouche, catastrophée. Allons bon, quoi encore ? Il n'eut pas le temps de s'y appesantir car Pauline entrait dans la salle avec sa mère et son cœur rata un battement. La soirée d'hier avait été merveilleuse et si Octave se sentait un peu inquiet de l'attitude de Pauline ce matin, il fut vite rassuré au sourire éclatant qu'elle lui adressa.

Elle lui proposa de prendre une brioche et d'aller balader dans le parc, ce qu'il accepta avec plaisir. La matinée passa trop rapidement au goût d'Octave et bientôt, il fut l'heure du départ. Même si son cœur se serrait à cette idée, Pauline lui avait promis qu'ils continueraient leur correspondance et qu'ils se reverraient aux prochaines vacances. Alors qu'il remontait dans le carrosse accompagné de son frère et ses parents, il se dit qu'il avait quand même de la chance de toucher cet univers du doigt, et que c'était grâce à son frère.

Tout aux émotions de son cœur, il ne remarqua pas les visages angoissés de ses parents. Pas plus qu'il ne parla à Laurens comme il se l'était promis de le faire. En effet, il passa tout le trajet retour à ronfler !

Ce fut une fois chez eux qu'il apprit la nouvelle de la potion à Ricochet. Comme Laurens et ses parents avant lui, cette annonce le dévasta. Peut être encore plus que la première fois. Il refusa de céder à la panique et se donna pour mission de faire passer de belles fêtes de Noël à sa famille. Il faisait tout son possible pour égayer la maison.

Bizarrement, malgré cette épée de Damoclès qui pesait au-dessus de leur tête, ce fut un de leurs plus beaux Noël. Un de ceux où on se dit qu'il faut profiter à fond car on ne sait pas de quoi demain sera fait.

Une fois les fêtes passées, Octave remarqua que l'air grave et absent qu'il avait remarqué sur le visage de son frère après le bal de Beaux-Bâtons était de retour. Au fil des jours, il se faisait de plus en plus persistant. Laurens semblait avoir perdu sa joie de vivre et se renfermait sur lui-même. Octave se disait qu'il avait besoin de digérer la nouvelle du Ricochet et que ça irait mieux ensuite.

La veille du réveillon de la Saint Sylvestre, Laurens avait été particulièrement taciturne toute la journée. Il avait passé la moitié de l'après-midi dans sa chambre. Voyant que ses parents s'inquiétaient, Octave avait proposé d'essayer de lui parler. Il frappa doucement à la porte de sa chambre. N'ayant aucune réponse, il poussa doucement le battant. Laurens était assis sur son lit, les yeux fixés vers l'extérieur.

- Qu'est ce tu fais enfermé ici ? Tu ne veux pas descendre ? On pourrait regarder un film ?

Octave proposait cela exprès car il avait entendu son frère râler plusieurs fois sur le fait qu'aucune télévision n'existait ou ne pouvait même fonctionner dans le monde magique. Laurens se tourna doucement vers lui,

- Je ne veux plus retourner à Beaux-Bâtons, balança Laurens