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Après-midi, début du cours de sport

PDV Nagisa

Toute la classe était réunie dehors, sur la piste d'athlétisme, en tenue de sport. Tout le monde portait l'uniforme amble et bleu destiné aux entraînements. La nouvelle ne devait pas avoir reçu le sien puisqu'elle gardait ses vêtements noirs, ainsi que le fourreau attaché à sa ceinture.

- Tu devrais enlever ça pour le cours.

Elle secoua vivement la tête.

- Mais ça risque de te gêner.

Elle haussa les épaules. Elle est vraiment bizarre...

- Comme tu voudras...

Le reste de la classe nous rejoignit rapidement, et nos professeurs aussi, excepté Bitch-Sensei qui corrigeait nos copies en salles des profs. On pouvait l'entendre grogner et nous insulter si on tendait l'oreille. Toute la classe se mit en position et s'alignait en plusieurs colons devant Karasuma. Il insista pour que Saphir soit devant afin de pouvoir observer son niveau. Karasuma donna le signal et nous répétions les mouvements et feintes aux couteaux qu'il nous avait appris. Elle nous observa et nous imita. L'exercice dura quelques minutes pour nous échauffer, puis notre professeur de sport décida de forme des binômes pour nous entraîner à assassiner notre adversaire. Je me retrouvais avec elle, Karasuma jugea que j'avais plutôt un bon niveau, suffisamment pour l'entraîner. Elle se mit face à moi et empoigna son couteau comme elle saisirait une épée. Elle tenta quelques attaques maladroites, sa posture était déséquilibrée, elle avait même faillit tombée quand j'ai esquivé son couteau. Je me demandais même si c'était la même personne qui avait massacré les tentacules du poulpe de matin même. J'ai rangé mon couteau dans son étui et je l'ai posé par terre. Je me suis approché d'elle doucement mais elle ne cessait de se débattre, en fouettant l'air de son couteau.

- Hey du calme, c'est Koro qu'on doit tuer, pas moi ! Et tu devrais tenir ton couteau de cette manière, tu y arrivera mieux.

Je replaçais correctement son couteau dans sa main en lui montrant comment moi je le tenais. Et ce fut tout de suite mieux pour elle, elle corrigea sa position d'elle même pour s'adapter au couteau, et elle retrouvait son équilibre et son agilité. Elle était étonnamment très rapide. Mais c'était un réel exercice que de combattre contre elle, même si ce n'était que pour de faux. A la fin du cours, alors que les filles regagnaient les vestiaires, j'attendis qu'il se vide un peu en profitant de l'air rafraîchissant.

- C'est un katana que tu as là ?

J'ai demandé ça par pur curiosité, ça me donnait également l'occasion de faire la conversation. Elle hocha la tête avec un air fier, il n'y avait plus grand monde sur le terrain, sans doute que les filles étaient déjà en train de se recoiffer ou de faire je ne savais quel truc de fille.

- Je peux le voir ?

Saphir saisit la garde et tira délicatement la lame, effectivement elle semblait bien mieux maîtriser sa propre arme. Cela expliquait aussi tous ces faux pas au couteau pendant l'entraînement, elle essayait d'adapter ses connaissances à une lame plus petite. Les mouvements qu'elle avait fait étaient plus adaptés à un combat avec une lame longue plutôt qu'avec une petite dague. Je n'avais jamais vu un katana d'aussi près, il était plutôt simple, une garde en bois vernis et une lame fine au tranchant aiguisée comme une lame de rasoir. Le soleil se reflétait sur la lame dépourvue de la moindre rayure ni la moindre fissure. Il n'avait pas de décoration particulière, ni de gravures sur la lame, il était d'une sobriété qui le rendait beau et d'une simplicité qui le rendait unique.

- Tu m'as vraiment surpris ce matin, j'ai bien cru que tu allais réussir à tuer Koro, dis-je avec une sincère admiration.

Elle sourit en rangeant son bien dans son fourreau. Elle baissa un peu la tête, mais je jurerai l'avoir vu rougir pendant une petite seconde.

- Eh Nagisa, viens te changer ! Et dépêche toi, je crois que Nakamura fouille tes affaires !

La voix de Karma m'interpella depuis l'entrée de la remise qui nous servait de vestiaire.

- Arrrrh mais c'est pas vrai, mais qu'est-ce qu'elle a avec mes affaires ?

- Sans doute qu'elle essaye de savoir si tu es une fille ou un mec ~

- Mais arrêtez un peu avec ça...

Le sourire de Saphir grandit encore, sans doute qu'elle se retenait de rire par pure politesse. Karma avait bien raison de m'appeler, les cours étaient terminés pour la journée et j'avais hâte de quitter l'école. Je m'excusais auprès d'elle mais il était temps de remettre l'uniforme scolaire. Je suis aller me changer en vitesse pour ne pas rater mon bus, puis je suis ressorti avec mes affaires. Saphir était encore là, appuyée contre le mur, à regarder le paysage. Elle devait sans doute attendre quelqu'un.

- Si c'est Karma que tu cherches, il est déjà parti.

Elle tourna la tête vers moi comme si elle ne m'avait pas entendu arriver. Je glissais la main dans ma poche pour attraper un ticket de bus et mes doigts se refermèrent sur mon petit carnet. Je le sortis et lui tendis.

- Oh, j'y pense il fait que je te montre quelque chose. Dans ce carnet, j'ai noté les point faible de Koro-Sensei qu'on a trouvé depuis le début de l'année. Il n'y en a pas beaucoup, mais c'est tout ce qu'on a pour le moment. Je te le prête, tu me le rendra demain.

Elle me gratifia d'un sourire, puis je repensais à la remarque de Karma ce midi. « C'était comme parler à un mur, elle n'a rien dit du tout. » Effectivement, elle n'avait rien dit de la journée, en tout cas pas à nous, elle n'avait pas non plus participer en cours. Okuda aussi était très discrète et ne parlait pas beaucoup, sa timidité en était la cause principale, mais le cas de Saphir était différent, elle n'hésitait pas à traîner avec des gens, à essayer de se faire des amis, elle semblait déjà un peu plus sociable qu'Okuda. Mais elle restait assez étrange, c'était comme si.... comme si elle était muette. Elle ne communiquait qu'avec des sourires, des silences et des gestes. Or si elle était vraiment muette, elle utiliserait le langage des signes. Plus j'y pense et moins ça n'a de sens...

Mon téléphone vibra dans ma poche, mince j'étais déjà en retard ! Je la saluais et descendis les marches qui descendaient jusqu'au bâtiments principale. Je lui avais laissé mon carnet pour peut-être lui donner des idées de projet d'assassinat. On sait jamais, son silence et sa discrétion pourrait être un atout pour le meurtre de notre professeur.

La Silencieuse 💎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant