𝐃𝐄𝐍 𝐃Ø𝐃𝐄𝐋𝐈𝐆𝐄 kth;jjk

CHAPITRE ONZE

PDV EXTERIEUR

Lorsque le shérif avait été muté dans ce village sans nom, isolé au cœur des montagnes et où les ondes ne passent pas il ne s'imaginait pas avoir affaire à un tas de phénomènes étranges.

Tout traduisait le calme et la sérénité et rien ne présageait ce à quoi il allait faire face :
Le village était né de la station de ski dans les années soixante, investie par une famille de norvégiens et qui ne vivait qu'à travers elle et l'élevage alpin traditionnel. Tandis que les pics verdoyants de l'été étaient arpentés par chèvres, chevaux et quelques vaches, l'hivers était pris d'assaut pat les skieurs de la région. Et que dire de ses habitants ? Des paysans coupés du monde, un peu rustres et dont les mœurs et pratiques païennes l'emportaient sur les mentalités modernes.

Lorsque le shérif avait été muté il s'attendait à un petit village paisible et seulement perturbé par des querelles entre voisinages et des bagarres au Jenny's.

Oh, il y avait bien eu cette affaire de disparition de jeunes qui datait de plusieurs années lorsqu'il était pour la premières fois entré dans son bureau, mais il ne s'en était pas formalisé plus que ça et avait simplement allumé sa cigarette en feuilletant le journal local.

Pourtant, les lieux semblaient être le théâtre d'événements mystérieux, passant de la mort inexpliquée d'animaux à des accès de folie de la part des habitants qui vivaient ici. Certains juraient avoir vu une créature rodée dans la forêt, d'autres que la station était maudite et que le climat ambiant faisait perdre la tête à plus d'un.

Et il y avait de quoi : tout le monde racontait l'histoire de cette femme qui avait poussé son enfant âgé de six ans dans un précipice dix années auparavant, prétextant le sauver de la convoitise d'un démon. Ou bien, il y a sept années de ça, la tragédie de la femme malade du loueur de matériel qui avait fini par se pendre à un arbre au beau milieu de la forêt. Plus récemment, on avait retrouvé ce couple de randonneurs ensevelis main dans la mains sous une épaisse couche de neige, les yeux arrachés de leurs orbites.

Il y avait aussi ces disparitions mystérieuses... ces corps cabossés, retrouvés des jours après, et qui avaient sans doute trouvés la mort dans des circonstances macabres.

Évidemment, ces évènements tragiques cultivaient un folklore ancré depuis des générations et nourrissait les curieux et les superstitieux de délicieuses théories surnaturelles. Une station maudite dont ses montagnes et sa gigantesque forêt pourraient bien vous faire perdre la raison si vous vous y aventurez un peu trop profond.

Ce qu'on se plaisait à qualifier de paranormal n'était que des commérages amplifiées pour l'esprit rationnel qu'était le shérif. Il était de ceux qui devait voir pour croire et il n'avait jamais vu de fantômes se balader dans la forêt. Non, lui voyait le résultat de crimes et de meurtres effroyables dont on n'avait pas encore retrouvé les coupables.

Depuis les affaires non-résolues s'entassaient sur son bureau.

Enfin, lorsque le shérif avait été muté dans ce village isolé au cœur de la montagne, acheminé par une unique route hasardeuse, il ne savait surement pas ce qui l'attendait quand sa secrétaire l'appela ce matin-là. « Il y a une urgence ! » s'affola-t-elle de sa voix stridente le faisant grogner qu'il était trop tôt pour s'exclamer de la sorte.

Le shérif Jung frotta son visage mal rasé d'une main avant de se lever, dans un grincement de ressorts, du canapé sur lequel il s'était endormi. Il éteignit le téléviseur qui avait tourné toute la nuit marmonnant quelque chose comme quoi la facture d'électricité serait salée. Il vivait reclus depuis des années, appréciant le calme et la sérénité que lui offrait la solitude. Après une courte toilette et un rasage approximatif le shérif quitta sa vieille cabane en bois pour rejoindre le commissariat.