« Orel...? C'est pas grave, hein. »
Guillaume s'assit sur son lit et posa une main chaleureuse sur le dos du plus jeune qui était venu s'allonger de tout son long sur ce dernier quelques secondes plus tôt. Le plus jeune avait la tête enfouie dans son oreiller de son côté du lit et Guillaume sentit sous sa main à quel point il était tendu. Ils étaient en train de regarder la télévision après manger lorsqu'Aurélien s'était endormi contre lui. Il l'avait laissé dormir, décidant de finir l'émission qu'ils avaient mise à la télé avant de le réveiller et d'aller se coucher avec lui. Mais à un moment donné il avait senti le plus jeune bouger dans son sommeil et se rapprocher de lui pour venir se blottir plus encore contre lui. Guillaume avait sourit, trouvant cela adorable, avant de l'entendre prononcer son prénom dans un murmure. Il avait alors senti quelque chose de dur frôler sa cuisse alors que Aurélien bougeait de nouveau dans son sommeil et c'est là qu'il avait compris. Il avait secoué Aurélien, un petit sourire moqueur au coin des lèvres et quand celui-ci s'était réveillé, il l'avait vu écarquiller les yeux et se mettre à rougir en se rendant compte ce qu'il venait de se passer. Il avait été sur le point de lui lancer une phrase moqueuse sur à quel point il était irrésistible, même dans ses rêves, quand Aurélien s'était levé précipitamment pour s'enfuir dans la chambre à coucher en claquant la porte derrière lui. Guillaume avait bugué un instant, ne comprenant pas cette réaction démesurée de la part de son copain avant de se rappeler. Aurélien n'était sûrement pas habitué à ce que son corps le trahisse comme ça. Après tout, ça ne faisait que quelques mois à peine qu'il était un garçon. Du moins, physiquement. Il ne savait peut-être pas comment gérer ses érections en temps normal, alors dans ses rêves... Guillaume soupira en se flagellant d'avoir failli manquer de tact. Heureusement que le plus jeune était parti avant qu'il n'ouvre la bouche, pour se moquer gentiment de lui. Mais maintenant, il devait aller le rassurer et lui expliquer que ce n'était pas grave.
« Orel, ce sont des choses qui arrivent. Tu n'as pas à t'en vouloir, d'accord ? C'est même plutôt flatteur, tu sais. » dit-il doucement en passant une main chaleureuse sur le dos de son copain.
Aurélien se redressa alors et renifla avant de lui lancer un regard coupable.
« Je sais mais... Je déteste quand ça arrive. Je ne sais jamais quoi faire. Et là... C'est encore pire... Tu étais à côté de moi et... J'ai honte, Guillaume...
— Non, tu n'as pas à avoir honte, d'accord ? C'est normal que tu sois un peu perdu de ce côté là. C'est pas instinctif pour toi, pas encore du moins.
— Je... J'arrive pas à tout contrôler, Guillaume... Je sais pas ce qu'il faut faire... balbutia Aurélien et Guillaume sourit, en prenant sa main.
— Tout va bien, Orel. Qu'est-ce que tu fais d'habitude quand ça t'arrive ?
— Je prends une douche... dit Aurélien d'un air gêné et Guillaume pensa au matin où il l'avait retrouvé dans la salle de bain et qu'il lui avait tenu des propos étranges.
— Oh, je comprends mieux. Cette fois-là... dit-il et Aurélien hocha la tête en rougissant de plus belle. Mais tu sais que c'est pas la seule façon de faire, Orel ?
— Oui, oui, bien sûr... Mais... Je ne sais pas, c'est bizarre... Et à chaque fois que j'essaie, je pense à... commença à dire le plus jeune avant de se stopper en pleine phrase, se mordant fortement la lèvre inférieure.
— Tu penses à quoi, mon chat ?
— Tu... tu te rappelles du mec qu'on avait croisé un jour au bar...? Celui que je t'avais dit... qu'il m'avait prit pour quelqu'un d'autre ? Je suis désolé, je t'ai encore menti ce jour-là...
— Je sais mais c'est pas grave, Orel. Qui c'est ce mec ? Tu veux me le dire ? »
Guillaume vit le plus jeune se mordre fébrilement la lèvre et il prit son menton entre ses doigts pour l'empêcher de continuer, de peur qu'il ne se fasse mal à force.
« Orel ?
— C'est... Je... Je ne suis pas sorti avec lui mais... Enfin je ne crois pas... Mais mes parents faisaient que me mettre la pression pour que je sorte avec un garçon quand j'étais ado et... Du coup, il y a un peu moins de deux ans... J'ai accepté de sortir pour une soirée avec ce garçon. On était en terminale ensemble et il faisait que me le demander depuis le début de l'année... On est allés manger dans un kebab puis il m'a proposé de venir chez lui pour finir la soirée... J'en avais pas vraiment envie mais je ne faisais que penser à mes parents, à quel point ils seraient fiers de moi quand je leur raconterai que j'avais fait ce qu'ils attendaient de moi et... Je pensais juste qu'il voulait qu'on discute ou je ne sais pas... En plus, il avait lancé un film à la télé... Mais à un moment, raconta Aurélien et Guillaume le vit rougir d'embarras. À un moment, je me suis tourné vers lui en entendant un bruit métallique et... Et je... Il était en train de se branler... »
Guillaume écarquilla les yeux en entendant l'histoire d'Aurélien et vit à quel point ce dernier était rouge de gêne.
« Il me regardait et... Je voyais bien qu'il attendait que je fasse quelque chose mais... Je ne savait pas quoi faire. Et puis, je n'avais pas envie de faire quoique ce soit avec lui... Mais je n'arrivais pas à détacher mes yeux de sa main qui montait et descendait sur son sexe... C'est seulement quand il a fait un geste dans ma direction que je me suis repris et que je me suis levé pour partir. Je n'avais pas envie qu'il me touche et je lui ai dit de ne pas m'approcher, que je n'étais pas intéressé par plus avec lui. Il a parut énervé mais je suis parti avant qu'il ne me retienne et quand je l'ai vu le lendemain au lycée, il ne m'a pas adressé la parole.
— Et il ne t'a jamais rien fait ? Il a pas essayé de te parler à nouveau ?
— Si, bien sûr. Il a attendu quelques semaines avant de venir me parler pour savoir ce que c'était le problème avec moi. Je me rappelle qu'il est entré dans les toilettes des filles pour m'intercepter et quand je lui ai dit que c'était juste que je n'étais pas intéressé par lui, il m'a traité de lesbienne. Il a continué de m'appeler comme ça jusqu'à la fin de l'année et voilà.
— Quel connard ce type, dit Guillaume avec de la colère dans la voix. Mais comment il a fait pour te reconnaître dans le bar ?
— Son père est médecin et je l'ai souvent croisé lorsque j'avais des rendez-vous pré-opération avec les médecins et les psychiatres. Je suppose qu'il a pu se renseigner auprès de son père, dit Aurélien en haussant les épaules. Et le jour de l'opération, je l'ai croisé dans la salle d'attente quand j'attendais mon tour. Il s'était cassé le bras et je l'ai vu me surveiller jusqu'à ce que ce soit à mon tour d'y aller. Tu sais, avant l'opération, je devais prendre des médicaments par rapport aux hormones. Ça avait déjà commencé à changer mon corps et ma silhouette, et je pense qu'il a juste compris petit à petit.
— Tu ne l'as plus revu après ? demanda Guillaume, soucieux pour le plus jeune.
— Non, je suis resté une semaine à l'hôpital en attendant de pouvoir sortir. Il fallait que je cicatrise, tout ça...
— Ça a dû te faire mal, soupira Guillaume en venant dégager une mèche de cheveux de devant ses yeux.
— C'est vrai, répondit Aurélien en haussant les épaules. Mais j'étais obligé d'en passer par là. Je pouvais pas faire autrement.
— Je sais, mon chat. Viens-là. Viens dans mes bras. »
Guillaume ouvrit grand les bras pour que Aurélien puisse s'y blottir et il embrassa tendrement ses cheveux.
« Qu'est-ce que je t'aime, si tu savais, murmura-t-il avant de se rappeler de son petit désagrément. Orel, tu veux prendre une douche du coup ? Ou bien... Je sais pas... Peut-être que je pourrai...
— Tu pourrai t'en occuper ? dit Aurélien en se reculant, les joues rouges.
— J'allais dire te montrer, mais je suppose que c'est pareil, non ? sourit Guillaume et Aurélien lui lança un regard hésitant avant de hocher la tête.
— Je veux bien, Guillaume. Je pense que je suis prêt à aller plus loin avec toi. Si tu le veux.
— Parfait alors, sourit Guillaume avant de venir l'embrasser doucement. Tu veux bien enlever ton jogging ? »
Aurélien hocha la tête et se leva du lit, avant de venir enlever son bas de pantalon de survêt qui lui servait de pyjama. Guillaume l'observait silencieusement se déshabiller alors que son regard caressait amoureusement chaque parcelle de peau qu'il venait à rencontrer. Il était fou amoureux du garçon devant lui et pour la première fois, il allait peut-être le voir entièrement nu.