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Classe de 3-E

PDV Karma

Il y avait un silence de mort dans la classe depuis que la nouvelle avait attaqué Koro. Le poulpe était à son bureau, il affichait son sourire habituel qui le donnait envie d'écraser sa grosse tête chauve contre un mur. Il commença à nous faire cours en remuant innocemment ses tentacules dégoûtantes comme si elle n'avait jamais été sectionnée par la petite nouvelle. Sa place était juste à côté de la mienne, j'avais tout le temps des cours pour apprendre à la connaître et pour discuter avec elle, ce qui me vaudrait sans doute un interrogatoire de Maehara et son groupe de pervers. 

Le cours de japonais d'aujourd'hui ne m'a pas particulièrement intéressé, il était toujours dans son délire d'écrire des poèmes avec le mot tentacule. Je n'y voyais aucun intérêt, mais j'aurais volontiers composé un haïku disant que je mangerai ses tentacules frites avec du wasabi mais je doutais fortement qu'il soit comestible. À côté de moi, la nouvelle écoutait attentivement le bla-bla du prof en prenant des notes, il y avait aussi quelques petits dessins sur le bord de son cahier, quelques petites arabesques faites au stylo, ainsi mini poulpes dessinés au crayon de papier.

Koro déambula entre les tables pour nous donner de nouvelles feuilles de cours, quelques uns ont tenté de lui glissé un petit coup de couteau discret mais tous avaient encore en tête la nouvelle qui s'était donné en spectacle quelques instants plus tôt. Elle avait l'air douée, aucun doute qu'elle allait être une rivale sérieuse pour le meurtre de Koro, mais peu importe comment elle voudra s'y prendre, je le tuerais de mes propres mains !

Et en parlant de lui, le voilà qui s'approche vers nous. Et quand il arriva devant nos tables, elle brandit son couteau et essaya à nouveau de s'en prendre au prof. Il dut se résoudre à nous donner une copie à Mach 20 puisqu'il lui était impossible d'approcher la petite sauvage sans risquer de perdre une tentacule.

- J'apprécie ton enthousiasme et ta volonté de me tuer, mais n'oublie pas que tes études restent ta priorité. Obtenir ton diplôme est aussi une de missions, et elle est encore plus importante que me tuer. Mais ce serait bien de me tuer avant le mois de mars, car si la terre explose, ton diplôme ne te sera d'aucune utilité ~

Il lui sourit depuis l'autre bout de la classe, je tournais la tête vers la nouvelle. Elle baissa la tête, honteuse de se faire réprimander par son professeur. Elle tapotait nerveusement sur sa table et jouait avec son stylo en regardant dans le vide pendant un bref instant.

- Détends-toi un peu, lui dis-je en lui donnant un petit coup de coude. T'as encore toute l'année devant toi pour lui faire la peau. Et pour un meurtre, c'est plus intéressant de faire durer le plaisir.

Elle regarda son couteau d'un air confus, puis elle le rangea donc sac.

- Alors, tu t'appelles comment ?

- ......

Elle ne répondit pas. Merci pour le vent, j'apprécie.... Elle me jeta un regard détaché avant de se concentrer sur Koro-Sensei qui faisait tranquillement son cours en naviguant dans les rangées en restant éloigné du dernier rang. Il y avait sur la couverture de son cahier une étiquette avec son nom écrit dessus à l'encre rouge, l'autocollant disait « Saphir Houseki, 3-E ». Saphir... quel nom peu commun au Japon. Saphir se replongea dans son travail, son écriture était maladroite comme si elle n'avait pas l'habitude de composer. Vu la maîtrise qu'elle avait de sa lame, elle devait plus être une femme d'action qu'une femme de lettres. Mouais, chacun son truc, comme on dit.

J'avais tenté plusieurs autres prises de contacts dans la journée, et à chaque fois la petite sauvage m'a recalé et m'a laissé sans réponse. Je crois même que ça l'a énervée puisqu'elle a décidé de décaler sa table de la mienne en guise de « ferme ta gueule ».

- Comme tu voudras, mais ne vient pas chialer si tu as besoin de mon aide, dis-je en croisant les bras.

Elle semblait assez timide et réservée. Elle me faisait penser à un mini ninja, elle était habillée en noir, sage, obéissante, concentrée, silencieuse et toujours armée. Mais sa discrétion semblait cachée une personnalité qui pourrait être intéressante, et ses capacités au couteau l'étaient tout autant. Soit c'est une folle ou une sauvage, soit elle prend un peu trop au sérieux la mission que le ministère de la Défense nous a donnée. Mais je sens que dans les deux cas, on va bien se marrer ~

———

Quand la pause du midi fut venue, Koro s'éclipsa pour aller manger un burrito au Mexique, et la classe bougea les tables pour manger entre amis. Je suis allé rejoindre Nagisa qui mangeait son bento dehors avec Kayano et Nakamura. Je m'assis dans l'herbe avec eux et dégustais mes onigiris.

- Alors ? Elle est sympa la nouvelle, demanda la planche à pain.

- Aucune idée. 

- Comment ça aucune idée ? T'as fait que lui parler pendant tout le cours, et d'ailleurs t'es pas discret, je t'entendais chuchoter depuis le premier rang, se plaignit la blonde.

- C'était comme parler à un mur, elle n'a rien dit du tout, même Karasuma est plus bavard qu'elle.

- T'es peut-être pas son type de mec, hasarda Rio.

Bah vas-y, dis que je suis moche aussi ...

- Ou alors elle voulait juste suivre le cours, conclua Nagisa avec sa petite tête de fillette innocente.

- Sérieux, il y a vraiment des gens qui écoutent les profs ?

J'entamais mon troisième onigiri en observant ce qui se passait un peu plus loin. Saphir regardait les affiches des clubs qui étaient collés sur le mur dans le hall. Elles n'étaient là que pour nous narguer et nous foutre la haine, la classe End n'avait pas le droit de faire partie d'un club ni de participer à aucune autre distraction, sauf exception pour la fête de l'école en fin d'année. Ma silencieuse voisine de table se fit aborder par Fuwa, la déléguée et quelques autres curieuses. Les discussions de filles où ça parle de garçons et de paillettes, très peu pour moi ! Je tournais la tête vers une autre direction, Maehara et Okajima étaient dans leur coin tout en restant près des filles, aucun doute que l'un des deux allait tenter de draguer la petite sauvage d'ici la fin de la journée. J'étais déjà près à parier 100 yens qu'ils allaient se prendre un vent !

Ah ah ah, je leur souhaite bon courage !

La Silencieuse 💎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant