VII

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•en média : Djadja, Aya Nakamura•

MARDI


•Point de vue d'Emma•

 Après l'effort, le réconfort ! Je suis présentement en train de préparer des crêpes, enfin la pâte pour les faire. Lorsque j'étais enfant, ma mamie m'en offrait à chaque fois que j'étais malade. Aujourd'hui, je ne suis pas malade, mais une crêp'partie n'a jamais fait de mal à personne, si ?

Je n'ai pas jugé utile de m'habiller ce matin en voyant la couverture nuageuse qui encombrait le ciel parisien. Alors vêtue d'un short de danse qui m'arrive juste au-dessous des fesses et un soutien-gorge bleu, je chantonne Djadja d'Aya Nakamura pour ensoleiller mon appart'. Je suis plutôt pudique en général, mais étant donné que je suis seule dans mon appartement, je peux bien m'habiller comme je veux !

- En plus de savoir danser, tu chantes et tu cuisines ? La femme parfaite !

Je sursaute, surprise, et me retourne pour faire face à mon interlocuteur. Aymé ? Mais comment est-il entré sans que je l'entende ? Il semble avoir anticipé ma question puisqu'il agite devant moi le double de mes clés que je lui avais laissées le premier jour. Puis me revient subitement à l'esprit la tenue dans laquelle je suis et je sens mes joues prendre des couleurs. Il me regarde, sourire aux lèvres. Il ne perd pas le nord celui-là ! Je le contourne pour me changer dans ma chambre et, alors que je suis à l'autre bout de l'appartement, je lui ordonne :

- Ne laisse pas brûler mes crêpes !

Un gros sweat et un jogging gris plus tard, je réapparais dans ma petite cuisine où se tient cet homme dont je ne connais rien, mais que tout m'attire. J'ai nommé Aymé. Il est super concentré sur la poêle dans laquelle une crêpe se fait bronzer. Le voir comme cela est assez drôle, je dois l'admettre. Une petite bouclette lui retombe sur le front et ses lèvres forment un M. Que voulez-vous, la maîtrise du saut de crêpes n'est pas donnée à tout le monde !

- Tu gères ? lui demandé-je amusée.

- Hum, ouais, t'inquiète. Regarde le boss.

Il prend la poêle dans une main et, d'un petit geste sec du poignet, fait sauter la crêpe qui tombe malheureusement dans le saladier avec le restant de pâte, l'éclaboussant au passage. Il a de la mixture jaunâtre un peu partout sur son tee-shirt et sur son visage. Il retire son haut, me laissant par la même occasion admirer son torse nu. Mon regard s'arrête sur une cicatrice à hauteur de l'élastique de son boxer. Je ne l'avais encore jamais remarquée.

- Comment as-tu fait ceci ? le questionné-je, faisant référence à sa blessure.

Dans son regard, je lis de la tristesse quand son visage voudrait m'évoquer la colère. Que ce soit l'un ou l'autre, il me lance froidement :

- J'te pose pas de questions, tu ne me poses pas de questions, ok ?

OK...

Il ne faut pas longtemps à mon cerveau pour se poser un milliard de questions : mais pourquoi a-t-il réagi de cette façon ? Que cache-t-il à la fin ? D'où cette cicatrice peut-elle bien provenir ? Pourquoi faut-il toujours que je fasse tout foirer ? Et pourquoi je me prends autant la tête pour un gars que je viens tout juste de rencontrer ? Pourquoi est-ce que j'ai tant envie d'être proche avec cet homme ? Je ne sais rien de lui... son nom, son âge, son métier, sa famille, sa passion... J'ai tellement envie d'en savoir plus sur sa vie, ses origines.

Je mets mon cerveau sur pause une seconde en reniflant l'odeur de cramé qui flotte dans la pièce. Nous braquons nos regards sur la crêpe qui risque de finir sa courte vie dans la poubelle plutôt que dans nos estomacs.

Post-EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant