Quand il rentra vers 22h, Guillaume essaya de marcher le plus silencieusement possible au cas où Aurélien serait déjà en train de dormir, avant de sourire en entendant le son de la télévision venant du salon. Il entra dans celui-ci, un large sourire aux lèvres afin de venir saluer Aurélien, lorsque son regard se posa sur sa silhouette endormie sur le canapé. Guillaume s'immobilisa un instant, surpris de le trouver endormi, avant de s'avancer vers le canapé et de s'accroupir à son niveau pour pouvoir l'observer. Un petit sourire attendri apparut sur son visage alors qu'il dévisageait les traits fatigués du plus jeune.
« Tu travailles trop, Orel... » dit-il dans un murmure alors que d'une main il commença à caresser avec délicatesse sa frange noire pour la dégager de devant ses paupières closes.
Aurélien poussa un petit soupire endormi au contact et Guillaume entendit la voix de son ami comme un écho dans son esprit :
« J'crois qu't'es fou amoureux de lui, mon pote. »
Il avait passé la soirée à parler du plus jeune et, à un moment donné, Claude l'avait interrompu en plein milieu d'une anecdote sur le plus jeune qu'il était en train de lui raconter pour lui dire cela. Guillaume s'était alors complètement figé sur place avant de lui demander d'un air inquiet :
« Tu crois ?
— Sûr et certain. »
Guillaume déglutit alors que son regard caressait les traits du plus jeune allongé sur le canapé, se demandant depuis combien de temps il ressentait cela pour lui. Il n'en avait aucune idée. Il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était mit à caresser avec délicatesse le visage d'Aurélien du bout des doigts lorsqu'il le vit ouvrir doucement les yeux, le sortant de ses pensées.
« Guillaume...? demanda le plus jeune d'une voix enrouée alors qu'il clignait les yeux afin de se réveiller tout à fait et Guillaume lui sourit d'un air attendri, éloignant sa main doucement de son visage.
— Eh... Ça va ?
— Mm... Oui... dit Aurélien en se redressant sur le canapé. Je suis désolé, je voulais t'attendre... Mais je me suis endormi...
— Tu dois vraiment être fatigué alors... Pourquoi t'as fait des heures en plus, tu n'étais pas obligé tu sais ?
— Mon patron me l'a proposé et je me suis dit que comme ça je pourrais ramener un peu plus d'argent ce mois-ci... Pour t'aider avec le loyer et toutes les charges...
— Eh, Orel, je t'ai déjà dit que ce n'était pas nécessaire, hein ? dit-il doucement en s'asseyant à ses côtés sur le canapé. Je me débrouillais déjà avant que tu emménages alors ce n'est pas la peine que tu te plies en quatre pour moi, ok ?
— Je sais mais je veux participer, Guillaume. Tu ne te rends pas compte à quel point... vivre ici, avec toi, ça a changé ma vie... balbutia Aurélien et Guillaume vit avec plaisir ses joues s'empourprer. Je veux pouvoir t'aider.
— Mais tu participes déjà bien assez, c'est ça que je veux te faire comprendre Orel, dit Guillaume en souriant, prenant doucement une des mains du plus jeune dans la sienne. Tu paies déjà pratiquement la moitié du loyer et des charges. C'est suffisant, d'accord ? Je veux que tu gardes de l'argent pour toi, maintenant. Pour te faire plaisir. Et surtout, je ne veux pas que tu t'épuises au boulot pour moi. On est bien comme ça. »
Guillaume vit le plus jeune relever le visage pour lui lancer un regard hésitant et il lui sourit afin de le rassurer. Ils étaient bien, dans leur routine. Et ça lui convenait. Guillaume sentit alors quelque chose piquer sa cuisse et en glissant sa main sous celle-ci, il tomba sur la photo du plus jeune qu'il avait vu quelques semaines plus tôt. Il observa cette dernière silencieusement quelques temps avant de la tendre à Aurélien qui le regardait d'un air inquiet.
« Tiens, ta photo. Elle a dû tomber dans les plis du canapé.
— Ah... M-Merci... répondit le plus jeune en attrapant la photo et en rougissant légèrement.
— Tu m'as jamais dit qui était cette fille... dit doucement Guillaume en fronçant les sourcils en voyant sa réaction. Pourquoi est-elle avec tes grands-parents... sur cette photo qui a l'air de beaucoup compter pour toi...
— Elle... Elle n'existe plus... bégaya Aurélien et Guillaume fronça encore plus les sourcils à cette réponse.
— Je sais, tu me l'as déjà dit mais... Pardonne-moi d'être aussi direct... Mais est-ce que c'est ta sœur ? Je veux dire... Elle te ressemble vraiment beaucoup... Est-ce que... Est-ce que tu avais une sœur jumelle ? »
Guillaume se mordit la lèvre inférieure en voyant le regard larmoyant et infiniment paniqué que lui lançait le plus jeune, et se disant qu'il avait peut-être dépassé les bornes.
« Excuse-moi, si tu ne veux pas me dire qui elle est, tu en as le droit. D'accord, Orel ? dit-il en posant délicatement sa main sur la cuisse du plus jeune et il le sentit sursauter au contact. C'est juste que... ça me rend curieux cette histoire, c'est tout...
— Je suis désolé... Je ne peux pas te le dire, Guillaume...
— Eh, eh, c'est pas grave, ok ? dit précipitamment Guillaume en voyant le plus jeune paniquer. Tout va bien. Je n'ai pas à savoir. C'est ton choix, tu es le seul à décider de ça, d'accord ? »
Il caressa doucement la cuisse d'Aurélien de son pouce et celui-ci sembla se calmer petit à petit. Guillaume lui offrit un sourire rassurant, auquel le plus jeune répondit timidement, avant qu'il n'enlève sa main.
« Tu as mangé ? lui demanda-t-il pour changer de sujet et Aurélien secoua la tête.
— Non... Je voulais t'attendre pour ça... Mais peut-être que tu as déjà mangé ? lui demanda Aurélien d'un air incertain et il fut celui qui secoua la tête cette fois-ci.
— Non, je n'ai pas mangé. Seulement des olives et un peu de fromage au bar. Et je commence à avoir un petit peu faim, je dois t'avouer. Ça te dit que j'aille nous faire des pâtes ? Tu pourras te doucher comme ça pendant ce temps. Et on mange devant une série ?
— Ça me va, lui répondit Aurélien en souriant doucement et Guillaume sourit à son tour avant de se lever.
— Tu sais, Orel... Je suis vraiment heureux que tu sois là. Je veux dire... Je suis content de partager mon appartement avec toi. Ça me fait du bien de ne plus être seul, dit-il en se tournant vers le plus jeune et il vit une jolie couleur rosée apparaître sur ses joues.
— M-Moi aussi, Guillaume... Je suis content de t'avoir rencontré. Tu es vraiment... quelqu'un de bien. »
Son sourire s'élargit en entendant le plus jeune déclarer cela d'un air aussi sérieux et il tourna les talons pour se diriger vers la cuisine. Il était heureux.