Plusieurs mois, puis années, s'étaient écoulés depuis l'accident de Daphné. Le corbeau, lui, était revenu tous les après midi, jouer avec Guillaume. Même si Maman l'avait chassé plusieurs fois, il était toujours là, revenu voir Guillaume évoluer. Il se trouvait que cet oiseau était un oisillon, lui aussi, et avait donc bien grandit et grossit. On ne savait s'il portait un véritable attachement au petit humain, mais il restait avec lui le plus souvent possible. Guillaume avait trois ans maintenant. Il parlait normalement marchait comme tout enfant à son âge, mais faisait preuve d'un expressivité sans faille, la timidité le rongeait, mais il ne le savait pas encore car il n'avait fait preuve d'aucune expérience sociale convaincante. Il avait de longs cheveux blonds raides coupés au carré par sa grande soeur en vitesse et de grands yeux bleus, noyés d'insouciance. Il était chétif comme tous ses frères et soeurs et ne se démarquait pas de ceux ci, à la seule différence de son silence.
Malheureusement, arriva le fatidique jour de la rentrée en maternelle. Il ne pouvait pas être indéfiniment à la maison rêvant de voir à travers les bâtiments en face de chez lui, ou derrières les arbres qui dépassait de la fenêtre. Guillaume sortit donc pour la deuxième fois de chez lui de toute sa courte existante, pour aller à l'école. La dernière sortie de Guillaume remontait à une visite chez le médecin, sinon Maman ne le laissait pas sortir. Maintenant qu'il allait enfin aller dans un endroit avec des enfants de son âge, il ne savait pas s'il devait être heureux ou triste. Exceptionnellement, il eu le droit de tenir la main de Maman, qu'il serrait fortement. Maman se retenait de le gronder à cause de la moiteur qu'il dégageait. Ils étaient tous deux arrivés, Guillaume ne voulait pas lâcher Maman. Il avait trop peur pour oser aller dans cet immense endroit bruyant plein de petite personne. Maman se retira sèchement et partie sans dire au revoir à Guillaume apeuré. Elle n'avait visiblement pas envie d'assister à la réunion d'information des classes de maternelles.
Une dame dit à Guillaume de la suivre, elle avait l'air gentille et souriait de toutes ses belles dents. Peut-être était-ce ça un maman. On colla des grosses étiquettes sur les habits de Guillaume. On le mit dans une classe avec pleins d'autres petits, qui parlaient et chahutaient dans tous les sens. La dame demanda avec bienveillance le silence, et, obéissant à cet âge, se turent. Guillaume était assis à côté d'une fille avec des tresses noires, il avait tardé à s'asseoir et n'avait pas trouvé de place disponible avec un garçon. La grande table de quatre n'était d'ailleurs, composée que de fille. Mais ce n'est pas grave, à son âge on ne fait pas encore cette distinction garçon fille, que font malheureusement les professeurs et les parents. Il n'osa pas lui adresser la parole, de peur de se faire réprimander. L'habitude des colères de Maman, lui faisait craindre le même comportement sur sa douce maîtresse. Mais il ne pouvait pas savoir que tous les adultes n'étaient pas les mêmes.
La maîtresse leur distribua une feuille, et leur dit de dessiner un petit bonhomme. Guillaume n'avait jamais tenu un crayon gras, un crayon tout court, et ne savait pas faire ce que demandait la dame. Il prit peur et se mit à pleurer. Il ne comprenait pas. Et ça lui faisait peur. Il pleurait, tout doucettement, et silencieusement, si bien que l'institutrice mit du temps à le remarquer. La maîtresse lui demanda alors inquiète:
-Qu'il y a-t-il Guillaume?
-Je...je...je sais pas faire! Pleura-t-il plus fort.
La maitresse était interloqué, tout parent responsable avait laissé son enfant jouer avec des crayons ou des feutres pour les amuser, quitte à salir les murs de sa maison. Mais voilà Maman n'était pas responsable. Donc il ne savait pas dessiner. La maitresse susurra doucement pour l'apaiser:
-Ce n'est pas grave voyons, tu es là pour apprendre. On ne sait pas tous faire des choses. Je suis sûr que plein d'autre de tes petits camarades ne savent pas faire non plus. Tiens, tu prends le crayon comme ça, tu le poses sur la feuille et ça trace presque tout seul. C'est magique, finit-elle par dire enthousiasme.

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Guillaume
Fiksyen RemajaGuillaume n'est ni gentil, ni méchant, il est lui. Il n'est pas l'enfant dont un parent rêve, mais pas non plus un vilain garnement. Guillaume est un enfant. Guillaume est innocent. Tout le monde trouve Guillaume un peu bizarre. Pour vous, Guillaume...