[Is It Love - Daryl] Sulfureuse Tentation

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Mandy

 J'ouvre la bouche et la referme, ne sachant quoi dire, sous l'oeil amusé de l'aîné de la fratrie Ortega. J'entends mon binôme grogner dans mon dos mais avant qu'il ne prenne la parole, je dis :

« Il est inutile de mêler Matt à toute cette histoire. »

Daryl plisse les yeux puis éclate de rire. Mais enfin, qu'est-ce qui lui prend ? Je m'apprête à reprendre mais il me devance :

« Tu prends la défense de mon petit frère alors que c'est moi le plus en danger, dans cette affaire ? Dois-je te rappeler que Maccini sait où j'habite, qui sont mes hommes, ce qui m'appartient, etc... ? »

Derrière, je détecte du mouvement et avant même que je puisse faire quoi que ce soit, mon collègue l'attrape par le col de sa chemise, me poussant à laisser échapper un cri de surprise.

« Tu aurais dû réfléchir avant d'accepter son pari, espèce d'abruti ! Tonne le graphiste. Encore une fois, tu as pensé à tes intérêts et pas aux personnes qui pourraient en souffrir par ta faute ! »

Ils s'observent en chiens de faïence mais le plus âgé ne réagit pas, il sait que son frère a raison. Daryl soupire et se dégage de la poigne de son frangin avant de réajuster son costume trois pièces.

« Pourquoi tu t'excuses si c'est pour dire des conneries juste après ? Murmure Matt en serrant les poings.

— La ferme... Tu ne fais plus partie de ce monde, tu n'as plus toute cette pression sur les épaules à longueur de journée alors...

— Alors quoi ? Je ne peux pas comprendre ? Je peux agir comme un con par moments mais je suis loin de l'être !

— Je n'ai jamais dit que tu étais idiot et encore moins pensé ! Juste que tu peux être libre et en profiter pour faire des choses que je ne peux pas faire. »

Il nous tourne le dos et je vois ses épaules s'affaisser un instant avant qu'il reprenne, droit comme un piquet :

« J'aimerais sortir de ce merdier et pouvoir aussi croquer la vie à pleines dents mais c'est impossible. J'aime trop ce milieu et je dois faire une croix sur beaucoup de projets.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là, Daryl ? Prononcé-je à voix basse. »

Il se retourne et ses iris me percutent de plein fouet, je peux y lire plein de tristesse. J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort tandis que les larmes montent et menacent de couler. Je pince les lèvres et tourne les talons pour sortir de la villa où j'étouffe à cet instant. Matt saisit mon poignet mais je me dégage et prends la porte. J'entends mon prénom mais je ne me retourne pas et cours aussi vite que je peux à travers la clairière malgré le fait qu'il fasse nuit. Quand je ralentis, je remarque qu'ils ne m'ont pas suivie et je souffle de soulagement. Sans le vouloir, je me retrouve près des écuries qui sont éclairées par des réverbères, les chevaux me regardent et un sourire se dessine sur mes lèvres. Je découvre la sellerie où tout l'équipement est bien rangé et étincelant.

« On va voir si je suis encore bonne cavalière, songé-je. »

J'examine les chevaux et l'un d'entre eux me tape dans l'oeil : c'est un frison, ma race favorite. Sa longue crinière est tressée, m'arrachant un sourire tandis que je m'avance avec un licol en main. A sa hauteur, je pose une main sur sa tête et la caresse.

« Hey mon beau, ça te dit une balade ? Demandé-je sans attendre de réponse. »

J'ouvre le box et pénètre à l'intérieur en douceur, je ne veux pas le brusquer, il ne me connaît pas encore. Je pose ma main au niveau de sa crinière et descend lentement le long de son corps robuste. Je le câline encore un peu avant de lui mettre le licol sans qu'il bronche. Je le sors et l'attache pour aller chercher le tapis, la selle et les rênes. Dix minutes plus tard, il est prêt à être monté. De dos, je ne vois pas qui arrive mais entends les pas pendant que je retire le licol.

« Mandy... »

Je me retourne et observe Joe qui m'offre un faible sourire.

« Tu comptais partir seule alors que des types sont sans doute en train de te chercher ?

— C'est gentil à toi de t'inquiéter mais je suis une grande fille et puis nous sommes un peu perdus dans un immense domaine privé.

— Ils se fichent de ça, s'ils ont envie d'y pénétrer, ils le feront. Et puis, tu ne veux pas leur faire des frayeurs, n'est-ce pas ? »

Je soupire et attrape une poignée de crin du cheval d'une main et l'arrière de la selle de l'autre tout en mettant le pied à l'étrier. Je pousse sur mon pied et me hisse sur l'animal qui reste docilement à l'arrêt.

« Je ne veux pas être un sujet de discorde entre eux... Je connais Matt depuis des mois, c'est un homme exceptionnel qui ne veut que le bonheur des autres alors que lui-même ne le cherche pas. Daryl... C'est... Nous sommes attirés physiquement parlant mais je doute que ça puisse coller s'il y avait autre chose que du sexe.

— Tu te trompes, du moins pour Daryl. C'est nouveau pour lui, d'habitude, il chauffe une nana, elle passe dans son pieu et il la vire. Tu lui résistes, tu n'as pas ce désir uniquement physique que toutes les autres filles ont quand elles l'aperçoivent avec sa belle voiture, ses vêtements hors de prix, son corps d'athlète et sa gueule d'ange.

— Tout ça ne m'intéresse pas, c'est ce qui se cache en-dessous que j'ai envie de découvrir, avoué-je. »

Je sens mes joues rougir et secoue la tête mais c'est trop tard, Joe l'a vu puisqu'il esquisse un sourire en coin.

« Oublie ce que je viens de dire... De toute manière, il l'a dit tout à l'heure, il doit faire une croix sur ses autres projets si ça ne touche pas à son boulot.

— C'est une excuse plus ou moins vraie mais ce n'est pas à moi de t'expliquer pourquoi, bien que tu dois t'en douter. »

Je hoche la tête et laisse échapper un nouveau soupir. J'attrape fermement les rênes et le rappeur fait un pas dans ma direction mais je ne le laisse pas faire et donne un coup de talon pour que le cheval avance.

« Mandy, attends, c'est dangereux ! »

Je ne l'écoute plus, la créature a pris de la vitesse et galope gracieusement vers les sentiers de forêt, qui sont eux aussi éclairés. Il crie mon nom mais je n'en ai que faire, je ne veux plus penser à ces récents événements. Les larmes me montent aux yeux et je les laisse couler le long de mon visage. Les sentiments ne se contrôlent pas et ma poitrine me fait mal. Pourquoi Daryl veut-il me protéger alors qu'il ne compte pas m'inclure dans sa vie, comme il l'a précisé tout à l'heure ? Je secoue une nouvelle fois la tête et me concentre sur ma promenade, le son des sabots qui claquent sur le sol.

Bientôt, j'arrive à un carrefour et aperçois un peu tard les phares d'une voiture. Tout se passe très vite, je suis encerclée et des mecs pointent leur arme sur moi.

« Descend ma belle, sans faire d'histoire et tout se passera bien. Monsieur Maccini souhaite s'entretenir avec toi, aboie un des types. »

N'ayant pas envie de me faire abattre, j'obtempère et descend doucement du cheval. Je lui claque l'arrière train et il rebrousse chemin tandis qu'on me choppe par les poignets. Je tente de me débattre mais un des colosses bloque mes mouvements pour me faire grimper dans la luxueuse berline de couleur noire.