Chapitre 13 - A la ménagerie

71 6 6
                                    


Pauline ne lui avait pas lâché la main et courait plutôt qu'elle marchait. Une fois sur le pont à arcades, elle ralentit enfin le pas et libéra sa main. Il ne sut alors quoi en faire et avait une drôle de conscience de son corps et de ses bras ballants. Pauline se mit à son niveau et ajusta son pas.

- Je t'emmène à la ménagerie, l'informa-t-elle, c'est un des endroits préférés de ton frère.

Telle une vieille habitude, la jalousie fit son retour dans le cœur d'Octave en entendant ces mots mais il essaya de la faire taire. Pauline avait l'air à l'aise et il l'écouta lui décrire les environs et les différents cours qu'elle suivait à Beaux-Bâtons. Il trouva facile de lui répondre, retrouvant leur complicité qu'ils avaient dans leurs échanges de courriers.

Ils arrivèrent enfin à la ménagerie et il aida Pauline à pousser la lourde porte de bois. Il régnait une douce chaleur à l'intérieur ainsi qu'une forte odeur provenant des animaux. Elle lui montra toutes sortes d'animaux aussi étranges les uns que les autres. Octave était très impressionné mais il essayait de ne pas trop le laisser paraitre, de peur de passer pour un idiot aux yeux de Pauline. Décidemment, cette journée était riche en rebondissements !

Arrivés devant le box d'un immense cheval blanc ailé, Pauline s'assit sur un banc y faisant face.

- Alors ? Que penses-tu ? s'enquit-elle

Octave n'osait pas vraiment soutenir son regard. Il faut dire qu'elle avait des yeux verts... Comment les décrire ? Et bien, les plus beaux yeux verts qu'Octave n'avait jamais vus.

- Hum... croassa-t-il, se maudissant que sa voix ne parvienne pas à façonner une phrase digne de ce nom. Il avait perdu la fluidité des échanges sur le chemin.

- Impressionnant n'est-ce pas ? continua Pauline que son silence n'avait pas l'air de déranger.

Octave hocha la tête pour toute réponse. Ils restèrent un long moment silencieux, à observer le palominos blanc qui grattait le sol avec ses sabots.

- Je... commença Octave

- Tu... commença Pauline au même moment, elle se mit à rire, toi d'abord.

- Heu... je voulais te remercier de m'avoir écrit. Tu sais, quand Laurens était malade... Et pour, enfin, je... merci, débita Octave d'un seul trait.

Il regardait Pauline du coin de l'œil et eut l'impression qu'elle rougissait. A moins que ce soit simplement le fruit de son imagination.

- C'est bien normal, répondit Pauline. Je me suis mise à ta place et j'aurais aimé qu'on fasse la même chose pour moi. J'aime beaucoup ton frère, confessa-t-elle, un peu comme un petit frère. Je me suis inquiétée aussi. Et puis... j'adore lire des anecdotes sur ton lycée, je trouve ça tellement intéressant !

Octave la regarda interloqué.

- Ben oui, ajouta-t-elle en voyant son air surpris, j'ai grandi dans une famille de sorciers et je ne connais absolument rien au monde des non sorciers !

Octave écarquilla un peu plus les yeux. Il n'avait jamais envisagé cela sous cet angle. Qu'il puisse être aussi étrange pour elle qu'elle l'était pour lui. Lui qui trouvait sa vie si ennuyeuse et banale !

- Et puis, ça m'a permis de me forger ma propre opinion sur toi, depuis le temps que j'entends Laurens râler à ton sujet !

- Ha ? Et laquelle est-elle si je peux te demander ? se redressa Octave, poings sur les hanches, prêt à se défendre.

- Que tu es un sacré râleur... Mais que tu as un cœur en or. Et que tu es bien loin de détester ton frère.

Octave restait figé dans sa position. Puis sembla d'un coup se dégonfler comme un ballon de baudruche.

- Des fois, je me dis que tout est de ma faute... Si Laurens a eu cet accident, murmura t il

- Que vas-tu penser ? l'interrompit Pauline

- Tu ne comprends pas !!!

Octave s'était levé à présent et criait presque :

- C'est de ma faute ! Je l'ai souhaité ! Enfin pas vraiment souhaité mais pensé tellement de fois... Je suis quelqu'un d'horrible ! Je n'ai pas DU TOUT un cœur en or comme tu le dis !

Le palominos se mit à hennir et à frotter ses sabots sur le sol en entendant Octave crier. Celui-ci avait le souffle court. Comme s'il avait couru un marathon. Pauline se leva à son tour, se planta en face de lui en le fixant droit dans les yeux :

- Tu n'y es pour rien, tu m'entends, expliqua-t-elle d'une voix très douce, c'était un accident. Juste un accident... Aucun être humain, qu'il soit sorcier ou non, n'a le pouvoir de faire du mal à une autre personne par la pensée. Tu n'as en aucun cas ce pouvoir, Octave.

Elle lui saisit la main à ces derniers mots et Octave sentit l'étau qui lui comprimait la poitrine depuis des semaines se desserrer. Il se sentait comme vidé. Il releva la tête et soutint longuement le regard de Pauline qui ne lui avait pas lâché la main. Il vit les paillettes dans ses yeux verts, le temps semblait suspendu. Il sentit son cœur s'emballer. Puis pratiquement imploser à mesure que leurs lèvres se joignaient. Il comprit à cet instant que la magie avait de multiples facettes. Et elle avait la faculté de pouvoir se manifester de manière bien inattendue.

Le soleil commençait sa descente derrière les montagnes lorsqu'ils rejoignirent enfin le Palais de Beaux-Bâtons. Le ciel se parait de milles et unes couleurs violacées. Pauline s'excusa auprès d'Octave, elle devait s'habiller pour le bal qui débutait dans une heure à peine. Elle déposa un baiser furtif sur sa joue.

Leurs parents étaient eux aussi partis se changer. A vrai dire, la Salle à Manger était quasiment déserte. Octave se laissa tomber sur une lourde chaise de bois à côté de son frère, qui était assis seul. Il fixa l'immense sapin scintillant d'un air absent, se touchant la joue, un sourire accroché à ses lèvres.

- Qu'est ce qui t'arrives ? s'inquiéta Laurens, vous ne seriez pas tombés sur un géant dans les sous-bois ?

Octave secoua la tête de gauche à droite comme toute réponse.

- Ho.... Hooo ???? ajouta Laurens qui commençait à comprendre. Toi et Pauline ??? Trop cool !!!!

Octave devint rouge comme s'il avait bu une potion de Pimentine particulièrement épicée et Laurens lui tapota la main d'un signe compréhensif.

- Bon, vous allez dégager les lieux vous deux ? intervint une magnifique élève blonde de 5ème année, on a un bal à installer ici !

- Ah oui, bien sûr ! répondit Laurens en repoussant sa chaise, viens Octave, allons-nous préparer aussi.

- Qui c'était celle-là ? demanda Octave une fois qu'ils se furent éloignés, elle n'a certainement pas pris de cours d'amabilité...

- Oh... c'est une des élèves les plus brillantes de cette école, Fleur Delacour.


Laurens à l'école de BeauxBatonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant