- VIII -

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DARYL

La moto s'éloigne et je serre les poings, furieux avant de porter à nouveau le téléphone à mon oreille pour aboyer :

« Reste loin d'elle, c'est compris ? Je ne te permettrai pas de poser ne serait-ce qu'un doigt sur elle, c'est chasse gardée. »

Puis je raccroche avant de serrer le volant entre mes paumes, si fort que mes phalanges en deviennent blanches et démarre en trombe.

« Où peux-tu bien l'emmener, Hermano... ? »

Je me retrouve rapidement sur l'allée principale de la ville et dépasse les voitures en klaxonnant, rageur. Je pousse un long soupir et prends la direction de la villa où j'habite. Une fois là-bas, je pourrai donner des ordres à mes hommes pour qu'ils les retrouvent et me servir un verre de whisky pour me détendre un minimum.

Une demi-heure plus tard, la grille s'ouvre et je pénètre à l'intérieur du domaine. Je suis le chemin et me gare dans la cour sous l'oeil de mon équipe. Je coupe le moteur et sors en tonnant :

« Tous au salon, réunion de crise ! »

Il n'en faut pas plus pour qu'ils se précipitent à l'intérieur pour rejoindre la pièce principale. Je passe derrière le bar et me sers un verre au liquide ambré accompagné de glaçons avant de m'asseoir dans le fauteuil en cuir noir. Ils me toisent tous d'un air tendu, ils savent pertinemment que je suis sur les nerfs et qu'il ne faut pas me contrarier à l'heure actuelle.

« Bien, pour faire court, mon frère a disparu avec une fille que je convoite et je tiens à les retrouver, inmediatamente. Maccini va également vouloir mettre la main dessus, assurez-vous d'y être arrivés en premier pour ne pas subir mes foudres, comprendido ? »

Dans un mouvement synchrone, ils hochent la tête.

« Elle s'appelle Mandy Grace et elle est actuellement avec mon frère. Ils sont partis en moto en direction du sud, je n'ai que ces informations. A vos postes ! »

Ils se lèvent et s'activent prestement sous mon regard perçant. Je fais de même et m'enferme dans mon bureau, à l'autre bout du bâtiment pour être au calme. Je sors mon portable de ma veste et m'assois. Je compose le numéro de mon jumeau qui décroche après trois sonneries.

« Daryl...

Bordel, Matt, qu'est-ce que tu fais ? Dites-moi où vous êtes ! »

Je l'entends soupirer avant de s'adresser à la jeune femme.

« Tu peux arrêter de ronchonner, Princesse ? »

Je ne peux m'empêcher de sourire et de taquiner mon double.

« Visiblement, elle n'est pas non plus conquise par ton idée, Frérot. »

Je l'entends grommeler quelque chose avant de parler à nouveau normalement.

« Daryl... Tu fais chier. Pourquoi t'es-tu engagé avec elle, putain !

Il m'a provoqué et... Tu sais que je ne résiste pas à un défi. J'ai fait le con, j'en suis conscient mais crois-moi qu'il ne mettra pas la main dessus.

Et toi non plus, tonne t-il, vous pensez tous les deux avec votre queue et c'est bien le problème. »

Je souffle, agacé.

« Matt, écoute, je ne peux pas te promettre que c'est la femme de ma vie, que je l'épouserai et que l'on aura des enfants elle et moi, mais y'a ce truc entre nous qui fait qu'elle me rend fou. »

Il éclate de rire, nerveux, sûrement.

« Vraiment ? Et depuis quand tu as des sentiments ? »

Je réfléchis et grogne :

« Tu sais que j'ai été obligé de me forger une carapace, pour toi, pour nous et je ne regrette rien de ce que j'ai fait par le passé. Nous devons vivre au présent et penser au futur. De plus... »

Je marque une pause, la gorge nouée et soupire.

« Même si... J'ai toujours refusé de me laisser aller, tu comptes toujours autant pour moi, Matt. Si j'ai gardé ce business, c'est aussi pour te protéger ! »

Il pousse un long soupir à son tour avant de reprendre, d'une voix plus douce.

« J'ai toujours su me défendre, je continue de pratiquer la boxe et...

Mais tu ne pourras rien faire contre une arme à feu ! »

Ma voix s'est élevée et je serre les poings en pensant à ces années où nous étions en galère. Je fonds instantanément quand j'entends la voix de la demoiselle.

« Matt... »

J'entends un froissement de tissu, elle a dû le prendre dans ses bras et je suis jaloux, j'aimerais être à sa place. Du bruit et une nouvelle mélodie se joue.

« Daryl, je suis désolée mais on va devoir te laisser. Je ne sais pas ce que tu as dit à Matt mais ça l'a bouleversé alors... A plus tard. »

Elle raccroche sans un mot de plus et je jette mon portable, envahi par cette jalousie alors qu'ils ne font rien de mal, du moins, je l'espère au plus profond de mon être. J'abats mon poing sur le bois et m'enfonce dans ma chaise avant de me prendre la tête entre les mains.

« Qu'est-ce que cette fille m'a fait ? Soufflé-je, perdu. »

On frappe à la porte et je lâche, d'un ton sec.

« Entrez ! »

Ricardo entre dans la pièce et esquisse un faible sourire.

« Patron, vous avez pu joindre Matt ? Demande t-il prudemment.

Je pensais qu'il ne décrocherait pas mais oui, pourquoi ? »

Mes neurones se connectent et je lui tends le mobile.

« Nous allons sûrement les localiser. Maccini a t-il le numéro de votre frère ?

Normalement non mais il peut le trouver facilement. Dois-je te rappeler que lui aussi est à la tête d'un cartel ?

Excusez-moi, Chef, mais même si c'est stupide, je dois vous poser ces questions.

Ouais... J'aimerais que tu te dépêches surtout, le temps presse. »

Il s'incline et disparaît. Je me lève et observe par la baie vitrée l'extérieur, c'est vide. Ils s'affairent tous pour retrouver le couple et je bois une gorgée de boisson qui enflamme mon œsophage.

Dix minutes plus tard, on toque de nouveau et j'invite la personne à entrer. Ricardo me rend mon téléphone et dit, d'un air grave.

« Nous les avons localisés au ranch, nous devrions nous mettre en route rapidement, débite t-il.

Bon sang, quel crétin ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé ? »

Je pose mon verre sur le bureau, remets mon borsalino et sors au pas de course, direction la Lamborghini. Dans la cour, je fais signe à mes hommes de me suivre, au cas où Giorgio serait également là-bas. Dans l'automobile, j'ouvre la boîte à gants pour vérifier que mes deux revolvers sont là et esquisse un grand sourire avant de tourner la clé dans le démarreur, faisant vrombir le moteur.

« Espérons que ce renard de Maccini n'ait pas été le premier à les retrouver, soupiré-je. »

Je fais demi-tour et quitte la propriété rapidement. Heureusement, les rues sont dégagées et il me faut peu de temps pour trouver l'autoroute.

[Is It Love - Daryl] Sulfureuse TentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant