CHAPITRE SIX

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J'étais de retour dans ma chambre.

Du moins celle qu'on m'avait attribué.

En tailleur sur le matelas trop moelleux, les rideaux tanguaient légèrement. Conséquence de la brise glaciale qui s'infiltrait par la fenêtre grande ouverte.

La chambre étroite et vétuste aurait pu être la cause de mon soudain trouble, de mes sourcils de plus en plus froncés. Mais elle ne l'était pas, et le malaise qui avait pris ma gorge en otage et qui faisait nerveusement trembler le coin de mon œil gauche grandissait.

Cela faisait dix bonnes minutes que j'avais regagné ma chambre, et peut-être cinq autres que mes pupilles allaient et venaient entre les rougeurs sur ma cheville et la page ouverte de ce foutu livre.

Parano. Me criait ma conscience.

Parano.

Parano, parce que lorsque que j'avais retiré ce foutu sachet de haricots gelés de mon articulation meurtrie, j'avais été secoué par un flash. Ce que j'avais d'abord pris pour des traces de doigts –ce qui était déjà, ma foi, bien flippant– ne se résumait qu'a trois ecchymoses sombres et longilignes. L'une plus étendues, bordée de chaque côté par deux plus petites.

Et une seule question tournait en boucle dans ma tête comme un bourdonnement strident :

Comment m'étais-je fais ça ? Bordel.

Mais là n'était pas le pire... Ce qui faisait ruisseler la panique dans tout mon corps était bien le fait que la forme que prenaient ces taches violâtres me disait quelque chose.

Je l'avais déjà vu.

Et je n'avais pas tardé à me souvenir d'où. La réponse était dans ce livre, ce foutu livre que j'avais ouvert le premier jour. Cette silhouette d'encre esquissée à presque toutes les pages était comme la version nette de ce qui se trouvait sur ma cheville, marqué au fer rouge. Un symbole étrange, un dessin au lignes maladroites et imparfaites, comme tracé avec empressement.

Parano.

Je n'étais pas suspicieux, mais chercher une explication plausible à tout cela semblait impossible.

Parano.

Mes lèvres tentèrent d'happer l'air absent dans mes poumons ce qui secouait mon corps de spasmes rapides et névrosés. Tandis que des frissons aigres piquaient ma colonne vertébrale comme des aiguilles.

Parano.

-          C'est quoi cette merde... soufflais-je pour moi-même, la gorge rêche.

Un petit rire nerveux franchit la barrière de mes lèvres maltraitées par le froid alors que j'avais reposé mes yeux sur ma cheville puis sur les pages jaunies du livre intitulé « DEN DØDELIGE ». Griffonné sur chaque page, parsemé de notes incohérentes. Et je me demandais d'où est-ce qu'il pouvait bien venir ? à qui avait-il appartenu ? Pourquoi ce trouvait-il dans notre chalet ? Et bordel de merde pourquoi ce foutu symbole se trouvait sur ma putain de cheville ?

Concentré, je glissai piano piano mes doigts sur l'ecchymose, appuyai légèrement et grimaçai face au picotements désagréables. Bon, si je relativisais je dirais que ce n'est pas vraiment douloureux. De plus ça ne ressemblait pas non plus exactement au symbole du livre...

Mais la question restait : qu'est-ce qui m'avait fait ça ?

Quoi... ou qui ?

Ma tête était lourde et mes muscles engourdis alors que je me rejouais la scène dans la forêt à la recherche d'une explication plausible : le sanglier, l'offrande, Namjoon, le collier...

𝐃𝐄𝐍 𝐃Ø𝐃𝐄𝐋𝐈𝐆𝐄 kth;jjkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant