[Is It Love - Daryl] Sulfureuse Tentation

- III -

Mandy

Sa tête était hilarante quand je l'ai quitté que j'en rigole encore en arrivant auprès des garçons qui discutent autour d'un verre de whisky, assis sur le canapé en cuir noir du rappeur. Après un bref mouvement de tête de ce dernier, je m'installe à côté de mon collègue en souriant fièrement.

- Oh toi, tu as fait une bêtise, commence Matt, ne me dis pas que tu es allée voir mon frère ?

- Si, et crois-moi qu'il a bien besoin d'une douche glacée pour calmer ses ardeurs.

- Mon Dieu, je ne veux pas de détails !

Il me tend un verre que j'accepte volontiers. Après avoir trinqué avec eux, j'en bois une gorgée et le laisse le liquide taquiner mes papilles.

- Alors Joe, tu as visionné les images ? Qu'est-ce que ça donne ?

- Il faudra recommencer une ou deux fois mais rien de bien méchant, m'informe t-il.

- Est-ce une façon de me dire que j'aurais le privilège de revenir ?

- Absolument ! De toute façon, étant une amie de ce gaillard, dit-il en désignant le beau brun à mes côtés du menton, tu seras toujours la bienvenue.

- Merci beaucoup, Joe, avec plaisir !

Comme pour sceller ce "pacte" nous trinquons une seconde fois. La musique continue de se diffuser dans le loft et je bouge les épaules, emportée par le rythme entraînant de celle-ci, un sourire béat sur les lèvres.

- Hey, Daryl, viens te joindre à nous !

Je ferme les yeux sans m'arrêter de bouger et les rouvre quand je sens le fauteuil s'affaisser à ma droite. D'accord, deux jumeaux terriblement canons qui me prennent en sandwich sur le sofa, génial. J'ose un regard vers lui et constate qu'il a retrouvé ce petit rictus en coin insolent. Je soupire, lasse.

- Je ne vais pas tarder à rentrer, demain une grosse journée nous attend, ne l'oublie pas, Matt.

- Pas de risque, Gabriel m'a assez rappelé que ce dossier était important et que les délais étaient courts.

Il se penche et se tient la tête dans les mains.

- Parfois, j'ai envie de tout plaquer quand je vois à quel point nous sommes exploités, souffle t-il.

- Alors que, de mon côté, je n'ai qu'à donner les ordres, s'amuse son aîné. C'est plus passionnant, non ?

- Daryl...

Curieuse, j'interroge de mes prunelles le susnommé dont la bouche s'étire davantage. Enfoiré.

- Mais bon, tu t'es sorti de ce chemin là, ne ressassons pas le passé, dit-il en se levant, je vais m'éclipser aussi, j'ai à faire à la villa. Passez une bonne soirée.

Il remet son borsalino et quitte l'appartement après un long regard dans ma direction. Immédiatement, je me concentre sur le cadet.

- C'est quoi cette histoire ? Daryl est PDG ?

Nouveau soupir de la part de Matt.

- On va dire ça, il dirige une entreprise d'import-export à la périphérie de la ville mais je n'ai pas envie d'en parler.

- Hm...

Je sens dans sa voix l'agacement et décide de ne pas insister. Joe se lève, rapidement imité par notre binôme. Les deux hommes se serrent la main, j'attrape et enfile ma veste en cuir puis Joe me fait la bise avant de nous raccompagner vers la sortie. Dans le couloir, le portable de mon partenaire sonne. Il jette un oeil au nom qui s'affiche avant de décrocher, une moue dégoûtée sur le visage.

- Qu'est-ce que tu veux, encore ? Questionna t-il d'un ton froid. Pas ce soir, pourquoi ? [...] Non, écoute, je suis fatigué, j'ai besoin de rentrer [...] ouais c'est ça, à plus.

Il raccroche et remet son mobile dans la poche arrière de son jeans.

- Ton frère, c'est ça ?

Il acquiesce de la tête et je pose une main sur son avant bras.

- Je suis désolée pour l'avoir provoqué, j'espère que tu ne m'en veux pas ?

Il secoue la tête et m'observe en souriant, il est à tomber par terre avec ses yeux qui pétillent de malice.

- Tu n'as pas à t'excuser, c'est un crétin. Je suis content que tu m'aies accompagné, avoue t-il.

- Tu es mon meilleur ami, je n'avais rien à faire et j'aime ta compagnie, je ne regrette pas, au contraire, merci à toi même si j'ai encore un peu de mal à me familiariser avec le monde des paillettes de Joe. Mais... C'était grisant de danser et de participer à ce clip !

Je saute de joie, ma main autour de son poignet désormais et nous montons dans l'ascenseur. Il appuie sur le bouton du rez-de-chaussée et m'enlace. Etonnée, je rougis mais il ne le remarque pas.

- Matt ?

- Tu es mon rayon de soleil, tu sais ça ? Murmure t-il contre mon oreille.

Il se recule et se gratte l'arrière du crâne.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur. Rassure-toi, je ne compte pas te sauter dessus.

Il éclate de rire et pince mes joues.

- Pourtant Mademoiselle est toute rouge, peut-être que je devrais.

Je lui mets une tape dans l'épaule et il rit de plus belle.

- T'es bête ! Tu m'as surprise, c'est tout ! Mais je dois avouer que j'aime tes câlins, je me sens en sécurité dans tes bras.

Oups, ma franchise me perdra, un jour. C'est à son tour de rougir légèrement et je lui souris en pointant un index sur son torse.

- Et maintenant, c'est qui le plus gêné ?

Il m'attrape par les hanches et dépose ses lèvres contre mon front.

- T'es adorable ! Aller, en route !

Nous sortons de l'élévateur et prenons la direction du parking où il a garé sa moto. Il me tend un casque que j'enfile et grimpe sur son bolide en fermant la visière. Je ne pensais pas éprouver autant de joie sur une telle bécane, et pourtant... Merci à mon collègue de m'avoir donné l'envie de m'en acheter une pour les sensations que cela peut nous procurer. Le trajet se fait court et je n'ai pas le temps de souffler que nous sommes devant ma petite maison. Je descends de l'engin, retire la protection et dévisage Matt.

- Sans arrière pensée, tu veux boire quelque chose ?

- C'est gentil à toi de proposer mais je vais rentrer. Il est tard, je risque d'être plus à la bourre que d'habitude si je traîne encore un peu ici, admit-il, bonne nuit, Princesse.

- Merci, à toi aussi, à demain !

Je lui colle un bisou sonore sur la joue et rentre chez moi. Je l'entends démarrer et s'éloigner juste après avoir refermé la porte. Heureux de me voir, mon chien vient me faire la fête, fouettant l'air de sa longue queue.

- Moi aussi je suis contente de te revoir mon gros ! Dis-je en lui embrassant la truffe. Que dirais-tu d'aller faire une petite balade au parc ? Je sais que tu as envie de te dégourdir les pattes, n'est-ce pas ?

En guise de réponse, un aboiement. Je laisse échapper un rire et attrape son harnais que je lui mets avant d'y accrocher la laisse puis je ressors. L'air frais me fait du bien et semble en faire également à mon magnifique Husky aux yeux vairons. Nous nous dirigeons vers Central Park où quelques joggers courrent encore, quelques amis discutent et animaux gambadent dans l'herbe bien verte.

- Aller, va te défouler !

Je le détache et regarde filer à toute allure pendant que je m'assois sur un banc tout en sortant mon portable.