XIV

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• en média : A.M.C, Lefa •

- Hummm, c'est bon la compote aux pommes de maman.

Penchée sur sa petite fille, elle ne remarque pas l'homme à la capuche qui se tient planté derrière elle. Visiblement impatient, il se décide à poser une main rageuse sur son épaule pour la prévenir de sa présence. Dès que la jeune femme se retourne pour lui faire face, son sourire disparaît immédiatement et laisse place à une sentiment tout autre : de la terreur. Presque aussitôt, elle se met à trembler de tous ses membres, tétanisée.

- Tu vas payer pour lui.

Il prononce ces mots avec tant de haine et de dégoût dans le regard que sa victime en est pétrifiée. De cet homme émane une aura si cruelle que les minutes semblent s'allonger au fil du temps. L'atmosphère retient son souffle tandis que ce dernier s'avance dans un mouvement imperceptible.

La femme se lève, constituant un mur entre sa fille et l'homme. Celui-ci l'éjecte à terre en lui infligeant plusieurs coups secs, tous plus violents les uns après les autres. Dans le ventre. La poitrine et le visage. Les joues de la jeune femme sont inondées de larmes ainsi que de sang.

Un premier coup.

Puis un deuxième.

L'arme a été sortie de nulle part puis s'est enfoncée dans l'abdomen de la jeune mère. Elle n'a pas crié, ni gémi. Elle se contente de regarder son agresseur. Si un regard pouvait être mortel, celui-ci aurait tué l'homme sur-le-champ.

Quant à l'enfant dans son berceau, il s'époumone devant ce spectacle. Le cagoulé le prend dans ses bras et fuit avec sans se retourner, laissant derrière lui le corps inerte de la génitrice.

Un habitant observe toute la scène de sa fenêtre.

Lorsqu'il est témoin des coups de couteau, son sang ne fait qu'un tour et ses poings se ferment automatiquement. Il sort de l'appartement sans même fermer la porte derrière lui et se précipite au côté du corps de la victime, inconsciente. Il essaie tant bien que mal de stopper l'hémorragie.

Il se laisse, le temps d'un quart de seconde, hypnotiser par son magnifique visage puis se reprend. Il demande aux passants d'appeler les pompiers. Dans sa voix, on peut lire la panique et le désespoir. Va-t-il pouvoir la sauver ?

Lorsque les secours arrivent, quelques minutes après le drame, ils prennent en charge la patiente et remercient le jeune homme pour ces premiers soins qui permettront peut-être de la sauver.

Après avoir passé plus de dix minutes avec un policier qu'il juge incompétent, pour répondre aux questions pouvant aider à l'enquête. L'homme décide de demander les coordonnées de l'hôpital dans lequel a été transporté la fille. L'information acquise, il saute dans le premier bus lui permettant de s'y rendre. Une lueur d'espoir dans le regard, il ne peut effacer son visage de sa mémoire.

***

« Alerte enlèvement. Un bébé âgé de 14 mois, dans un pyjama gris, a été enlevé ce matin à 9h37, au square place des étoiles. L'auteur de l'acte est un homme d'une vingtaine d'années, habillé d'un jogging noir et d'une parka noire. Le bébé est une fille nommée Mercy. Si vous êtes témoins ou que vous avez aperçu l'individu et l'enfant contactez... »

Trois quarts d'heures ont passé depuis que le « sauveur » est installé sur ces fichues chaises bleues d'hosto très peu confortables. La radio passe en boucle cette alerte qu'il peut désormais réciter par cœur comme une poésie.

Une infirmière assez souriante - pour changer - vient le sortir de ses pensées :

- Excusez-moi, c'est vous qui accompagnez la jeune femme ?

- Oui ! Je peux la voir ? Elle va bien ?

- Je suis désolée mais vous ne pouvez pas la voir pour le moment.

- Je veux juste savoir comment elle va ?

- Pour l'instant, elle est stable mais son état reste préoccupant. C'est un miracle qu'elle soit encore de ce monde. Rentrez chez vous, monsieur, on vous appellera s'il y a du nouveau...

Il la remercie hypocritement, déçu d'avoir dû poireauter ici si longtemps.

Post-EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant