𝐃𝐄𝐍 𝐃Ø𝐃𝐄𝐋𝐈𝐆𝐄 kth;jjk

CHAPITRE UN

-          Jungkook pour la énième fois ; boucle ta ceinture !

Je n'écoutai pas et me contentai de jeter un regard assassin à ma mère à travers le rétroviseur. A la place passager : mon frère, la carte routière en main et un bonnet vissé sur son crâne rasé. Et parce qu'il était l'aîné il avait le droit au confort de la place passager.

Coincée entre les deux sièges, ma bouteille de soda se ballotait dangereusement, chaque secousse faisant tressauter son liquide orangé. Je la regardais avec dédain : boire ou ne pas boire ? Je finis par m'allonger de tous mon long sur la banquette arrière, les yeux tournés vers la fenêtre. De là j'apercevais les hauteurs du paysage, les montagnes grandissaient à vue d'œil, dominantes par leur grandeur inquiétante et presque dangereuse, menaçant à tout moment de nous ensevelir. Je déglutis. Nous étions en pleine saison alors leurs forêts étaient entièrement recouvertes par une épaisse couche de neige qui semblait étouffer les pins de trop de blancheur. Pris d'un frisson je scellai mes paupières entre elles, on pouvait en sentir le climat glacial bien que le chauffage de la voiture fonctionnait. Je détournai le regard et soupirai encore : dire qu'en ce moment je pourrais être sur les plages de Miami avec mon père entrain de siroter mon Malibu coco. Ouais, un Malibu coco parce qu'avec mon père tout était permis. Ah, quelles vacances de merde.

-          Qu'est-ce qu'il y a encore Jungkook ? Relança ma mère après m'avoir entendu bruyamment soupirer.

-          Rien je te dis !

-          Alors arrête de te plaindre.

-          Mais je ne me plains pas là !

Depuis neuf heures que nous étions sur la route ma mère tentait de me convaincre que ces vacances allaient être « génialissimes ». Mais je n'étais pas de cet avis à son plus grand damne. Elle espérait certainement renouer les liens avec ses deux enfants...

Désormais nous longions les petites routes montagnardes, chose qui commençait à me donner la nausée tellement le véhicule tressautait, évitant crevasses et bosses qui éclaboussaient le béton comme des obus.

-          C'est sympa de la part de Suzie et de son grand père de nous inviter pour les vacances, reprit-elle, tu pourrais montrer un peu plus d'enthousiasme.

Suzie s'était la petite amie de mon frère. Ils s'étaient rencontrés à la fac il y a six mois et depuis c'était le grand amour. Elle venait souvent à la maison alors elle s'était très vite intégrée à notre petite famille. Pour dire, ma mère l'adorait, quant à moi, elle ne me dérangeait pas plus que ça. Mais il avait fallu que son grand père tienne cette station de ski au milieu de nulle part et qu'elle trouve judicieux de nous inviter...

-          Et puis c'est l'occasion d'apprendre à skier ! Ajouta ma mère d'un ton enjoué pour tenter de me convaincre.

-          Génial j'ai vraiment envie de me péter une cheville.

Ce n'était pas gagné.

Elle soupira face à mon mutisme et jeta un coup d'œil dans le rétroviseur.

-          Hé mais je rêve ou t'es carrément allongé là ! Mets cette foutue ceinture avant que je te laisse sur le bord de la route !

-          Laisse-le Maman, il fait sa crise d'adolescence.

Ça y est, mon frère se réveillait pour me foutre la misère.

-          On ne t'as pas sonné l'attardé.

-          Calme-toi morveux. Cracha-t-il en se tournant vers moi.

En guise de réponse, je lui fis un doigt, prenant bien garde à ce que ma mère regarde droit devant elle. Il claqua sa langue me toisant avec dédain en mimant un « petite bite » silencieux. A ne pas s'y méprendre, on s'entendait relativement bien pour une relation fraternelle, en fait nous avions une relation basique de frère à frère où l'aîné se plaisait à mener la vie dure au plus jeune. Selon lui, il en valait de son devoir de fils aîné. Je me penchai de nouveau sur la lucarne : on ne faisait que zigzaguer dans la montagne. Je jetais un œil à mon téléphone remarquant qu'il n'y avait même pas une barre de réseau. Ça me faisait une belle jambe.