Quand Guillaume entra dans le salon le lendemain matin, son regard se posa directement sur le garçon endormi sur le canapé. Il s'approcha à pas de loup de ce dernier et profita de son sommeil pour l'observer discrètement. Il avait des cheveux mi-longs et noirs qui étaient à présent complètement emmêlés, sûrement dû à une agitation dans son sommeil. Ceux-ci semblaient lisses et très doux au toucher et Guillaume dû physiquement se retenir de plonger ses doigts dedans pour vérifier si ce qu'il pensait était véridique, comme cela l'avait été pour sa peau. Il avait encore la sensation de la peau du plus jeune sous ses doigts de quand il s'était occupé de lui la veille et en observant son visage, un petit sourire apparut sur ses lèvres. Il était doux. Ses paupières fermées lui cachaient ses grandes prunelles sombres et Guillaume frissonna en repensant à quel point, à chaque fois qu'il croisait le regard d'Aurélien, il semblait s'y noyer. Son regard descendit jusqu'à la bouche entrouverte du plus jeune, qui l'était afin de laisser passer sa respiration alors qu'il dormait, et Guillaume se mordit la lèvre inférieure en sentant soudain une pulsion étrange de venir embrasser ces lèvres monter en lui. Il était ridicule. Aurélien n'était pas une princesse endormie attendant le prince qui oserait l'embrasser pour briser le maléfice qui faisait qu'elle ne pouvait pas se réveiller. Et lui, n'était sûrement pas un prince.
Guillaume se redressa alors, le rouge aux joues d'avoir laissé son esprit divaguer ainsi, et tourna les talons afin de se diriger vers la cuisine pour préparer le petit-déjeuner pour lui et son invité de la nuit.
***
« Mmh... Guillaume ? »
Guillaume releva le visage quand Aurélien entra dans la cuisine alors qu'il était en train de servir le thé dans une des deux tasses qu'il avait sorti. Il le vit se frotter les yeux d'un air un peu perdu et il déposa la casserole remplie d'eau chaude sur la gazinière avant de lui sourire doucement.
« Bien dormi ? »
Aurélien rouvrit les yeux à cette question, arrêtant de se frotter les yeux, et il eut l'impression de le voir se détendre.
« Oui, très bien... Je suis soulagé, j'ai cru que c'était un rêve...
— Un rêve ? répéta Guillaume, étonné.
— Oui, enfin... Que j'avais rêvé les évènements de hier soir... J'ai eu un petit moment de doute en me réveillant dans ton salon tout à l'heure.
— Ah oui... rit nerveusement Guillaume en se passant une main derrière la nuque. Tu as dû te demander où tu étais...
— C'est un peu ça en effet, oui... »
Guillaume fondit devant le petit regard embarrassé du plus jeune et lui sourit tendrement.
« Allez, viens manger. J'ai préparé le petit-dèj. »
Aurélien lui lança un regard surpris avant qu'il ne le voit baisser les yeux sur la petite table sur laquelle il avait déposé deux bols et deux tasses de thé fumant. Aurélien sourit doucement et s'avança pour s'asseoir et il en fit de même, sans jamais le lâcher des yeux.
« Merci. »
Un large sourire s'inscrivit sur ses lèvres en l'entendant le remercier si sincèrement, ce qui fit aussitôt apparaître une douce chaleur dans son cœur. Il caressa du regard son visage, pensant à quel point ce garçon était doux, et plongea son visage dans son bol de céréale afin de lui cacher son sourire.
***
« Tu veux que je te ramène chez toi ? » demanda-t-il au plus jeune alors que ce dernier rangeait ses affaires dans son sac, semblant presque prêt à partir.
Aurélien releva le visage pour le regarder et Guillaume le vit lui lancer un regard inquiet avant qu'il ne lui offre un petit sourire.
« Non, ça ira. Vraiment, merci pour tout Guillaume. Tu es vraiment quelqu'un de bien... Comme je n'en ai pas beaucoup rencontré dans ma vie... »
Guillaume regarda tristement le plus jeune, n'ayant aucune envie de le laisser partir. En réalité, il se rendait compte qu'il était seul. Et avoir l'autre garçon la veille et la matinée chez lui... il avait apprécié sa présence.
« Est-ce que... Enfin... On... On ne se verra plus jamais ?
— Pardon ? dit Aurélien d'un air surpris. Comment ça ?
— Je veux dire... On va redevenir de simple inconnus l'un pour l'autre à présent... N'est-ce pas ?
— Ah... Je... Je ne sais pas... Je pense... Malheureusement...
— Aurélien, tu sais... Je t'aime bien, avoua Guillaume dans un élan de courage alors qu'il sentait ses joues le chauffer atrocement. Et j'aimerai continuer à te voir dans le futur. Parce que toi aussi... Tu es quelqu'un de bien.
— D-De bien ? bafouilla le plus jeune en rougissant, lui lançant alors un regard timide.
— Oui, j'en suis sûr. Et je suis sûr que tous les deux... On pourrait devenir amis, si tu le veux bien.
— Amis ?
— Oui. »
Guillaume observa avec tendresse l'autre garçon dont les joues étaient devenues rouges d'embarras. Il le trouvait craquant.
« Tu as un numéro de téléphone ? lui demanda-t-il, le rouge aux joues, et Aurélien lui lança un petit regard désolé.
— Non, je n'ai pas de... portable. J'ai cassé le mien il y a quelques jours et j'ai... J'ai pas encore l'argent nécessaire pour en acheter un nouveau...
— Oh, répondit-il seulement, déçu.
— Mais si tu veux... Tu peux m'écrire ton numéro sur un papier ? Et dès que j'ai un nouveau portable, je te le ferai savoir ?
— Ok, ouais, sourit Guillaume doucement. On fait ça alors. »
Il se pencha vers sa table basse d'où il sortit une feuille et y écrivit son numéro de portable avant de le tendre à Aurélien.
« Tu ne le perds pas, hein ? »
Il sourit, attendri, en voyant Aurélien secouer la tête à sa question. Son regard se posa sur ses lèvres et il le dévia rapidement, honteux de loucher ainsi sur l'autre garçon. Il aperçut son bleu sur la mâchoire et prit un air inquiet avant d'approcher doucement une main vers son visage. Aurélien fit un pas en arrière lorsqu'il le vit s'approcher ainsi et Guillaume releva son menton en passant sa main en dessous :
« Ça te fait encore mal ? »
Aurélien, qui semblait avoir paniqué en le voyant s'approcher de lui, se détendit et hocha lentement la tête sans le quitter des yeux.
« Tu oublies pas de mettre la pommade alors, hein ? Tu me promets ?
— Oui, Guillaume. Je te promets. »
Guillaume déglutit péniblement avant de le lâcher, puis lui sourit. Il avait failli l'embrasser. S'il ne s'était pas retenu... Allez savoir comment le plus jeune aurait réagit.
« Dans ce cas... Tu es libre comme l'air. Tu peux y aller. » dit-il en rigolant.
Aurélien lui sourit et réajusta son sac sur son dos alors qu'il ouvrait la porte d'entrée.
« Et surtout, n'oublies pas de m'appeler dès que tu as un portable de nouveau. Ça me fera plaisir d'avoir de tes nouvelles... On pourra aller boire un verre si tu veux... Ou autre, enfin se faire un truc quoi... »
Il rougit en se disant qu'il fallait vraiment qu'il arrête de parler avant qu'Aurélien ne pense qu'il le draguait ouvertement mais celui-ci lui sourit simplement et hocha la tête.
« Je n'oublierai pas. Au revoir, Guillaume. Et encore merci pour tout. »
Aurélien lui offrit un dernier sourire avant de passer le seuil de sa porte d'entrée et Guillaume le suivit du regard dans le couloir alors qu'il s'en allait. Lorsqu'il disparut dans la cage d'escalier, il poussa un long soupire de frustration et ferma la porte de chez lui. La journée allait être longue.