Partie 8.

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« Tu habites là ? » demanda Guillaume après avoir jeté un coup d'œil au bâtiment gris qui s'élevait devant eux.

À côté de celui-ci, une pancarte était positionnée lisant simplement « Centre ». Centre de quoi ?

« Je t'avais dit que ma seule famille c'était mes grands-parents... murmura Aurélien et Guillaume se tourna vers lui pour le dévisager. Alors maintenant... C'est là que j'habite.

— À leur mort, tu es venu habiter ici ? Dans ce centre ? reformula Guillaume.

— Oui, c'est ça, dit simplement Aurélien, les yeux baissés et refusant de croiser son regard.

— Mais tes parents...

— Ne veulent plus me voir.

— Comment ça ? dit Guillaume en fronçant les sourcils. Tu veux dire que même en te sachant à la rue ils refusent de te venir en aide ? »

Il vit le plus jeune se mordre doucement la lèvre inférieure et hocher la tête, sans jamais relever le visage, et cette vision lui serra le cœur.

« Mais qu'est-ce que tu as pu faire pour qu'ils te renient autant... murmura Guillaume plus pour lui que pour l'autre garçon mais ce dernier l'entendit et releva le visage, lui permettant ainsi de voir qu'il avait les larmes aux yeux. Oh, Aurél... Je suis désolé... Je ne voulais pas dire ça comme ça... Viens-là. »

Guillaume se pencha vers le plus jeune pour le prendre dans ses bras et au contact, il le sentit se tendre. Il remonta une main dans ses cheveux pour caresser ces derniers doucement afin de l'apaiser et au fil des secondes, il le sentit se détendre petit à petit. Il sentit quelques larmes silencieuses rouler dans le creux de son cou et descendit sa main des cheveux noirs du plus jeune pour faire des gestes circulaires dans son dos, essayant ainsi de le réconforter. Il ferma les yeux et déposa inconsciemment un baiser sur le cuir chevelu d'Aurélien, n'ayant comme seule envie à présent de le rassurer et le calmer.

***

Ils restèrent ainsi, Aurélien dans ses bras pleurant silencieusement et lui tentant par tous les moyens de le réconforter, pendant de longues minutes avant que Guillaume ne se détache enfin de la chaleur du plus jeune.

« J'ai quelque chose à te proposer, Aurélien. »

Celui-ci se frotta un instant les yeux afin de sécher ses larmes, qui avaient maintenant arrêté de couler, avant de lui lancer un regard interrogateur.

« Ça va te paraître un peu fou mais... Si tu habites ici, je suppose que c'est parce que tu n'as pas d'autres endroits où aller, non ? »

Aurélien hésita, semblant se demander où il voulait en venir, puis hocha lentement la tête et Guillaume posa une de ses mains sur une de celles du plus jeune. Celui-ci baissa les yeux vers celle-ci, surpris de ce contact inattendu, avant de relever le visage pour lui lancer un regard inquiet.

« Est-ce que... Enfin, comment dire ça... balbutia Guillaume, cherchant comment il pourrait lui demander ça de la manière la plus simple. Tu sais... J'ai une pièce chez moi que j'ai tourné en buanderie mais... À la base, c'est plus une chambre, expliqua-t-il et il se flagella mentalement en sentant ses joues le chauffer. Alors... Si tu le veux... Je peux te proposer de venir habiter chez moi... Parce que moi ça me dérange pas, dit-il en serrant inconsciemment plus fort la main du plus jeune dans la sienne. Au contraire. »

Aurélien lui lança un regard surpris et avant qu'il ne finisse, les joues de ce dernier avaient pris une jolie teinte rosée. Guillaume se dit qu'il ne devait pas être plus pâle et lui offrit un sourire hésitant, se demandant ce qu'il en pensait.

« V-Vraiment ? Tu aimerais vraiment que je vienne habiter chez toi ? bégaya Aurélien, semblant incertain et Guillaume hocha la tête précipitamment.

— Oui, j'ai amplement la place. J'ai envie de t'aider. Et je dois avouer que je commence à me sentir un peu seul chez moi et que j'ai vraiment apprécié t'avoir à la maison la dernière fois, enchaîna Guillaume dont les joues commençaient de plus en plus à devenir rouges.

— Mais... Je n'ai pas d'argent, Guillaume... Je veux dire... Je viens à peine de trouver un petit boulot et je ne sais pas si ce sera suffisant pour payer le loyer et toutes les charges qui viennent avec... dit Aurélien en lui lançant un regard paniqué. Je n'ai pas d'économies, j'ai vraiment... plus du tout d'argent...

— Eh, l'appela Guillaume en voyant qu'Aurélien commençait à baisser la tête d'un air abattu. Ce n'est pas un problème, l'argent. Je t'apprécie Aurélien et je veux te venir en aide, continua-t-il en prenant délicatement le visage du plus jeune entre ses mains pour le forcer à le regarder. J'arrive très bien à payer le loyer en étant tout seul alors je peux t'aider les premiers mois. On verra ça ensemble, ok ?

— Mais ça te reviendra plus cher... Les courses, l'électricité, l'eau... Tout va être multiplié par deux... Je ne veux pas être un fardeau en plus sur tes épaules...

— Aurélien... Si je te le propose, c'est que je pense que c'est possible. Fais-moi confiance, d'accord ? »

Aurélien plongea un instant son regard dans le sien et Guillaume se noya dedans, pensant pour la énième fois de la journée à quel point ce dernier était profond. Le plus jeune sembla chercher quelque chose dans ses yeux avant de fermer lentement les siens comme s'il capitulait. Guillaume le sentit hocher la tête dans ses mains et un petit sourire hésitant s'inscrivit sur ses lèvres.

« C'est d'accord ? Tu acceptes ? » demanda-t-il d'une voix incertaine.

Aurélien hocha la tête de nouveau avant de se rapprocher de lui sans jamais ouvrir les yeux et de le prendre dans ses bras.

« Merci Guillaume. Je ne sais pas pourquoi tu fais tout ça pour moi... mais merci. Tu es vraiment... quelqu'un de bien. »

Guillaume se mordit la lèvre et entoura la taille du plus jeune de ses bras à son tour pour resserrer leur étreinte. Il se demanda un instant s'il faisait tout ça comme disait Aurélien parce que plus les minutes défilaient et plus il s'éprenait de lui. Est-ce que vraiment il était attiré par lui ? Est-ce qu'il faisait cela seulement dans le but qu'Aurélien l'apprécie ? Oui bien sûr, mais plus important encore, il ressentait viscéralement le besoin de l'aider et de le protéger. Il avait besoin de savoir qu'il allait bien et quelle meilleure manière de le savoir que de vivre avec lui ?

« Ce soir. Viens dès ce soir, s'il-te-plaît, dit-il contre les cheveux du plus jeune et celui-ci se redressa contre lui pour lui lancer un regard étonné.

— Ce soir ? Tu es sûr ?

— Je veux pouvoir être sûr que tu vas bien, Aurélien... Alors d'accord, la chambre est encore une buanderie et il n'y a pas encore de deuxième lit mais... Je peux te passer le mien pendant quelques temps et dormir dans le canapé... Je ne veux pas... te laisser seul ce soir, tu comprends...? »

Aurélien effaça son air surpris au profit d'un fin sourire et hocha la tête.

« Le canapé m'ira très bien. Je te remercie. Je vais... aller chercher des affaires alors. Au moins pour quelques jours avant de tout déménager. Il va falloir que je le dise aux gens qui gèrent le lieu aussi... Même si ça peut attendre quelques jours encore.

— Tu veux que je vienne avec toi ? On prendra plus d'affaires d'un coup comme ça.

— D'accord, lui répondit Aurélien après avoir hésité un instant. Oui, c'est une bonne idée. Merci. »

Guillaume sentit un sourire prendre place sur ses lèvres et une douce chaleur s'immiscer dans sa poitrine. Il retira les clés du contact pour complètement immobiliser la voiture et sortit de cette dernière, rapidement suivit d'Aurélien. Il ferma la voiture et se dirigea vers le bâtiment grisâtre, aux côtés du plus jeune, et lorsqu'il se tourna discrètement vers celui-ci, le sourire que lui offrit Aurélien lui fit comprendre qu'il avait pris la bonne décision. À présent, plus question de ne plus avoir de ses nouvelles pendant deux semaines et de dépérir à cause de cela. Maintenant il allait pouvoir être en sa compagnie chaque jour qu'il aurait la chance de connaître.

Fiction OrelxGringe - Dis-moi qui tu es.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant