Post-Enfer

XII

•en média : 5 4 3 2 1, tsew the kid•

(trop fière de vous la faire découvrir dès aujourd'hui car elle est sortie cette nuit!)

LUNDI

•Point de vue d'Emma•

Ma sonnerie de téléphone emplit toute la pièce, m'obligeant à mettre mon film sur pause. Je reste un instant interdite face au torse nu de Noa sur l'écran. Cet acteur est juste magnifique et son rôle dans Kissing Booth est trop waouh ! Je déplie difficilement mes jambes. Les travaux de plomberie chez Aymé se sont terminés vendredi soir, et ceux de rénovation et de décoration nous ont occupés tout le dimanche. À force de me lever, me baisser, attraper des choses, les porter, puis nettoyer, déplacer un meuble, le remettre, mes muscles sont en compote ! Dire que nous n'avons fait que le salon !

J'attrape enfin mon téléphone et décroche sans faire attention au nom indiqué.

- Allô ?

- Ouais, ramène ton cul, me répond une voix masculine.

Je prends une profonde respiration, en regrettant de ne pas avoir pris le temps de vérifier de qui venait l'appel.

- Qu'est-ce... qu'est-ce que tu veux ? Je ne suis pas dispo, là.

- Eh bien, maintenant tu l'es ! Rendez-vous dans vingt minutes à l'endroit de d'habitude. Et t'as pas intérêt à être à la bourre.

Sur ces charmantes paroles, mon interlocuteur raccroche. Sachant que le lieu en question est à environ un quart d'heure de chez moi, je décide de ne pas m'éterniser dans mes pensées. Je sors de mon lit, laissant mes draps en vrac, enfile un manteau par-dessus mon pull et me rends à ma voiture.

L'air est légèrement humide. Le ciel obscur contraste avec la lumière presque hypnotique de la ville. Sur le parking, peu de voitures bravent la fraîcheur de ce début de décembre. Malgré l'absence de foule[1], je me sens tout de même observée. Je le cherche du regard tout en essayant de paraître naturelle. Un exercice bien plus difficile qu'il n'y paraît !

Quand un homme, entièrement vêtu de noir, sort brusquement de sa voiture, un frisson parcourt mon dos et vient mourir dans ma nuque. Il s'approche à grand pas. Je n'ose plus bouger. Mon corps est comme victime d'une paralysie aussi subite que terrifiante. Je tente de me ressaisir : je ne dois pas lui montrer que je suis intimidée ou quoi que ce soit. Ce soir, je suis déterminée. Les images défilent devant mes yeux. Un peu comme avant une mort certaine dans les films, mais je chasse les souvenirs : je dois rester de marbre.

- Te voilà, toi ! crache-t-il lorsqu'il arrive à ma hauteur.

- C'est toi, Liam, qui m'as demandé de venir, dis-je avec un aplomb que je regrette déjà.

- Qu'est-ce t'as à me parler comme ça ? me demande-t-il d'une voix rauque me faisant légèrement sursauter.

- Je ...

Emma, reprends toi !

- J'arrête ! C'est fini ! Je pense que tu as assez joué.

- Parce que tu penses, toi, maintenant ? Contente-toi d'obéir aux ordres, c'est tout ce que je te demande !

- C'est bien ce que je suis en train de te dire : je ne veux plus obéir. C'est...

- Attends, mais tu crois quoi ? me coupe-t-il.

Son visage se tord en une grimace immonde. D'un geste, il me pousse en arrière, s'allonge au-dessus de moi en exécutant un pression sur mes épaules, m'obligeant à m'appuyer sur le capot de ma voiture. Puis, il agrippe violemment mes poignets, les plaque de part et d'autre de mon visage. La violence est telle que j'en oublie la douleur. Je ne ressens même pas la chaleur de son corps sur le mien. Pourtant notre proximité le permettrait, s'il avait une once d'humanité en lui. La peur me broie les entrailles. Je souhaite de tout mon être fermer les yeux et me réveiller. C'est là que je comprends : je ne suis bonne qu'à m'attirer des emmerdes. Même quand je cherche à y mettre un terme, à m'en défaire, d'autres me tombent dessus. Ce n'est pas Ryan, le petit voleur, qui me faisait peur le mois dernier. C'était ma capacité à me retrouver en face de ce genre de personnes, nez à nez avec ces dangers. Et maintenant, je suis seule, sur ce parking désert, personne pour me tendre la main, un homme pour me retirer la vie.