Chapitre 16 - Frères malgré tout

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- Tu, quoi ???!!! répondit Octave complètement médusé

Laurens restait silencieux, il retourna son attention vers la fenêtre. Octave avait du mal à comprendre ce qui poussait Laurens à vouloir arrêter son école. C'était l'endroit le plus merveilleux du monde, et il pesait ses mots !

- Tu veux en parler ?

- Non, répondit Laurens complètement hermétique à la conversation.

Octave sentit que ce n'était pas la peine d'insister. Aussi, après lui avoir tapoté maladroitement l'épaule, il sortit de la chambre...

Quelques jours plus tard, Octave aborda à nouveau le sujet. Laurens semblait un peu moins fermé. En outre, l'école était censée reprendre dans moins de deux jours. C'était le moment ou jamais ! Octave tenta une approche alors que son frère jouait à un jeu de construction dans sa chambre. Il prit lui aussi quelques blocs qu'il assembla. Ils restèrent un moment silencieux, à construire ce vaisseau spatial que Laurens avait reçu pour Noël.

- As-tu réfléchi à ta décision, tu sais, pour Beaux-Bâtons ?

Les épaules de Laurens se tendirent un peu, mais il ne mit pas fin à la conversation directement. Aussi, Octave continua :

- Je ne pensais pas te dire ça un jour, mais ils perdraient un fameux sorcier. Tu sais, je ne t'avais finalement jamais vu pratiquer la magie à la maison, et tu as l'air plutôt doué. Ça serait dommage d'arrêter.

- Tu ne comprends pas....

- Alors explique-moi ?

Laurens poussa un long soupir. Il semblait déprimé et sans énergie, ce qui ne lui ressemblait pas du tout !

- Je me dis que ça n'a pas d'intérêt, c'est tout.

- Je prendrais bien ta place moi, tenta Octave sur le ton de l'humour

- Tu crois que je ne sais pas ça ? Tu crois que ça ne me fait pas souffrir d'être le seul dans cette famille à posséder des pouvoirs magiques ? Toute cette magie qui nous sépare ! Crois-moi que si je pouvais t'en donner, je l'aurais déjà fait !

Octave resta interloqué. Jamais, il n'aurait pu penser que son frère souffrait autant que lui de la situation. Il soupira. Il était temps pour lui de jouer son rôle de grand frère.

- Ecoute. Je sais que j'ai été très dur avec toi. Cela n'a pas été facile d'apprendre que mon petit frère était un sorcier. Mais je pense à présent qu'il est grand temps que l'on s'accepte tel que l'on est. Tu es un sorcier et je suis un « moldu ». C'est comme ça. Il faut maintenant qu'on joue notre vie avec les cartes que l'on a reçues. On peut continuer à s'en vouloir ou à culpabiliser, mais ce n'est pas comme si on avait un quelconque pouvoir là-dessus, n'est-ce pas ?

Laurens restait silencieux. Il semblait comme égaré. Après un long moment, il tenta d'expliquer :

- Il y a autre chose... Depuis que j'ai eu cet accident de potions, je me sens différent. Rien n'a de sens. Rien n'a d'intérêt.

Ce fut au tour d'Octave de rester silencieux. Il revoyait son frère ces derniers jours, complètement renfermé sur lui-même et ne savait quoi lui dire pour lui redonner goût à la vie.

- Concernant l'accident et ton empoisonnement, dit Octave avec les yeux qui commençaient à briller, on ne saura jamais pour quelle raison cela t'es tombé dessus. Mais tu as survécu et tu es bien vivant. Je sais que le guérisseur t'a parlé de sursis, qu'il y avait des probabilités que le poison revienne. Mais pour le moment ce n'est pas le cas, il ne reviendra peut être jamais. On ne sait pas. Ce n'est pas une raison pour ne pas vivre. Tu ne vas certainement pas rester à te morfondre dans ta chambre. Donc tu vas bouger tes fesses et retourner à Beaux-Bâtons, c'est moi qui te le dis !

Laurens, qui avait écouté son frère débiter sa litanie, soupira encore, comme si le poids du monde se trouvait sur ses épaules.

- Il s'appelle Leonidas Gandollet...

- Comment ? dit Octave, qui se demandait si son frère n'avait pas perdu la boule en fin de compte

- Le sorcier qui a tenté, en 1734, de transmettre de ses pouvoirs magiques à un membre de sa famille qui n'en avait pas.

Laurens eut soudain un petit sourire en coin et se lança dans une explication.

- Il a passé des années entières à tester toutes sortes de choses. Un jour, un sort qu'il expérimentait s'est retourné contre lui, et il en est mort. J'avais fait des recherches, tu sais ? Mais il semblerait que la magie soit une des rares choses de ce monde qu'il ne soit pas possible de donner. Comme la santé d'ailleurs...

Octave se sentait bien plus touché par l'aveu de son frère qu'il ne pouvait l'admettre.

- Depuis quand es-tu devenu aussi sage ? dit-il pour dédramatiser le moment

- Je ne sais pas, se mit à rire Laurens, qui semblait redevenir un peu plus lui-même

- Ça fait peur honnêtement, ajouta Octave

- Il est grand temps qu'on ait à nouveau des conversations de notre âge, renchérit Laurens avec un sourire plus large

- Grave ! Une partie de foot dans le jardin, ça te dit ?

- Et comment ! Prépare-toi, « moldu », parce que je vais te mettre la pâté !


Laurens à l'école de BeauxBatonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant