3. Le piège des mots

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LEE MIN HO :

"Aujourd'hui aura été une journée difficile. Je suis triste. C'est bien de pouvoir vous parler sans que l'on se connaisse !"

Je relis ce message une dizaine de fois. Il y a quelque chose qui me touche dans cette phrase. Et je ne retiens que "difficile", "triste". Elle émeut mon cœur, bouscule mes émotions. Je la revois courir désespérément vers son amie qui ne lui a pas répondu. Elle s'accroche de toutes ces forces à ce qui est bien pour elle. Sa détermination, son inquiétude pour une personne qu'elle affectionne, c'est ce qui m'oblige à repenser à elle, en boucle. Elle semble une bonne personne.

"Désolé d'intervenir dans votre vie ! La difficulté fait partie de notre quotidien, sinon la vie serait ennuyeuse, comme l'est la mienne !" je lui réponds.

J'ai envie de lui confier quelque chose de douloureux pour moi. J'ai envie qu'elle s'intéresse à mon moi profond. Je tape sur envoyer. Je suis excité, troublé. Je viens de franchir une des limites que je me suis imposé : ne pas me dévoiler.

"Pouvons nous communiquer ensemble de temps en temps ? Pas besoin de m'informer sur votre identité !" Elle répond.

Je suis d'accord avec elle. Nous pouvons échanger sans nous révéler. Cette idée est intéressante, tout comme l'est le personnage que j'ai observé. Elle est séduisante jusqu'au bout des mots.

"J'en serais honoré !" Je tape et je souris en l'envoyant.

Elle ne répond pas. Elle s'est peut-être endormie ! Je me couche également, il est tard, et je crois savoir que cette jeune femme travaille. Je sais où elle habite, où elle travaille. Je peux l'observer à loisir sans éveiller ses soupçons.

J'ouvre mes yeux. Il est presque trois heures de l'après-midi. Cela fait très longtemps que je n'ai pas dormi autant. Je me sens reposé. Je me lève, et je consulte mon téléphone. Elle n'a pas répondu à mon dernier sms. Je m'évade de mon quotidien quand je communique avec elle.

Je suis une star, je vis dans des palaces dans des endroits différents à longueur d'années. Je ne suis pas trop disponible, mais pour discuter avec elle, je n'ai pas trop besoin de cette disponibilité. C'est une relation d'échange de mots, une relation d'échange d'idées, et de réconforts écrits. Ce n'est qu'une relation abstraite, rien de concret. Nous n'aurons pas de contact, pas de visuel, juste des mots sur nos téléphones.

"Vous allez mieux !" J'envoie.

C'est la première fois que je la contacte en premier. On dirait que c'est moi qui ait besoin de lui parler.

"Oui et vous ?" Elle répond immédiatement.

Mon cœur bat très vite dans ma poitrine. Cette réponse instantanée me rend heureux.

"Que faites-vous aujourd'hui ?" Je la questionne par curiosité.

" Devons-nous entrer dans les détails de nos vies ?" Elle m'interroge en réponse.

Je souris. Évidemment, elle n'a pas tort, nous avions décidé de rester discrets sur nous.

"Nous ne sommes pas obligés, et j'ajouterais que c'est mieux ainsi, très chère Ahn Gy !" Je saisis et j'envoie.

"Comment connaissez-vous mon prénom ?" Elle s'inquiète.

"Vous me l'avez écrit, la première fois que nous avons discuté ensemble !" Je lui rappelle.

Le destin ... s'amuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant