La Silencieuse 💎

13.

PDV Saphir 

L'abandon était encore une fois présent dans ma vie. Après chacun des membres de ma communauté qui sont morts les uns après les autres, m'abandonnant dans ce monde de solitude et de violence, voilà que mon premier ami de ma nouvelle vie me tournait le dos. J'avais laissé Ngaisa me réconforter, j'étais bien trop occupée à réfléchir à toutes ces questions qui tournaient dans ma tête pour l'écouter, quand bien même il aurait quelque chose à dire. Est-ce que c'était une bonne chose de s'éloigner de Karma ? Est-ce c'était un choix judicieux de se rapprocher d'Asano ? Est-ce que mes professeurs avaient le même avis concernant les autres classes ? Je trouvais que c'était bien dommage de ne plus être amis avec Karma, on avait partagé quelques bons moments mais si ça c'est passé ainsi, c'était sûrement parce quelqu'un ou quelque chose pensait que les choses seraient mieux ainsi. Asano n'avait pas particulièrement été très agréable lors de notre première rencontre, mais nous étions parvenu à passé outre ce moment désagréable pour nous deux, nous nous entendions plutôt bien malgré ce malentendu. On se retrouvait et on discutait un peu le soir après les cours, j'avais le sentiment qu'il avait pleins de choses à m'apprendre. J'espérais que notre amitié allait durer, mais ni lui ni aucun de mes camarades de classe ne pourrait remplacer mes amis de l'île. 

J'en venais aussi à me demander quel serait la réaction de Karasuma Sensei vis à vis de la décision que j'avais pris de parler à mon père. Ils étaient assez semblable tout les deux, calmes réfléchis, assez réservés dans le sens où il ne montrait assez peu leurs émotions. J'avais fini par comprendre que le masque neutre de mon professeur était fait pour placer une certaine distance entre lui et ses élèves, pour garder une certaine vie privée. Le masque impassible de mon père n'était là que pour garder un contrôle sur lui-même, pour ne pas céder et maintenir cette carapace qui l'avait protégé de tout ce qu'on avait vécu en quelques années sur l'île. Cette froideur impénétrable qui le caractérisait s'effaçait quand il n'y avait que lui et moi, dans l'intimité de notre modeste maison. Il était plus tendre. Et j'espérais que Karasuma soit assez clément dans la punition qu'il allait me donner sans aucun doute. Mai j'avais déjà assez à faire à cause de Karma qui en avait rajouté une couche. 

A cause de lui je me retrouvais avec des problèmes... Il m'avait plusieurs fois répété que je devais me méfier des 3-A, mais visiblement il était aussi indigne de confiance que ces gens qu'il calomniait en permanence. J'avais donc pris mes distances, je m'étais donc rapprochée de Terasaka qui se trouvait à ma droite, laissant environ la place de mettre une autre table entre la mienne et celle de la Tomate. Je n'avais pas vraiment écouté pendant le cours d'anglais, Irina-Sensei semblait plutôt de mauvais humeur en voyant que je n'étais pas très attentive, lors de son dernier cours, je n'avais pas vraiment été l'élève idéale. Je n'étais pas d'humeur à écouter son cours, je faisais néanmoins le nécessaire pour ne pas être perdue, mais ces efforts étaient vains, ils étudiaient cette langue depuis plusieurs années déjà, alors que j'avais découvert ce langage il y avait seulement un mois. Je me tenais droite, et faisais de mon mieux pour me concentrer pour comprendre mais mes pensées déviaient sans cesses vers ces questions qui m'empêchaient de me focaliser sur des choses plus importantes, à un tel point que la fin du cours arriva sans  que je ne m'en aperçoive. L'heure était désormais à l'amusement et au divertissement de la récréation. Seulement, pas pour moi. Je rangeais mes affaires et me dirigeais vers la salle des professeurs, Karasuma Sensei avait demandé à me voir suite à ce qui s'était passé avant les cours. Nagisa me jette quelques regards inquiets, je lui avais confié quelque chose de précieux : la confiance. Mais il n'avait en lui qu'une partie de mon secret. Il était fort probable qu'il me pose des questions auxquelles je n'avais pas vraiment envie de répondre. J'ai esquivé tous mes camarades qui se mettaient en travers de ma route, je n'avais pas le temps de discuter. Je frappais à la porte avec appréhension avant d'entrer. Koro-Sensei corrigeait nos contrôles de japonais avec sa vitesse impressionnante, il était si rapide que je jurerais avoir vu la pointe de son crayon faire de la fumée à cause des frottements rapides avec le papier. Mon professeur de sport, lui, pianotait sur les touches de ce machin que les gens appelaient un ordinateur, je n'arrivais toujours pas à comprendre comment ces trucs fonctionnaient, vraiment j'avais encore beaucoup de mal à m'habituer à ma nouvelle vie.