CHAPITRE DIX

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Le voile sombre de la nuit couvrait la station. Plongée dans une pénombre qui métamorphosait les habitations en de grosses masses difformes. Seuls les points de lumières brumeux des lampadaires éclairaient la rue enneigée.

Une soirée calme et silencieuse, seulement perturbée par le ronronnement du moteur qui tournait toujours alors que nous étions stationnés devant mon chalet. Mes yeux fixaient l'amas de particules que révélaient les fards du Pick Up. Je pensais déjà au sermon auquel j'aurais droit dès que franchirais le pas de la porte. Après tout, je n'avais pas donné signe de vie de toute la journée et je ne rentrais qu'une fois la nuit tombée...

-          Bon, tu te décides ?

Taehyung leva un sourcil, impatient, sa main osseuse sur le volant.

-          Oui, oui...

Je pris une grand inspiration pour me donner du courage avant de me redresser sur mon siège et de tirer sur la poignée de la portière. Et alors que j'allais poser les pieds à terre, les doigts de Taehyung vinrent encercler l'os fin de mon poignet, me stoppant dans tout mouvement.

Il prit un temps avant de prendre la parole, les lèvres pincées en une grimace concentrée : 

-          Si tu cherches à fuir tes problèmes d'adolescent perturbé... le début de sa phrases fit froncer mes sourcils alors il abrégea : Juste... évite d'aller dans la forêt sur un coup de tête comme ça.

Je compris qu'il faisait référence à ce matin, lorsqu'il m'avait couru après. Le rose me monta aux joues en me remémorant ce moment gênant où il m'avait vu pleurer. Il avait fallu que ce soit lui qui me voit dans cet état...

-          Oui maman, répliquai-je tout de même pour cacher mon embarras.

Mes yeux se posèrent ensuite sur ses longs doigts toujours enroulés autour de mon poignet. Il les retira d'ailleurs aussitôt et roula des yeux en se réadossant sur son siège :

-          T'es naze. Soupira-t-il, le coin de la lèvre levé.

-          Naze toi-même. 

-          Je suis sérieux, reprit-il, Pas mal de personnes se font piéger dans la forêt, on les retrouve parfois des jours après, et complètement traumatisés.

Il dit ces mots sur un ton glacial, les yeux plus sombres qu'une nuit sans étoiles.

Il se passe des choses que tu n'imagines même pas, ici. Alors il pensait réellement ces mots ?

Puis une courbure joueuse étira ses lèvres au bout de quelques secondes, ce qui me fit hausser les sourcils :

-          Tu essaies de me faire peur là ? demandai-je en comprenant qu'il se moquait de mon expression mortifiée.

-          Non, je te mets juste en garde.

S'inquiétait-il pour moi ? Cette pensée me laissa perplexe quelques secondes durant lesquelles je l'observais les yeux plissés, puis je me souvins de son vélo abandonné dans la neige, à la lisière de la forêt, le premier jour.

-          Et toi alors ? j'ai vu ton vélo sur le bord de la route en arrivant ici.

-          J'habite ici, je sais ce que je risque comparé à toi.

-          Crâneur. Ne pus-je m'empêcher de souffler, les joues gonflées d'agacement.

On croirait entendre mon frère : toujours à me dire ce que je peux ou ne peux pas faire. Tu es trop jeune Jungkook : encore une phrase que sa position d'aîné lui permettait de sortir comme un joker. Irrité —enfin pas réellement— je me décidai à enfin quitter le véhicule, le froid s'étant déjà bien assez introduit à l'intérieur. Sauf que la voix de Taehyung s'éleva encore :

𝐃𝐄𝐍 𝐃Ø𝐃𝐄𝐋𝐈𝐆𝐄 kth;jjkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant