𝐃𝐄𝐍 𝐃Ø𝐃𝐄𝐋𝐈𝐆𝐄 kth;jjk

CHAPITRE TREIZE

Le ciel était vêtu de son voile cosmique brodé de diamants. Je l'observais distinctement et pourtant, la tête baissée, je faisais face au sol. J'avançai d'un pas et une onde oscillante vint perturber le calme de la voûte céleste, déformant les petits points brillants de lumière.

De l'eau ?

Je sentis sa caresse froide sur mes cuisses, mes hanches, partout, elle gorgeait mes vêtements jusqu'à mon nombril. D'un geste précipité je dégageai mes mains dans un clapotis bruyant.

Bon sang !

Où est-ce que je me trouvais ?

Il n'y avait que de l'eau autour de moi qui semblait s'étendre sur plusieurs mètres. Et comme un miroir géant, l'immense lac reflétait le ciel d'une nuit sans nuages. A force de bouger dans tous les sens, mes baskets s'enfonçaient dans la vase, et mes vêtements me collaient désagréablement la peau. La panique s'empara de moi comme une tornade sournoise qui me hurlait de sortir d'ici. Sinon... sinon quoi ? Claquant des dents, je tentai d'avancer vers la berge en battant des bras mais je ne fis que glisser sur la vase, et trébucher sur les cailloux. Les algues me chatouillaient les chevilles comme si elles tentaient de me tirer vers le fond du lac. Une caresse glacée sur mon articulation déjà meurtrie me fit sursauter d'effroi. Je trébuchai lourdement et me relevai en toussant l'eau qui s'était infiltré dans mes poumons. Désormais entièrement trempés, mes vêtements semblaient peser une tonne.

Je n'avais à peine bougé de quelques mètres quand mes yeux plongèrent dans ceux d'une silhouette droite, debout sur l'herbe.

L'obscurité la faisait paraitre comme une ombre proche et lointaine à la fois.

- Aide-moi. Suppliai-je alors que je m'enfonçais un peu plus dans l'eau boueuse.

Mais elle ne bougea pas d'un pouce, restant figée sur la terre ferme, ses orbes scintillants rivés sur mon corps qui se tortillait dans l'eau glacée. Pourquoi ne faisait-elle rien ? Ne voyait-elle pas que j'allais me noyer ? Mes bras et mes jambes me faisaient souffrir à force de battre dans tout les sens mais dans un geste désespéré je tentai de l'atteindre. Je lui criais de m'aider.

Mais je fus coupé dans mon élan.

Une poigne m'attrapa par derrière, pressant ma bouche avec force pour me faire taire. Une odeur putride s'inséra brusquement dans mes narines et me donna un haut-le-cœur puissant. Je me débâtis comme je pus, griffant ses doigts, de longs doigts osseux couverts de crevasses et d'un épais liquide visqueux qui me rentrait dans les yeux. Mes jambes se balançaient frénétiquement dans l'eau dans le but de trouver appuis pour me dégager, n'importe quoi. Mais la prise de cette... chose... était comme du ciment, elle me tirait un peu plus dans les profondeurs du lac sans que ne puisse rien faire.

« Rejoins-moi » soufflait la chose du lac d'une voix gutturale au creux de mon oreille.

Et la vérité me frappa d'un coup : Je me noyais.

Je sentis l'eau envahir ma bouche grande ouverte, et alors que je me faisais totalement engloutir, je reconnus la silhouette qui me regardait sur la berge.

Elle souriait, se réjouissant de me voir sombrer.

Je me réveillai en sursaut. Les deux mains sur la gorge et le souffle court. Il n'y avait pas d'eau autour de moi, seulement l'obscurité du sous-sol et le ronflement de Seokjin qui dormait à côté de moi.

Un cauchemar.

Encore.

Je tremblais, secoué de spasmes irréguliers et mon corps transpirait à grosses gouttes, collant mes mèches brunes sur mon front. Qui était-ce ? son identité m'avait échappé au moment où j'avais ouvert les yeux, j'étais incapable de me rappeler qui était là, sur la berge, à me regarder me noyer sans bouger. La sensation désagréable de l'eau sale qui s'infiltre dans ma gorge me fit frissonner.