Chapitre 7

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Fernando

Alors que l'office a déjà bien avancé, un cri strident et continu retenti dans tout le bâtiment faisant sursauter la plupart des pratiquants présents. Le révérend Hernandez me regarde, suspend les chapitres de la bible qu'il récitait à haute voix. Lui aussi se demande ce qu'il se passe. Il me chuchote de sortir pendant qu'il continu la messe. Par reflexe, je pose ma main sur ma ceinture mais bien sûr elle est vide.

Je pousse les lourdes portes en bois et aperçois Catalina à genoux un peu plus loin. Je m'approche d'elle prudemment, jamais je n'aurais imaginé qu'il s'agissait d'elle. Je m'en veux car quand je suis à l'église en train de remplir une partie de ma mission, je ne peux pas assumer l'autre. J'aimerais pouvoir me couper en deux, mais c'est impossible, il faut que je me consacre au rôle que l'on m'a donné.

Il m'a fallu environ un an pour m'imprégner du personnage, apprendre tout ce qu'il fallait sur le bout des doigts et pouvoir enfin me faire une place dans cette église sans que le père Hernandez ne soupçonne quoi que ce soit. C'est un travail que j'ai accepté en toute conscience malgré les risques que j'encours à chaque instant. Je sais qu'une fois ma mission achevée, une promotion m'attend et c'est ce qui me permet de tenir le coup.

Une fois à la hauteur de Catalina je la prends par les épaules, mais celle-ci se retourne vivement, surprise. Ses larmes roulent lentement sur ses jolies joues, je n'ai qu'une envie c'est de la prendre dans mes bras pour la consoler.

Depuis que je la file, c'est la première fois que je la vois si triste et désemparée, elle qui est si distante et froide d'habitude. Elle n'est qu'une mission pour moi, mais c'est la plus importante de toute ma vie, s'il lui arrive quelque chose, je peux dire adieu à ma réputation, je serais directement fiché « incompétent ».

- J'ai entendu hurler à travers les murs du bâtiment. Je venais m'assurer que tout allait bien. Catalina, que s'est-il passé ?

Elle essuie ses larmes, son regard n'est plus triste à présent, je peux y lire de la colère. Je me demande si c'est à cause de mon intervention, mais que pouvais-je faire d'autre ? La laisser pleurer et faire semblant de ne pas la voir, oui c'est ce que je devrais faire, car quand je lance un regard aux alentours, je remarque qu'ils sont là, tapis dans l'ombre comme à chaque fois. Je nous mets en danger en lui adressant la parole, mais c'est ce que ferait un homme de foi non ? Je les ignore et fait comme si de rien n'était.

Catalina se met à courir, je dois réfléchir à toute vitesse et prendre une décision. Tandis que Liam aurait laissé tomber l'idée de l'aider et serait retourné à ses occupations, Fernando dois agir différemment car c'est un homme qui a de l'empathie et est censé être altruiste.

Je cours à en perdre haleine, la pluie se met à tomber, j'hésite à faire demi-tour, j'ai toujours détesté ce temps de chien. J'aperçois ma cible au loin, marchant au milieu de la route, se mettant en danger à chaque fois qu'une voiture la croise. Elle n'a pas l'air de réagir, je me demande si elle a conscience de ses actes. Je crois plutôt qu'elle est dans un état second à cause de la douleur qu'elle ressent, même si j'ignore encore laquelle. Si seulement je pouvais savoir ce qu'il s'est passé, mais je pense que je peux faire une croix là-dessus !

Je passe devant elle, elle ne me voit même pas. Alors je glisse mes bras sous ses jambes et l'emmène vers l'église. Son corps est trempé de la tête aux pieds. Ses longs cheveux désormais détachés balancent et me chatouillent le dos. Je sens son cœur contre moi tellement son rythme est effréné. Elle se laisse aller, ses muscles se détendent, son corps est plus lourd. Je n'ose pas la regarder, de peur qu'elle change d'avis et me demande de la lâcher.

Je regarde droit devant moi, oubliant un instant que nous sommes sans doute encore observés. Je garde mon sang froid, ne perdant pas de vu mon objectif, la maintenir en sécurité. J'ouvre la bouche pour lui demander si elle va bien, mais je la referme aussitôt, moins nous aurons de contacts en public, mieux elle se portera, et moi également.

CatalinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant