Chapitre 4

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Catalina

La semaine est passée à une vitesse folle, entre les cours, le ménage, m'occuper des petits, et faire les courses, je n'ai rien vu venir

Je souffle un bon coup et me dirige vers l'étagère en bois bancale que je partage avec Veronica. Ses ronflements m'indiquent qu'elle dort encore. Bien, j'en profite donc pour prendre du temps pour moi. J'en ai besoin. Je tends le bras et attrape un de mes livres préférés : Le journal d'Anne Frank. Cette histoire poignante, raconte, par le biais d'un journal intime, le quotidien d'une jeune fille juive pendant la guerre 39/45. Je le connais par cœur, j'ai dû le lire une dizaine de fois, la couverture cornée à plusieurs endroits, témoigne des heures passées à le tenir entre mes mains. Anne aussi a vécue des choses difficiles et même si ce n'est pas exactement les mêmes conditions, je me reconnais un peu en elle. Elle se questionne sur l'avenir, sur sa famille, sur sa place dans la société. Ce sont des sujets dont je me préoccupe également.

J'ai toujours aimé bouquiner, mais c'est devenu ma nouvelle grande passion depuis que je vis ici. Ça me permet d'oublier un peu ma situation et parfois je me mets à rêver lorsque je lis de belles histoires d'amours. Je ne vais pas mentir, j'ai beau n'avoir aucune expérience amoureuse, cela ne m'empêche pas d'être une grande romantique.

Les pages se tournent sans que je ne m'en rende vraiment compte, je suis happée par l'histoire de cette adolescente.

- Encore ce livre ?

Veronica est assise sur le bord de son lit, ce qui signifie que je n'ai pas levé les yeux depuis un bon moment. Quand je suis dans ma bulle, plus rien n'existe.

- Déjà réveillée ? je lui rétorque amusée devant son regard encore ensommeillé.

Je décide qu'il est temps pour moi de me lever. Je tourne la tête vers le radio réveil « vieux de cent ans », saute sur mes pieds car il ne me reste plus que quelques heures avant qu'Andréa arrive.

Je dois aider ma tante à préparer le repas, mettre la maison en ordre et m'habiller. Quand je lui ai annoncé que je voulais inviter une amie à la maison, ça la mise dans tous ses états. Elle sait que cela m'a demandé un effort énorme pour que je franchisse enfin le pas, alors elle veut que tout soit parfait. C'est son seul jour de repos aujourd'hui, alors je vais essayer de lui enlever une épine du pied en faisant le maximum pour elle. Je sais que j'en fais déjà beaucoup, mais je ne peux m'empêcher de lui être reconnaissante de m'avoir recueillie, alors je me tue à la tâche. J'exagère sans doute un peu car ça me fait plaisir d'avoir toujours quelques choses à faire. Au moins, pendant ce temps je ne pense à rien d'autre.

J'entre dans la cuisine, embrasse Maria sur la joue et m'installe sur une des chaises libres. Rosa est déjà levée, elle boit son biberon de chocolat sur les genoux de sa maman qu'elle ne voit pas assez souvent. Arturo aussi est là et lavé à en croire ses cheveux encore mouillés qui lui tombent sur le front. Quant à Veronica, je sais qu'elle va en profiter pour se reposer plus longtemps que d'habitude et elle a raison.

Je m'empare d'un couteau et tartine généreusement mon pain de beurre de cacahouète que j'ai acheté cette semaine. Je prends mon temps pour la déguster car ce n'est pas tous les jours que nous avons la chance d'avoir ce genre de gourmandise sur la table. Si j'étais seule, je retournerais mes yeux de satisfaction, mais je me retiens.

Je pose un genou sur le bord de ma chaise essayant d'avoir l'air décontractée pour poser la question qui me préoccupe depuis ce matin.

Je finis ma tartine et demande à Maria d'un air détaché :

- Est-ce qu'Alejandro est rentré ?

Ce n'est pas que j'ai peur de lui, enfin peut-être un peu mais je veux m'assurer que la journée avec Andréa se passera bien.

CatalinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant