Dans l'académie de danse de Busan, il y a deux types de princes.
Wooyoung, populaire et toujours entouré de monde, habitué aux bruits autour de lui.
Yeosang, froid et discret, accoutumé au calme et à la tranquillité.
Ils se connaissent mais ne se p...
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Yeosang
Assis en face de Wooyoung, mes hot wings entre les mains, je l'écoute parler de tout et n'importe quoi. Il a un débit de blabla, c'est dingue.
- Et donc là, BAM, IL M'A DEFONCE LE BRAS!
Je mastique ce que j'ai dans la bouche, avale, et demande d'un ton blasé :
- En même temps faudra m'expliquer pourquoi tu as essayé de faire un bras de fer contre Jongho. Non parce qu'à part se faire écraser le bras plus sa fierté, je ne vois pas trop à quoi ça peut l'avancer.
- Nan mais tu comprends pas Yeo, j'étais en train de me dire que-...
- Arrête de parler et mange.
- HEY ! LAISSE-MOI FI-...
- Mange.
C'est vrai quoi, à force de parler, il a pas touché à ce qu'il avait devant lui. Les sourcils froncés et la mine renfrognée, il s'empare de ses bouts de poulets avec hargne et les mange sans aucune délicatesse. Il s'enfile tout son repas d'un coup à une vitesse folle et puis reprend tout de suite là où il en était :
- Je me disais : tranquille, ça fait longtemps qu'il a pas pratiqué tu vois, genre ça faisait quelques semaines et tout et tout MAIS QUEL CLOWN JE SUIS !
- Ah bah ça.
- SOUTIENS-MOI ?!
- De qui ? Moi ? Oulà.
Wooyoung fait semblant d'être surpris en mettant la main sur son coeur et en mimant une tête scandalisée.
- Bref. Viens chez moi après, on s'mate un film et tout, y'aura Jongho je pense, ça va être cool.
- Non.
- COMMENT CA NON ?
- Tu es au courant que mon quota de tolérance d'une heure vient largement d'être dépassé ?
- Et bah ton coton d'errance il va devoir augmenter.
Je fais les yeux ronds face à l'interprétation de sa phrase, puis je finis par rire nerveusement, me foutant ouvertement de sa gueule :
- Coton d'errance ? T'es sûr que t'as les oreilles débouchées Wooyoung ?
- POURQUOI J'ME FAIS ENCORE VICTIME ? CE TEMPS EST REVOLU NON ?
- Il me semble que c'est une règle d'or de l'uni nan ? Wooyoung la victime.
- EH OH.
- C'est bien ce que je disais.
- YEOSAAAAANG !
- Au fait, ma chanteuse préférée c'est Christina Aguilera.
- ESSAYE PAS DE DEVIER LA CONV-... Ah bon omggg ?!!!! T'as tellement raison frère, wallah juré sur la tête de oim elle a une de ces voix...
* * *
Finalement, avant même que je m'en rende compte, il était déjà dix-sept heures quand on s'est dit qu'il fallait peut-être bouger. Je venais de passer un après-midi entier avec Wooyoung, dans un KFC, à parler de nos goûts musicaux, à dire de la merde, à faire des batailles de frites, et autres conneries que j'aurais jamais faites avec quelqu'un d'autre.
Le bruit m'a moins insupporté. Je ne suis pas sûr, mais je crois qu'il faisait des efforts pour diminuer le volume de sa voix.
Et même si c'est anodin, ça m'a fait vraiment plaisir. Au moins, j'ai un petit mal de crâne, et pas la tête dans une cloche qui résonne.
On marche quelques minutes, lui qui me parle de je ne sais quel dinosaure qui ferait des mètres de haut, et moi qui l'écoute, encore une fois, blablater ses trucs.
On arrive au moment où nos chemins se séparent. Il remonte son sac de sport sur son épaule, et d'un coup, la fraîcheur du soir vient me caresser l'échine. Il semblerait que l'atmosphère bruyante dans laquelle on était si dissipe, et le doux bruit de la brise et des feuilles qui se meuvent la remplace.
- T'es sûr que tu veux pas regarder le film avec nous ?
- Non, non, je vais me reposer chez moi. J'suis crevé.
- Bon... OK. A lundi alors ?
- Ouais... ouais à lundi.
Mais au final, on reste planté là comme des cons. On a l'air fins tiens. Je bégaye comme un enfant :
- V-... vas-y.
- Nan, toi, vas-y d'abord.
- Ok, à trois alors.
On décide après un pierre feuille ciseau qui finit en égalité parce qu'on a fait quatre manches de faire le décompte ensemble.
- 3, 2, 1...
Et rien ne se passe.
Je ne sais pas ce qui m'arrive.
Je n'arrive pas à décoller mes pieds pour faire demi-tour.
Je n'arrive pas à entendre autre chose que mon sang qui pulse.Je ne veux pas partir.
Je me sens bien.
- Wooyoung, tu-...
Mais avant que je ne puisse dire quoique ce soit, je sens deux bouts de lèvres se poser sur les miennes.
Le temps d'un bruissement de feuilles et d'un souffle du mistral, et Wooyoung s'est déjà écarté, les joues cramoisies, mais sûrement moins que les miennes.
- Qu'-qu'-qu'-qu'est-c-c-c-ce que tu v-viens d-d-d-d-de-...
- JE TE LAISSE JE DOIS ALLER VOIR MON FILM !
Et puis il se barre en courant, et moi je hurle :
- WOOYOUNG PETIT CON REVIENS ICI, ASSUME UN PEU !
- NON J'ASSUME PAS ENCORE !
- T'AS PAS DE COUILLES !
- CA TU VERRAS BIEN PAR TOI-MEME !
Rouge tomate de honte, de joie, de pleins de choses, je réponds, indigné :