Chapitre 11 - Liberté

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 Finalement, le guérisseur Fraisier avait tort... Une semaine avant la fin des cours, Laurens fut enfin autorisé à sortir de son isolement. Il ne savait dire quel avait été le meilleur moment : M. Purseigle lui ouvrant la porte de sa chambre en grand, serrer les personnes qu'il aimait dans ses bras sans aucune protection, sentir le vent lui caresser la joue délicieusement après huit semaines enfermé, la fête qui l'attendait au dortoir Sud avec tous ses camarades ou même l'étrange câlin que lui donna Melle D'Amours en sanglotant...

Laurens mesurait chaque moment à sa juste valeur. Il faut avoir été privé de santé et de liberté pour comprendre à quel point chaque détail compte. Le lendemain de sa sortie, Odran et lui prirent leurs balais volants dans la réserve et s'envolèrent jusqu'à la ménagerie. Le paysage d'hiver qui s'était à présent installé sur le Palais de Beaux-Bâtons était magique. Les teintes douces et bleutées de la montagne, le scintillement du lac sous le doux soleil de décembre, la géométrie des jardins à la française de l'école, tout cela n'avait pas de prix.

Le lundi arriva. Bien sûr, Madame Maxime la Directrice, qui était très à cheval sur le respect des règles, insista pour que Laurens se rende en classe. Pas de traitement de faveur ! Enfin si, un peu tout de même puisqu'il était dispensé des examens de fin de trimestre. Il avait beau avoir travaillé pour rattraper les cours manqués, il accumulait quand même un certain retard.

Comme les examens se déroulaient les après-midi, il profitait de ce temps libre pour aller caresser les Demiguises ou Zuri à la ménagerie, lire dans la salle commune de son dortoir ou bien se reposer : il se sentait tout de même encore très fatigué, en convalescence. D'autant plus qu'il continuait chaque matin et chaque soir à ingurgiter des potions, pour la phase de consolidation de son traitement.

A la sortie de l'examen d'histoire de la magie, Odran vient le rejoindre dans le confortable canapé au cuir rouge et usé de leur salle commune :

- Ouf, plus que l'examen d'astronomie demain et enfin les vacances de Noël ! Franchement je suis assez content, je pense que j'aurai la moyenne partout

- Ben moi j'ai l'impression d'avoir tout raté, intervient Lilian qui venait de les rejoindre

- Tu dis ça à chaque fois, puis tu finis par avoir les meilleures notes de la classe, le stoppa tout net Odran

- Mais pas cette fois, je pense avoir répondu faux aux questions sur les sortilèges d'attraction, expliqua Lilian

Laurens suivait leur échange d'un air amusé. Il avait toutefois autre chose en tête que les examens : la fête de Noël de ce week-end ! Il était prévu que les familles des élèves les rejoignent à l'école, ce qui était exceptionnel ! Même les familles d'origine moldues avaient l'autorisation de se rendre au Palais, ce qui était le cas de Laurens et de pas mal d'autres élèves. Il avait hâte de revoir ses parents, qui n'avaient pas encore pu venir depuis sa sortie de la chambre protégée. Et surtout, il était impatient de voir la réaction d'Octave. Son état de santé les avait un peu rapprochés, et il espérait beaucoup de sa venue à Beaux-Bâtons pour atténuer leurs querelles. Peut-être que s'il avait l'impression d'être inclus, Octave arrêterait ses crises de jalousie.

Une autre qui avait l'air de s'intéresser à la venue d'Octave dans l'école était Pauline, la grande sœur d'Odran... Elle venait de les rejoindre à son tour sur le canapé :

- Quel plaisir de te revoir ici Laurens ! Ça manquait d'animation sans vos habituelles bêtises à Odran et toi !

- Tu ne peux pas savoir comme ça m'a manqué aussi, avoua Laurens

- Ta famille vient pour la journée « portes ouvertes » ? s'enquit Pauline d'un air qu'elle voulait dégagé

- Oui, ils arrivent demain dans la matinée, se réjouit Laurens

- Ton frère vient aussi ? s'intéressa Pauline, rougissant et faisant semblant de faire la conversation d'une manière peu naturelle aux yeux de Laurens.

- Cet enquiquineur ?? Oui il sera là, il ne manquerait pas une occasion de venir me casser les pieds en personne, répondit Laurens. Je pensais qu'il te l'aurait dit dans ses lettres non ? Cette correspondance entre vous, ça va toujours comme tu veux ?

- Oh... C'était juste pour l'informer de ton état, ne va rien t'imaginer, se justifia Pauline en se levant du canapé pour s'éloigner. Mais trop tard, Laurens avait pu apercevoir son teint à présent rouge tomate. Odran et lui se jetèrent un regard entendu de conspirateurs.

Le samedi matin, toute l'école se tenait devant la fontaine, prêts à accueillir les familles. Le Palais de Beaux-Bâtons avait revêtu ses plus beaux atours pour l'occasion. De gigantesques sapins de Noël, scintillants sous leurs décorations rouges et or, ornaient la Salle à manger. Des sculptures de glace éternelle étaient disposées un peu partout dans le Palais. La glace était si pure qu'on aurait dit du diamant qui étincelait de mille feux. Une musique de Noël diffusée de manière magique vous charmait les oreilles où que vous soyez dans le Palais et surtout, depuis le matin, de délicieux effluves s'échappaient des cuisines et embaumaient tous les couloirs.

Les familles firent leurs arrivées dans les fameux carrosses. Laurens s'imaginait sans peine la tête surprise d'Octave là-dedans, et avait de la peine à garder son sérieux. L'excitation était à son comble parmi les élèves au moment où les portes s'ouvrirent. Personne n'avait vu sa famille depuis la rentrée et un grand bal était prévu le soir même. Jamais il n'y avait eu autant de monde à Beauxbatons !

Enfin, Laurens aperçu ses parents parmi la foule. Il se précipita sur eux, la gorge serrée... Pour la première fois depuis longtemps, il put les prendre dans ses bras sans protection en peau de dragon. Sa mère l'embrassait partout et son père le tapotait maladroitement sur l'épaule. A sa grande surprise, Laurens se mit à pleurer à gros sanglots, comme si quelque-chose se libérait à l'intérieur de lui. Derrière ses parents, il aperçut Octave qui se tenait à l'écart, son air renfrogné coutumier inscrit sur son visage. Laurens se dégagea des bras de sa mère et fonça sur son frère qu'il étouffa dans ses bras. Octave le serra fort en retour. Après un long moment, ils se dégagèrent sans oser se regarder dans les yeux.

- Ahhh mes garçons, sanglotait Ornella leur mère.

Frédéric, le père, suivait la scène les yeux embués. La magie de ces retrouvailles au goût particulier fut rompue par l'arrivée d'Odran, se frayant un chemin parmi les nombreux élèves et familles encore présents dehors.

- Ah, te voilà ! s'exclama Odran. Il trainait ses parents par la main. Papa, Maman, je vous présente Laurens mon meilleur ami !

- Enchanté, vous êtes la famille Luthier c'est bien ça ? Je suis M. Franck Lecours, se présenta un homme ressemblant comme deux gouttes d'eau à Odran mais version adulte.

Il se tourna vers Laurens,

- Je suis très content de constater que tu vas mieux Laurens ! Odran m'a raconté cet accident de potions, quelle horreur !

Il avait l'air réellement concerné. Puis, il se souvint de la présence de sa femme:

- Ah oui, je vous présente Angèle, ma délicieuse épouse.

Une femme élégante d'environ 40 ans aux cheveux bruns courts et au visage délicat se tenait à ses côtés. Elle portait une longue robe de sorcier violette, assortie à celle de son mari.

- Ravi ! s'exclama Frédéric serrant la main de M. et Mme Lecours. Et merci, nous sommes tous soulagés de voir que Laurens va mieux à présent. Voici ma femme Ornella et mon fils Octave.

M. Lecours se décala sur la gauche pour découvrir sa fille qui se tenait derrière lui.

- Vous connaissez déjà Pauline, il me semble ?

- Bonjour, balbutia-t-elle timidement, ce qui ne lui ressemblait pas.

Octave ne semblait pas plus à l'aise qu'elle et marmonna également un bonjour tout en fixant ses baskets. Odran lança un clin d'œil en direction de Laurens. Celui-ci intervint en proposant d'aller se réchauffer à l'intérieur. Des boissons d'accueil étaient servies dans le Hall. Laurens intercepta le regard soulagé d'Octave alors qu'ils prirent tous le chemin du Palais.

Laurens à l'école de BeauxBatonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant