Je m'appelle Catalina Rodriguez, je suis d'origine mexicaine. Je vis depuis l'âge de quinze ans avec ma tante Maria, surnommée « La Mama » dans notre quartier.
Nous habitons dans le Bronx, au huitième étage, dans un appartement insalubre, entourée de mes quatre cousins. La cité, tristement célèbre pour son taux de criminalité le plus élevé à la périphérie de New York, est aujourd'hui un tout petit peu moins enclin à la violence. Du moins, c'est ce qu'affirme les médias et les politiciens, pourtant, il suffit de passer une journée en bas des tours, pour remarquer que leur théorie est fausse. Les bagarres de rues, la corruption, les trafics, les incendies, les balles perdues et parfois même le viol : voilà ce que la télé ne diffuse pas aux infos du soir, pourtant, c'est notre réalité. J'en ai eu la preuve encore hier soir. Je rentrais de l'école et j'ai faillis être la victime d'une fusillade en pleine ruelle. J'ai dû me refugier dans le hall d'un bloc voisin pour ne pas être toucher par les tirs qui fusaient de part et d'autre. Si je n'avais pas eu l'habitude de ce genre de règlement de compte entre gangs rivaux, j'en aurais presque tremblé. Malheureusement, ces situations sont notre quotidien et l'inquiétude que je ressentais en venant vivre ici c'est transformé en une fatalité.
Ici, le taux de chômage est nettement supérieur à la moyenne nationale, et les jeunes vendent de la drogue aux plus riches pour s'en sortir. De toute façon, ce sont les habitants qui créent et imposent leur loi a tous, les autorités ont désertés depuis bien longtemps. Personne ici ne ce souci de nous, c'est peut-être mieux ainsi. Avant je vivais dans un quartier résidentiel plutôt sympathique. Notre maison été parfaite, une façade couleur pastel, un jardin toujours entretenu et pour conserver le véritable cliché de l'américain moyen : une clôture blanche qui entoure un parterre de fleurs. Je me sentais en sécurité, mais depuis la mort de mes parents, mon mode de vie a radicalement changé. J'ai appris à me contenter de peu, l'important c'est que notre famille soit unie, soudée, peu importe les difficultés que nous devons affronter.
La seule possibilité de m'en sortir dans la vie est d'avoir assez de bagages, de diplômes, pour espérer partir de ce quartier. C'est pour cette raison que je me bats tous les jours pour atteindre cet objectif. Aujourd'hui, je suis au 12th grade* au « Charter School ». Mon éducation religieuse m'ayant été enseignée depuis mon plus jeune âge, je suis donc croyante et pratiquante. Je me rends tous les matins à l'église au coin de la rue pour prier. Le pasteur me dit de garder espoir, qu'un jour je pourrais quitter ce quartier malfamé et trouver un homme bon pour moi. Il avait tort, j'aurais dû implorer plus fort et écouter mon cœur qui me disait de partir loin avant qu'il ne soit trop tard... Je m'appelle Catalina Rodriguez, j'avais dix-sept ans quand mon destin a fini par me rattraper...
*équivaut à la terminale en France.
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Catalina
RomanceElle Enfermée dans la solitude depuis la disparition de mes parents, je tente d'effacer les souvenirs atroces de ce macabre assassinat. J'ai grandi dans la foi. J'ai trouvé un certain apaisement dans la religion chrétienne. Pratiquante assidue, je m...